[ BEST OF ] Notre TOP albums 2023 !

L’époque est aux bilans, aux classements, et même si on n’est pas forcément à l’aise avec cet exercice, on s’y prête tous, plus ou moins. Comme un dernier assaut jeté à 2023, on a choisi de scruter ce temps révolu avec une certaine nostalgie, on s’y est plongé et replongé, avec plus ou moins de plaisir.

Nous ne sommes pas pour les prix, il n’y a pas de meilleurs, de vainqueurs, il y a peut-être des tendances, des coups de coeur, et des chef-d’-oeuvres mais tout est bon à prendre et à décortiquer si on a un tant soit peu l’envie, la passion. 

Cette année, nous avons donc classé 30 albums dans l’ordre alphabétique, des albums que l’on a beaucoup écouté, poncé pour la plupart, des albums qui nous ont accompagné dans les rires, les pleurs, les attentes interminables sur le quai d’une gare, parfois juste quelques heures mais qui nous ont donné du plaisir, nous ont surpris ou ont rendu ce monde un tout petit peu plus supportable. Une fois de plus c’est en toute subjectivité que nous vous offrons nos avis, n’en tient qu’à vous de les partager ou d’ouvrir le débat, car on doit bien avouer que la critique bête et méchante, sans désir de réflexion, est elle aussi de plus en plus présente, plus acerbe que jamais et concomitante à une forme d’abolition de la pensée…

On espère donc une meilleure année 2024, une année loin du rejet et de l’ignorance, une année sous des cieux plus cléments… On remercie et on apporte notre soutien à toutes les orga’ qui se battent à l’année, tous les artistes petits ou grands qui nous font vibrer sans discontinuer et tous les gens qui travaillent de près ou de loin à la culture et à sa promotion. À très vite !!

ANACHRONISM – Meanders

Vous n’aviez jamais entendu parler de ces Suisses ? Et depuis janvier 2023 date de sa sortie, toujours pas plus ? Dommage. Un album explosif de death metal d’avant garde…

BARONESS – Stone

Lors de promenades avec son chien au cours des deux dernières années, entouré de canyons et de falaises vertigineuses, John Dyer Baizley a commencé à considérer la pierre, le matériau, solide, source d’inspiration des premiers artistes, travaillée depuis les temps immémoriaux, presque éternelle – une nouvelle métaphore artistique dans laquelle il a choisi de s’engouffrer comme la roue chromatique que lui et BARONESS ont usé jusqu’à la corde pour nommer leurs précédents travaux. Ici, il peut s’identifier à Sisyphe et à son rocher éternel, cherchant à travers son écriture, son stoner truffés de mélodies chatoyantes, des diamants parmi le charbon, tout comme l’oeuvre qu’un artiste produit est là pour toujours, en quelque sorte, comme un monument.

BIG ‡ BRAVE – Nature Morte

La sortie d’un nouvel album de BIG ‡ BRAVE est toujours un petit évènement. En effet, le trio trouve toujours les « bons » mots et les « bonnes » sonorités ( souvent doom et post’, parfois plus doom ) pour exprimer ce que je décrirais comme « l’indicible ». Après sa récente collaboration avec d’autres explorateurs sonores ( THE BODY ), le trio canadien est de retour avec son sixième album brandissant l’absence et la densité comme des armes, et nous projetant les mêmes atmosphères crispantes, les mêmes rythmes voluptueusement apathiques, les mêmes éruptions et ouragans cyclothymiques qu’on lui a connu par le passé… … et qui nous ont fait tant aimer le groupe.

CATTLE DECAPITATION – Terrasite

Quatre ans après l’excellent « Death Atlas » et une pandémie mondiale plus tard, CATTLE DECAPITATION, véritable cassandre de l’apocalypse écologique est toujours dans le vrai et colle à notre réalité. Ses prédictions ( certes un brin hyperboliques ) d’il y a vingt ans comme d’il y a cinq ans sonnent aujourd’hui plus que réelles voire ont dépassé la réalité. 

