Sur les terrasses, le soir. L’air chaud du sirocco, les parfums suaves, citronnelle, dattes et fleur d’oranger. Sur les terrasses, jonchées de tapis et de caftans, le bras lâche, balancier – posture lascive, pensées frivoles.
Le soir, orangé, la peau sucrée, entre mes doigts de long cheveux noirs, cascade sombre qui dévale un bastion de chair tendre. Ma main flirte avec des arilles rouge vif, avec les irrégularités des nombreux agrumes fragrants et colorés – petites planètes succulentes et boursoufflées que je me garde bien d’écraser.
Le soir, dans le soleil couchant, nous ressemblons à des colosses antiques à la pose hiératique, musardant, lézardés – eau de rose et orients rêvés. Sur cette terrasse, je me souviens des quelques mots échangés, des regards singuliers, des beautés furtives, des étoffes aériennes et de cette douceur melliflue – cette respiration lente, belle et inutile. Sur les dunes arides, le feu du désert s’amenuise, s’éteint, alors qu’hurlent au loin les rouleurs de pierre et les tonneaux percés.
Sur les terrasses, le soir, il se passe des choses, de toutes petites choses, qui laissent en moi une empreinte indélébile, celle d’une paresse élevée au rang de sagesse – ode aux oiseaux ocieux dont les ailes qui battent, futiles, peinent à couvrir les discrets pépiements.
