Entretien avec HO99O9 : « On cherche toujours à semer la confusion »

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À l’occasion de leur prestation « pluvieuse » lors du dernier Hellfest, nous avons la chance d’échanger avec TheOGM et Eaddy, les deux maîtres à penser de l’entité subversive et imprévisible dénommée HO99O9. L’occasion de découvrir deux passionnés, fous de musique…

Je pense que c’est votre deuxième fois ici ? Comment s’est passé votre show à part la pluie ?

Eaddy : C’était cool. Je ne pense pas que nous ayons déjà joué alors qu’il pleuvait. Hormis ça, les gens étaient présents. Ils sont restés tout du long alors qu’ils auraient pu aller s’abriter… C’était cool. 

TheOGM : Oui c’était très bien.

Votre dernier album « SKIN » est sorti l’année dernière, comment a-t-il été reçu ? Comment le ressentez-vous aujourd’hui ?

The OGM : Super bien, on était venu chercher les gens, on avait vraiment décollé avec « The United States Of Horror ». Et puis tu sais, tu ne peux jamais savoir à quoi t’attendre de notre part. On fait ce genre d’album. On adore faire ce genre d’album…

Eaddy : L’album a été bien reçu, je pense que pour nos fans c’était un peu comme…  Ils ont adoré ça c’est sûr, mais au début ils étaient un peu perturbés on va dire. Les gens ont peut-être été un peu confus, mais encore une fois, c’est ce que nous voulons faire, on cherche toujours à semer la confusion et à changer les choses et à ne pas nous en tenir à ça. On a bossé avec Travis Barker ( BLINK 182 ), évidemment on aurait pu bosser avec n’importe qui d’autre, un producteur de metal, comme un producteur de rap…

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TheOGM : Mais nous ne sommes pas non plus aller vers lui avec l’idée de faire des tubes ou d’avoir du succès. En fait, on voulait juste faire notre truc et ce gars-là comprend la musique. Quand nous sommes entrés en studio, on pensait que ce type ne faisait que de la musique « pop », et qu’il ne savait faire que ça. Mais quand nous avons entendu certains des projets sur lesquels il travaillait, nous nous sommes dit « woh », il aime vraiment toutes sortes de musique, il pige tout ! Il comprend tout, il s’agissait donc pour nous juste de créer véritablement, de s’amuser et d’espérer réfléchir à la façon de le faire correctement.

Votre style est assez indéfinissable. Avez-vous envie d’aller encore plus loin, d’explorer et d’évoluer davantage ? Quel est le but ?

TheOGM : Je pense que mon objectif est d’écrire quelque chose de vraiment heavy et mélodique pour créer quelque chose de vraiment « émotionnel ». Le gens nous connaissent évidemment aussi pour être politiquement engagés, et je veux continuer à leur donner ça. Mais, je veux faire quelque chose qui va vraiment affecter leurs émotions parce que j’aime faire ressentir des choses aux gens, et j’ai envie de tendre vers ça. Ça doit venir de là, je pense que ce serait cool pour nous de faire quelque chose comme ça. Tu sais quand je pense à un groupe comme SLIPKNOT, un groupe qui est très heavy dans son image et tellement émotionnel dans sa musique. Quand tu prends « Duality », ou d’autres titres, c’est vraiment fort, c’est vraiment exigent et ce serait cool d’atteindre ce niveau. C’est un défi pour nous de faire quelque chose que tous les groupes ne font pas, nous voulons le relever, à notre manière…

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Oui, j’ai bien compris que vous ne vouliez pas être SLIPKNOT…

TheOGM : Non ! En effet, il s’agit de se trouver, de se défier, qu’il me challenge, que je le challenge, en permanence, et de trouver ce que nous sommes dans HO99O9.

Eaddy : En fait, nous recherchons l’émotion pure. Je me souviens avoir écouté « My Angel » de MASSIVE ATTACK, la première chanson de « Mezzanine » et c’est tellement précieux, beau et « pop ». Ça glisse lentement, et puis une fois que le refrain arrive avec la guitare, ça devient heavy et puis ça revient directement à la beauté, puis le refrain revient et c’est de nouveau lourd, tu vois, il y a tellement d’émotion là-dedans.

