On l’a attendu, mais tellement attendu cette édition! Je nous revois frémissant au mois de mars 2020, commencer à flipper pour l’édition de juin qui commençait déjà à vaciller. Je revois Ben Barbaud faire des appels du pied au Gouvernement pour savoir si oui ou merde le festival pourrait se tenir. Puis le coup fatidique arriver : pas de Hellfest pour 2020. Déjà qu’un an c’est long, il va falloir en attendre deux ? Non… Ca sera trois ! Et bien ce fut long, mais on l’a fait. Et on peut enfin faire notre tops & flops annuel, let’s go !

Les tops

Soldier Side

Ils n’était pas prévus au programme ! Solder Side a remplacé The Dead Daisies sur la Main Stage, peu de monde connaissait et cette fameuse Main Stage était initialement quelque peu vide… J’imagine qu’avant le show les questions dubitatives devaient fuser : « C’est quoi Soldier Side ? » « Ca sort d’où ce vieux groupe de reprises? » De Toulouse mon ami! Et ôte moi ces mots irrespectueux de ta bouche jeune effronté! Soldier Side c’est un peu une des fiertés locales du Sud-Ouest et des experts du tribute bien décidé à te faire chanter et kiffer quand tu t’y attends le moins. C’est exactement ce qu’il s’est passé au Hellfest, le son de « Chop Suey« , « Toxicity », « ATWA », « Aerials » et autres joyeusetés n’ont pas manqué d’attirer les foules sur la Main II. L’ambiance a enflé à vue d’œil de même que le nombre de personnes présentes, le public s’égosillant de plus en plus nombreux au rythme des hymnes de SOAD. Une sympathique compensation pour ce groupe mythique qui était initialement prévu à la programmation du weekend et qui n’a finalement pas pu être présent. Non cher Bert (le chanteur, ndlr), Soldier Side n’est pas la version « Wish » de SOAD, vous en êtes un digne représentant, un artisan du Tribute, que dis-je le meilleur ouvrier de France en la matière. Soldier Side a tout bonnement enflammé la Main 2, et a reçu des applaudissements chaleureux, comme un remerciement pour ce moment dont au aurait dû être privé au Hellfest. Merci pour ce moment comme dirait Valoche !

Ghost

Le groupe qu’on adore détester, le pêché mignon, la madeleine de Proust les amis! Oui j’ai moi même fait partie des septiques, et oui je fais désormais partie des rangs des fidèles and so what ? J’attendais avec impatience ce qu’allait rendre le nouvel album sur scène, et je ne fus pas déçu! Il a été largement mis à contribution et ses refrains ont systématiquement fait mouche. Le public a adoré, et on ne pourra que regretter que Tobias ait eu une extinction de voix, terminant le concert sur « Dance macabre » et privant par la même le public de 3 titres dont « Square Hammer« … Ouch.  Pour le reste le show était relativement classique en soi, on retrouve les ingrédients auxquels nous avons été habitués : le concours de soli pendant que Tobias va mettre sa 12e tenue de la soirée, les traits d’humour des guitaristes, les confettis… Malgré tout ce concert fut redoutablement agréable, avec des refrains scandés en cœur, une osmose et une harmonie très chouette qui, en dépit des soucis de voix, vient placer le show parmi les tops de cette édition.

Dyscarnate

La raclée qu’on voulait. Soyons clair, on trime toute l’année comme des cons pour précisément venir vivre ce genre de moment : un démontage en règle. Pas de coulure, pas de trace, c’est net, c’est propre, c’est direct, c’est Dyscarnate. Le trio dont le genre pourrait se résumer à « death metal dans ta gueule » a enfin foulé les planches du Hellfest (le groupe s’est formé en 2004, ndlr). Les anglais ont défendu leur 3e album With All Their Might avec l’élégance d’un artilleur, la volupté d’une vierge dans un gang bang, et la douceur d’un bucheron canadien en fin de carrière.

C’était juste beaucoup, beaucoup trop tôt (11h40 ? Seriously ?) et beaucoup, beaucoup trop court (30 min ? Sweet Mary mother of fuck…). Alors soyons très clairs, on reveut Dyscarnate au Hellfest, et on les veut sous une pluie battante à 23h sur cette même scène, prêts à en découdre comme des pitbulls lâchés dans un poulailler. Prepare yourself ! Cordialement.

Monuments

Bon je vous épargne le jeu de mot avec le nom du groupe mais j’ai très très envie de le faire je ne vous le cache pas. Non parce que c’était franchement MONUMENTALE (et merde…)!  Et allez encore des britanniques, comme par hasard. Ils sont chauds bouillants de l’autre côté de la Manche, Waterloo ne leur a pas suffit à ces bougres, ils reviennent en France en 2022 nous mettre des mandales. Des techniciens de l’espace qui manient leur instrument avec une aisance juste incroyable, à l’image de Mike Malyan le batteur qui est simplement ahurissant. Un monstre de technique, et tout sourire il te regarde, met l’ambiance, prend du plaisir. Il ferait un tarot entre potes qu’on ne verrait pas la différence. La concentration c’est pour les faibles. Par ailleurs mention spéciale au nouveau chanteur Andy Cizek. A première vue il ne dégage pas un charisme folichon, et pourtant quelle voix, quelle énergie, quelle occupation de la scène! Et le dernier album « In Stasis » rend excellement bien sur scène. Parfait, rien à redire, revenez quand vous voulez !

