Playlist Sound Protest de Juillet – Nina

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Nina était belle. Malheureuse, elle eût peut-être été laide. Nous avons déjà esquissé cette petite figure sombre. Nina était tatouée, pâle et vêtue de noir. Elle avait près de trente ans, on lui en eût donné à peine dix-huit. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre profonde étaient pourtant brûlants, pleins de force et de vie. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de joie habituelle que l’on appelle sourire et ces petits morceaux d’écume séchés, qu’on observe chez les assoiffés, chez les déshydratés. […] Comme elle rigolait toujours, elle avait pris l’habitude de se (re)tenir élégamment de peur d’évacuer trop hâtivement ses transports. […]
Toute sa personne, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre, son regard malicieux, son silence absent, son moindre geste, sa langue qu’elle tirait inlassablement, exprimaient et traduisaient une seule idée : le metal. Le metal était répandu sur elle ; elle en était pour ainsi dire couverte ; le metal ramenait ses coudes sur les zincs, ses hanches sur les hauts tabourets de bar, juchées sur ses talons, bien sous sa jupe, le metal semblait prendre le plus de place possible, il lui offrait tout le souffle nécessaire pour supporter son quotidien, le metal était devenu ce qu’on pourrait appeler son habitude de corps, sans variation possible que d’augmenter. ( Grâce à lui ) Il y avait au fond de sa prunelle un coin étonné où était la confiance, le bonheur…
Librement détourné des Misérables de Victor Hugo.

 

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