COBRA SPELL – 666

COBRA SPELL présente ici son tout premier album studio, « 666 », fruit d’un dur labeur, truffé de riffs solides et mordants, de mélodies et de refrains accrocheurs, des tubes en puissance qui nous font nous replonger immédiatement dans ce que les 80’s avaient de meilleur, de plus kitsch, mais le masculinisme et le machisme exacerbé en moins…

CODE ORANGE – The Above

J’ai l’impression qu’il y a toujours cette volonté d’engendrer la stupeur et l’étonnement, cette sensation de coups d’agrafeuse sur les structures et les mélodies qui vient ainsi briser la quiétude apparente. 

CROSSES – Goodnight, God Bless, I Love U, Delete.

 Neuf ans après la sortie de leur premier album éponyme, le duo CROSSES, projet mettant en vedette Chino Moreno de DEFTONES et Shaun Lopez de FAR, tous deux fans autoproclamé de « hitmakers » comme DURAN DURAN et THE CURE, revient ici à ses inspirations électro-pop très marquée 80’s, presque trip-hop par moment tout en restant obscur… Le chant emblématique de Chino Moreno s’accorde si bien au style, portant toutes ses influences aux nues… Magnifique.

DAWN RAY’D – To Know The Light 

Malheureusement, je pense que « To Know The Light » place immédiatement le groupe à la périphérie d’une scène embourbée dans des règles auto-imposées. Car DAWN RAY’D ne brûle pas de Bible, ni de bâtiments soumis à la loi d’un Dieu, il ne s’asperge pas de faux sang, mais il bouscule et ignore les idées préconçues du genre, il n’adhère en rien à ce qu’est le black metal tout en en utilisant ses aspects sonores les plus intéressants et en y injectant sa conscience politique et sociale. Il nous offre simplement des pensées de libérations, des chants de rancune et quelques maigres actes d’espoir, une manière de voir le monde tel qu’il est avec ses contradictions, ses luttes, et sa cruauté systémique. Et en ces jours sombres pour nos démocraties, je dois avouer que ça fait un bien fou.

DØDHEIMSGARD – Black Media Current

Explorateur puis pionnier d’un style en constante expansion, DØDHEIMSGARD a acquis une réputation qui désormais le précède. Au fur et à mesure, sa musique est devenue plus atmosphérique et plus complexe, sorte de monstre éclectique dont la maîtrise des ambiances et des textures déconcerte autant qu’elle émerveille. Avec ce nouvel et sixième album, « Black Media Current », sa rébellion continue de ne pas se contenter de reproduire, de se complaire avec ses pairs…

DOPELORD – Songs For Satan

D’abord des oiseaux de nuit, une forêt, puis un sorcier sous xanax, des guitares lentes et grasses, et une voix vibrantes à la Ozzy… ce « Songs For Satan » nous plonge dans le Sabbath à coups de mélodies entraînantes, chassant les spectres pour allumer un feu chaleureux et nous conter ses histoires frissonnantes. Loin de l’extraordinaire, de l’hallucinant, DOPELORD nous enrobe ici d’une gangue soyeuse, nous amène à contempler, à prendre le temps d’apprécier la tristesse, la désuétude, à se complaire dans la mélancolie et le malin…

DYING FETUS – Make Them Beg For Death

Il y a peu de constantes dans la vie, on l’apprend à nos dépends un peu plus chaque jour, mais une qui chose reste ferme et impénétrable, c’est un nouvel album de DYING FETUS ( changez D.F. par CANNIBAL CORPSE, ça marche aussi ! ). De retour avec la suite du bien intitulé « Wrong One To Fuck With » ( 2017 ), ce neuvième album est tout à fait ce à quoi on s’attend : 41 minutes d’une musique sans concession, délivrant ce mélange caractéristique de brutal death impitoyable et de hardcore musculeux – à la fois dur et à la fois grind – sans jamais rechaper de vieux territoires. 