Devin Townsend

Alors c’était Devin Townsend « by request« . Et généralement ce petit ajout fait toute la différence, nous avons eu droit à des incontournables de Devin Townsend Project (« Kingdom« , « Failure« , « March of the poozers« , etc.) mais aussi des titres plus inédits, voire carrément inédit (j’ai le souvenir d’un titre que je n’avais jamais entendun j’ignore d’où il sort, je suppose qu’il fait partie des compositions du confinement). Devin Townsend c’est toujours cette même énergie débordante, ce sourire, ce partage, ces remerciements ultra chaleureux au public, ces grimaces mythiques… On a eu tous les ingrédients qui font la particularité et la beauté d’un concert de Devin Townsend. L’Altar n’était pas plus remplie que ça, mais le public présent a clairement pris son pied.

Gojira

Il n’y a rien à faire, si Gojira passe au Hellfest, je ne peux pas faire autrement que les mettre dans mon top.  Leurs shows sont tellement toujours à la hauteur, que ce soit visuellement scéniquement, en terme de son, d’énergie dégagée, d’ambiance… On ne peut jamais être déçu. Alors seule nuance cette fois, la part du lion était dédiée au dernier album Fortitude. Par conséquent si tu n’as pas aimé cet album, tu n’as pas dû passer spécialement un bon moment. Pour ma part j’ai aimé cet album, mais j’ai tout de même eu le sentiment qu’il dégageait moins de puissance que les précédents sur scène, notamment du fait de titres plus ambiants (dont « The Chant » qui a été tant bien que mal chanté par le public). Pour le reste on a eu droit à du lourd, du très lourd : « Love » couplé à la section rythmique de fin de « Remembrance« , « Space time« , « Backbone« , « Flying Whales » (en entier, avec l’intro), « The Gift of guild« … Allez autre petite nuance, la setlist m’a quand même un peu rappelé celle de 2019, je m’attendais à plus de surprises (« Embrace the world » par exemple!). Mais je les pardonne, malgré ces petites nuances j’ai tout de même passé un excellent moment !

Rival Sons

Je ne tarirai jamais d’éloges pour ce groupe qui représente pour moi les musiciens par excellence. La dernière fois ils ont enflammé la Valley, cette fois c’était la Main Stage. Dommage pour les coupure de sons car sinon le show était juste exquis. Mention spéciale pour le titre « Shooting stars » joué uniquement par Jay Buchanan avec sa guitare sèche. Une interprétation absolument somptueuse, tout en justesse, un moment suspendu au Hellfest. Rival Sons est clairement un des plus grands groupes de rock de cette époque, et je ne serai pas étonné que dans 20ans ils soient à la place de nos têtes d’affiche hard rock actuelles (Scorpion, Deep Purple, etc.).

At The Gates

Ils ont beau passer et repasser, nous sortir des setlist très similaires, ils sont toujours acclamés. Il faut dire qu’ils ont bien compris qu’il fallait mettre l’album « Slaughter of the soul » en avant, un peu comme Metallica ne peut pas faire un concert sans jouer une bonne partie du Black Album. En conséquence on a droit à toutes les perles de cet album, et on s’est juste régalé.

The Offspring

La dernière fois qu’ils sont passés au Hellfest, c’était juste une déception incroyable. C’est pas compliqué, je les avais rangés dans mes flops. Ils étaient tellement attendus, nos héros du Collège, quelle déception c’était. Alors cette fois je ne m’attendais à rien, j’y suis allé comme pour leur donner une seconde chance… Et grand bien m’en a pris! La setlist était juste incroyable (« Pretty Fly« , « The kids arent alright« , « Why don’t you get a job« , « Self Esteem« , et j’en passe!), ils avaient une vraie présence sur scène, de l’interaction avec le public, un plaisir à jouer manifeste. Bref, tout ce qu’on a pas eu la dernière fois! Alors comme ils se sont rachetés, je me devais bien de les mettre dans mon top.

Les flops

Deftones

Je les attendais avec une énorme impatience… Et la magie n’a pas opéré. J’étais fatigué? Le son n’était pas assez bon ? La setlist pas à la hauteur ? Le chant pas ou plus à la hauteur du bedonnant Chino Moreno ? Peut-être un mélange de tout cela, mais j’ai trouvé le show mou, sans grande ambiance. Alors oui on a eu des tubes, mais pas forcément ceux que j’attendais. Il faut dire que la discographie de Deftones est tellement vaste… Difficile de satisfaire tout le monde avec 1h15 de concert. Bon c’était pas désagréable non plus hein, mais pas au niveau attendu pour moi. Dommage !

Down

Ce groupe a juste mis des ambiances de dingue au Hellfest. Phil Anselmo ce n’est même plus un habitué, c’est au-delà, il fait partie des meubles, comme l’arbre du Hellfest. Et on est tellement contents de le revoir à chaque fois ce vieux monstre sacré qui a prêté sa voix aux riffs de Dimebag Darrell. Certes le temps et l’alcool ne l’ont pas épargné, mais il a toujours ce grain de voix unique, cette puissance et ce charisme. Accompagné par ses acolytes je m’attendais sincèrement à voir un gros, gros show. J’ai des souvenirs de Main Stage en feu, au son de riffs ultra lourds et d’outros interminablement jouissives. Et puis, flop… Un bâton de dynamite mouillé. Un manque de titres mythiques palpable (après toutes ces années on attendait a minima quelques titres de « Nola » en guise de référence…), une énergie moyenne, et un concert relativement froid avec un manque d’ambiance désespérant. Déçu déçu déçu !

Voilà, que deux flops sur ce premier wkend, on peut en déduire que c’est une bonne cuvée. Bien d’autres concerts ont mérité le détour, n’hésitez pas à donner les vôtres en commentaires !