Il y a une semaine, NAPALM DEATH la légende britannique du Grind Core faisait trembler les murs de la célèbre salle de musique, Victoire 2 à Montpellier. La TAF qui sévit depuis 25 ans sur le territoire héraultais a frappé un grand coup en invitant des pointures du genre à faire une étape locale. Avec la fureur punk hardcore des débuts retrouvée, NAPALM DEATH est aujourd’hui respecté pour une carrière de 35 ans. Une recette dont a hérité les premières parties de cette soirée réussie : MASTER, PRIMITIVE MAN et WORMROT.
Une affluence des grands soirs pour Victoire 2. Habituellement, l’association Tout à Fond (TAF) invite régulièrement les anglais de NAPALM DEATH dans leurs murs de leur Secret Place, située à Saint Jean de Vedas, à quelques minutes du centre ville de Montpellier. Mais ce plateau exceptionnel, elle avait décidé de mettre les petits plats dans les grands, et d’offrir de l’espace à une foule venue prendre sa dose de hardcore d-beat grind.
WORMROT entame la soirée dès 19h30 pour 30 minutes survoltés. Grâce à l’acuité de la TAF, on avait eu la chance de voir ce trio de Singapour en tête d’affiche à la Secret Place en 2023.
Ouverture logique pour un groupe ouvertement influencé par NAPALM DEATH lui-même, les grands patrons de la soirée. Le trio a sorti en 2022, avec « Hiss », probablement un des meilleurs albums du genre, dans une certaine indifférence malheureuse en dehors du microcosme du metal extrême. Les raisons ? Le prodige asiatique du grind aime les compositions qui partent dans tous les sens, surprendre, et jaillir comme un feu d’artifice sombre, dissonant et parfois atmosphérique. Une formule qui fonctionne ce soir et fait tourner la mosh- machine à plein régime dès les premiers rangs.
PRIMITIVE MAN prend la suite, et ne se gêne pas pour nous punir avec le son massif de son blackened sludge/ doom indus le plus lourd qui soit ; on est pris à la gorge et on étouffe devant ce doom des enfers.
L’assistance ne recule pas pour autant devant le trio de Denver – qui assène un set où le temps même se fige devant un son si monolithique. On reste fasciné pendant les 40 minutes ou on tombe en catharsis, selon sa capacité à aimer l’extrémisme de la démarche.
Soyons honnête MASTER tient son statut culte en grande partie par son longévité et son ancienneté. Formé en 1983, avec à sa tête l’inoxydable Paul Speckmann, nous sommes face ce soir à cette légende vivante, bassiste de son état, et croissement réussi du death metal et de Motörhead. MASTER fait vriller le curseur vers un death primitif, avec pour ses parties les plus reconnaissables, un penchant assumé pour le punk lourd. On retrouve aux côtés de Paul, un guitariste et un batteur qui viennent compléter le tableau. Un death metal honnête, sans fioriture – qui nous rappelle notre première rencontre avec ce groupe dans un bar nantais il y a 20 ans, et rien n’a changé d’un iota dans leur formule dissonante.
Viens alors la tant attendue tête d’affiche, NAPALM DEATH.
Barney, son chanteur, nous rassure tout de suite, l’absence de l’emblématique bassiste Shane Embury « n’est pas dû à une maladie mortelle » mais « Shane a besoin de temps »…Entendez là « du repos ». Car pour un autre groupe qui lui aussi a commencé sa carrière au début des années 80, jouer un style comme le metal, demande une énergie certaine. Et Barney avec ses compère a de l’énergie et de la bonne humeur à revendre ce soir à Victoire 2.
« Contagion », extrait de leur dernier album l’excellent « Throw of Joy in The Jaws of Defeatism” réjouit et ravit en live – le son est parfait ( et le pari de la TAF : s’expatrier pour une soir dans une salle plus grande est gagné !). S’il n’y a pas de « The Wolf I Feed » (sur l’album « Utilitarian » à écouter d’urgence) sur la setlist, on l’a dit haut et fort, « Throw of Joy.. » a clairement simplifié l’approche du propos du précédant opus « Apex predator – Easy Meat ».
NAPALM DEATH, ce soir, prouve qu’il est au somment de son art ; 40 ans après ses débuts, avec un dernier album tellement en phase avec son temps, que demander de plus ! On retrouve un Napalm en plein efficacité – où même les parties de chant clair paraissent moins lasser. Quant à John Cooke, le guitariste des sessions live, il tient sa place dans le cœur des fans venus si nombreux ce soir.
Influence majeure depuis ses débuts dans la scène metal extrême, les anglais nous délivrent un set impeccable, nourri de textes anti haine, en faveur des migrants, sur l’acceptation de tous les genres, NAPALM DEATH défend un message depuis des décennies qui reste et demeure d’une actualité brûlante. De plus, il est doté d’un des meilleurs frontman de la scène, dont l’intelligence du discours, son humour et son humilité, le place parmi les êtres humains les plus adorables sur cette planète remplie de chaos.
Cerise sur le gâteau, il fait reprendre en chœur par le public montpellierain ce titre anti fasciste des DEAD KENNEDYS, « Nazi Punk Fuck Off ! » ce qui fait de cette soirée un pur plaisir de l’instant. Et NAPALM DEATH sait nous faire transpirer sans trop de difficultés, ressortant des vieilleries – inscrites au patrimoine des bons souvenirs, extrait de l’épique EP « Resentment is Always Seismic », « The code is red…long live the code » (2005 !), « Instinct of Survival » et le mythique « Suffer The Children ». Un aperçu presque exhaustif d’une longue carrière, presque parfaite, pour une légende vivante, saluée par le peuple du pit ravi.
Remerciement à toute l’équipe de la TAF.
Prochain concert Secret Place ALCONAUT + HARP + SUNBORN – Vendredi 1er mars 2024 /