FANGE – Privation 

De « Poisse » à « Privation » il y a maintenant tout un monde… Et FANGE s’éloigne de plus en plus de cette brutalité monolithique, de cette étiquette sludge bruyant et salissant, cette étiquette de souillon qu’on lui avait collé à ses débuts pour se tourner vers un style qui lui est propre, quelque chose de différent : un metal industriel où la colère se mêle à la mélancolie et au spleen… Moins immédiat, plus rare car unique.

FROZEN SOUL – Glacial Domination

FROZEN SOUL fait partie d’une vague de groupes texans prouvant que des petites pépites se nichent dans le Lone Star State. Produit par Matt Heafy ( TRIVIUM ), le groupe a le don de proposer des morceaux instantanément efficaces, jouant sur les nuances, se situant à mi-chemin entre la brutalité de la vieille école et l’accessibilité intemporelle. 

GOROD – The Orb

Succédant à « Æthra » paru en 2018, « The Orb » ne peut pas ne pas être cité dans un top album metal 2023. Les bordelais nous montrent inlassablement l’étendue de leur talent en réussissant chaque sortie. Quel incroyable parcours depuis « Neurotripsicks » paru en 2004. 20ans qu’on ne se lasse pas de leur musique si singulière. Un tantinet plus prog, techniquement irréprochable et toujours aussi efficace et accrocheurs,  on a l’impression que la recette qui a fait la renommée de GOROD est intarissable. Mais comment font-ils ? GOROD nous offre même une reprise des DOORS avec « Strange Days ». Immanquable !

GRAVE PLEASURES – Plagueboys

Sur ce nouvel album, GRAVE PLEASURES poursuit le même rêve post-punk humide et pastel où se rencontrent et s’emboîtent aussi bien JOY DIVISION que KILLING JOKE ou BAUHAUS, une sorte de festin pop-goth’ dansant enrichi à l’électro, truffé de synthé’ kitsch et de questions existentielles

HEALTH – Rat Wars

Court et homogène, l’album est sculpté autour des mêmes rythmes puissants mais minimalistes, froids et chaotiques, répétés invariablement jusqu’à nous dévaster, physiquement et mentalement. Un nihilisme sonore écrasant, une froideur ironique…

HEXVESSEL – Polar Veil

 Au fil des titres, le chaudron se remplit d’humeur noire, d’un black metal originel et primitif qui est incorporé au doom rock et à cette folk psychédélique qui font la signature du groupe. L’album dépeint ainsi parfaitement les réflexions solitaires de l’artiste qui entrent en résonance avec son passé, avec son coeur sombre et les frontières floues de son style.

INCANTATION – Unholy Deification

Alors que certains groupes des années 80 sont devenus plus introspectifs ou se sont adoucis au fil des années, INCANTATION ne fait que devenir plus sombre et plus heavy. Bien qu’il y ait des éléments résolument mélodiques sur « Unholy Deification », ils sont tempérés par une technique extrême et par la multiplicité d’éléments « biscornus », exploitant sans nul doute la résurgence psyché’ que le death metal connaît actuellement… Avec douze albums au compteur, INCANTATION continue de jeter les bases sur lesquelles le genre dans son ensemble peut s’appuyer…

IN FLAMES – Foregone

Alors tout le monde ne sera pas d’accord avec la présence de cet album dans ce top, mais personnellement c’est l’album de la réconciliation. Je me dois de le citer parce que je ne croyais plus du tout, mais alors plus du tout, à une telle performance. La concurrence THE HALO EFFECT aura eu du bon, et aura quelque peu ( à mon avis ) contraint IN FLAMES à renouer avec ses premiers amours. Certes nous ne sommes pas non plus retournés à « Lunar Strain » ou « The Jester Race », mais il y a tout de même de bonnes inspirations plus « ancestrales » et une touche de bon gout qui n’est pas sans rappeler « Come Clarity » ( dernier très bon album à mon goût ). A écouter par les déçus d’IN FLAMES, peut-être qu’il vous permettra à vous aussi de repasser un bon moment avec les Suédois.

KATATONIA – Sky Void Of Stars

Loin de répondre à nos questions, « Sky Void Of Stars » ouvre donc une autre voie, s’envole dans un entre deux plus immédiat, moins conciliant, mais dont les ténèbres et les lumières s’équilibrent parfaitement.

KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD – PetroDragonic Apocalypse; or, Dawn of Eternal Night: An Annihilation of Planet Earth and the Beginning of Merciless Damnation

Pour son 24ème album en moins de 13 ans d’existence, KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD voit le groupe s’aventurer sur les territoires sombres et magmatiques du metal, du trash, du heavy… Selon les dires de la bande à McKenzie, « Petrodragonic… » a été enregistré sur la base de jam sessions gigantesques et a été conçu comme une oeuvre traitant de « l’humanité, et la planète Terre, mais aussi les sorcières, les dragons et tout ça ». De quoi continuer sans sourciller de prendre son auditoire à contre-pied… en restant totalement imprévisible !

MUTOID MAN – Mutants

Le super power trio MUTOID MAN a toujours réussi à créer de petits bonbons où l’énergie du punk, la puissance du metal et la gymnastique musicale du rock progressif se mêlaient, s’équilibraient de manière étonnante. « Mutants » suit donc cette courbe facilement tracée enrôlant qui veut dans ses charmes addictifs et imparables. Si il est difficile à classer, « Mutants », on peut au moins dire qu’il est à la fois une explosion passionnante, mémorable, stimulante et unique, et qu’il est donc dur de ne pas le laisser tourner en boucle sur la platine…

MYRKUR – Spine

MYRKUR, dans sa concision, ne fait pas qu’effleurer son sujet, elle crée ici une oeuvre profondément personnelle, une oeuvre transmissible qu’elle semble maîtriser tout en se montrant fragile… 

PERIPHERY- Djent Is Not A Genre

Le djent c’est cette vague un peu « à la mode » il y a quelques qui n’a pas manqué de diviser le public metal. Ce style se trouvant à la lisière des genres a été singularisé par chacun des groupes qui s’en revendiquait. PERIPHERY n’a pas manqué de faire sien ce genre, et en 2023, une année où l’on entend pas forcément parler du djent, cet album au titre moqueur vient montrer à quel point le groupe a ancré son expérience. A écouter en long, en large et en travers !

PREDATOTY VOID – Seven Keys To The Discomfort Of Being

…une chevauchée à cru, râpeuse et abrasive, faite de blasts furieux et de riffs saturés, sorte de death dissonant, crénelé et granuleux qui ne quittera nos tympans que le temps de courts intermèdes aux voix claires noyées de reverb’… 

PUPIL SLICER – Blossom

que l’on veuille y croire ou non, le metal est multiforme et n’est pas pour être rangé dans des genres et copier éternellement les albums de teenagers des 90’s. PUPIL SLICER le prouve, et ne connaît aucune limite de genre avec « Blossom ».

SANGUISUGABOGG – Homicidal Ecstasy

Imprégné de gore et de puanteur, difficilement prononçable voire indescriptible même pour les aficionados du style. Ce nouvel album est le sous-produit strié de fluides d’un groupe qui a pris la route comme un tueur en série, maniaque mais perfectionniste, et n’a jamais regardé en arrière alors qu’il plonge de plus en plus profondément dans une célébration éclaboussante du brutal death le plus classique…

SVALBARD – The Weight Of The Mask

Ce nouvel album marque une nouvelle étape dans la vie artistique de SVALBARD et de sa chanteuse puisqu’elle y ouvre complètement son coeur en abordant sa profonde dépression et l’isolement qui en découle, ce masque qu’elle porte chaque jour pour ne pas sombrer définitivement. 

THE ARMED – Perfect Saviors

Sortie après sortie, THE ARMED se surpasse et se dépasse, étalant son univers où tous les potards sont poussés au max’, où les perspectives sont mouvantes, où rien n’est jamais sûr, où tout est intense.

THY CATAFALQUE – Alföld

« Alföld » poursuit et reflète donc la quête de libération sauvage de son créateur […] comète ardente à la trajectoire saccadée et à la destinée obscure qui vient écraser nos attentes de sa pesanteur extrême…