Un vent s’élève, fait bruisser les maigres branches des pins solitaires. Planète perdue, vouée à l’isolement et à l’oubli. Des gémissements grinçants, la vie s’endort dans sa suspension atomique, tristes gardiens anachorètes d’un monde à l’agonie. Partout des volcans de glace et des banquises de feu, la mort ponctionne subtilement, morcelle la planète, la fait craqueler lentement.
Sur un rameau desséché, d’abord un soupir, un murmure, le battement d’une aile, trois doigts qui s’agrippent à l’écorce suprême.
Le Zéphyr rugit à présent et fait chavirer le monde – un incendie glacial s’abat. Fini les gazouillis, les soupirs et les murmures, l’être philomèle tranche le fluide pascal d’un cri strident – Fort, ramage puissant, presque effrayant.
L’espoir le brûle, le consume de l’intérieur. Garder le monde à flot, ne pas sombrer. Plus fort encore, un hurlement qui allume le feu intérieur, qui déforme le continuum, qui expulse cet espoir dans une quête infinie de paix, de vie, dans un irrémédiable besoin de l’autre, des autres, qui pousse à faire reculer la fin, toujours plus loin, toujours plus fort. Un cri.