TheOGM : On recherche ce genre de moment, ce genre de « montagnes russes ». Je pense que le défi est de pouvoir créer quelque chose d’aussi puissant, un truc aussi émotionnel que ça.

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Vous avez collaboré avec des gars comme Travis Barker ou Corey Taylor, les gens en parle pas mal, est-ce que ça a changé quelque chose pour vous et votre musique ? 

Eaddy : Les gens l’ont plutôt regardé comme : « Putain, ces deux-là font collaborent sur des titres ». Je pense que les gens étaient curieux de voir et d’entendre ce que Taylor de SLIPKNOT et HO99O9, étant qui nous sommes, c’est à dire totalement imprévisibles, allaient faire, ça les a attiré et un peu rapproché de nous, mais c’est tout.

TheOGM : Eh bien, je veux dire, pour Taylor : comprendre et entendre, juste être ouvert à la musique et fan du groupe, c’est déjà super cool. Alors pour nous, collaborer avec lui est quelque chose de fou. C’est juste fou, il nous a accueilli à bras ouverts et a délivré une super prestation. C’est énorme.

Pour aller plus loin, avec qui rêveriez-vous de collaborer ?

Eaddy : Je dirais Tyler The Creator. ll a une super oreille. Je dirais aussi Pharrell Williams et Trent Reznor. Ce sont les trois premiers qui me viennent. Ces trois-là dans la même pièce, travailler ensemble en même temps, c’est juste fou de l’imaginer.

TheOGM acquiesce.

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Quand vous composez, qu’est-ce qui vient en premier, les paroles ou la musique ?

Ensemble : La musique.

TheOGM : Absolument, j’ai parfois une idée de texte, quelque chose. Nous écrivons les titres des morceaux, quelques lignes, des idées, mais je pense que c’est plus la musique, c’est la musique qui nous parle. Nous la créons avant, nous passons beaucoup de temps à l’assembler, à la mettre ensemble et une fois que c’est fait et que nous l’écoutons, on sait quoi écrire par dessus.

Eaddy : Ouais ! Après, les paroles s’ajustent, elles sont parfaites.

Et vous composez ensemble ou l’un apporte à l’autre et vous vous challengez ?

Eaddy : Dans les deux sens, nous allons en studio, nous y travaillons ensemble, et parfois nous travaillons séparément. Parfois je bosse sur un truc, j’ai une idée et je lui dis : « faut que tu écoutes ça », il écoute, il réagit et inversement. C’est bien, c’est sain, c’est important de garder un processus de création totalement libre.

Il vous aura fallu 5 ans pour sortir « SKIN », allez-vous mettre encore 5 ans pour sortir quelque chose ou avez-vous déjà de nouvelles productions à partager ?

TheOGM : Bien sûr. Tous les jours on bosse. Nous avons des trucs puissants déjà prêts. Chaque fois que vous sortez un album, vous devez toujours avoir un autre projet en route ou déjà prêt, même si cela ne va pas sortir tout de suite. Et quand il sort, vous avez déjà autre chose en tête. Tu joues en live et tu bosses sur la suite. Tu dois rester concentré, on crée par morceau, on compose des bouts et après on remet tout dans l’ordre.

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Donc rien de nouveau pour l’instant ?

TheOGM : On a envie de sortir quelque chose bientôt mais je ne sais pas quand. Tu sais, c’est l’été, c’est la période des festivals, on joue et on voyage beaucoup. On est concentré là-dessus. Tu sais, on aime autant créer que jouer en live et je veux que les gens entendent ce nouveau son donc… Bientôt !

Vous partez aujourd’hui ? Vous allez pouvoir profiter et allez voir des groupes aujourd’hui ?

Eaddy : Non, on ne repart que demain. On aimerait bien voir TENACIOUS D. et SLIPKNOT. Tu sais, nous n’avons pas vraiment eu le temps pour le moment, nous sommes arrivés ce matin et nous nous préparions à jouer, on a mangé et on a commencé les interviews… Nous partons à Londres demain parce que nous jouons à Glastonbury. Tout va très vite…

Un dernier mot ?

Eaddy : Merci beaucoup à tous. Continuez à nous écouter, à nous encourager, à nous donner de l’amour. More to come !

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