Même après un excellent show lors du dernier Hellfest et un nouvel album qui avait su attirer l’attention ( cf. notre chronique ), qui aurait cru que ce passage des Écossais d’ALESTORM à Rennes aurait affiché complet plus d’une semaine avant l’événement ? C’est pourtant bien ce qui est arrivé en ce mardi 10 février à l’Étage. Se délectant sagement des premières parties, ÆTHER REALM et TROLDHAUGEN, le public breton aura su montrer aux « pirates gaéliques », son enthousiasme au-delà de toute espérance !
Lorsque j’arrive sur le parvis du Liberté, de nombreux fans font déjà la queue à l’extérieur. À peine la première bière en main qu’ÆTHER REALM, le premier groupe du jour, entame sa performance devant un public épars mais plutôt motivé. Les musiciens jouent leur meilleur death mélodique malgré un son très en deçà de ce à quoi je m’attendais et un chanteur visiblement à la peine… Dommage car leur énergie se révèle très bonne, très « viking », un peu à l’image de ses albums, le groupe est même plutôt percutant. L’audience, dont une bonne partie ne connait probablement pas ou en tout cas peu la formation, répond activement au répertoire du groupe, notamment au son du « tube » épique et entêtant, « The Chariot ». À noter, le petit moment de rigolade lorsque Chris Bowes, le chanteur d’ALESTORM, vient prêter sa voix sur le titre « King Of Cups », le tout déguisé en tranche de bacon géante. Une chose est sûre : les Américains auront été le groupe le plus sérieux et le plus énervé de la soirée.
Une, deux ou trois pintes ( selon les estomacs ) plus tard, et place à l’OVNI du jour : Les Australiens de TROLDHAUGEN. Une intro cartoonesque et voilà que débaroule sur scène une bande d’hurluberlus à la mine patibulaire vêtus de costumes « sur-brillants », argentés et rétro-futuristes… Humour et musique décalée sont de mises !! Au programme, un capharnaüm maîtrisé fait de sons électro-dance kitschs, de guitares groovy et de vocaux hallucinés, entre un crooner poilu, cris métalliques et envolées lyriques sur-aïgues. Le groupe affiche une bonne humeur et une bonhommie qui laisse le public amusé et plutôt pantois devant ce déferlement de délires en tout genre. Un spectacle vraiment détonnant et disons, rafraichissant ! Quatre zouaves jouant une musique inénarrable aux confins du disco, du rock, de la funk, de la dance et d’un petit peu de métal : le « Crab Slab Core » ! À découvrir d’urgence !
22h et des bananes et ça y est : l’Étage est chaud, moite et bondé !! Et tel le pont d’un navire en pleine tempête, le plancher de la salle s’apprête vibrer au son d’ALESTORM pendant pas moins d’1h30. D’emblée, nos charmants pourvoyeur d’hymnes à boire ont choisi de solliciter le public à grands coups de « Yo oh oh! » et de « Hey! Hey! Hey! » avec « Keelhauled », « Alestorm », « Magnetic North » ou encore « Mexico » et c’est sans aucune modération que la foule va s’y jeter. 1h30 pied au plancher, tubes sur tubes, sans jamais relâcher la pression hormis sur « Nancy The Tavern Wench », la ballade éthylique, le groupe va transformer l’Étage en sauna où se cotoieront sans vergogne sueur, bière et bonne humeur. Point d’accoutrements s’apparentant à une quelconque flibusterie mais plutôt des ballons de baudruche, des couleurs chatoyantes et même un énorme canard gonflable trônant fièrement au milieu de la scène, un style très décontracté et potache qui leur est propre. Musicalement, on est à l’image des derniers albums, les Écossais ont opéré un virage vers un métal piraté plus qu’un pirate métal de base. Un folk frelaté coupé au fond de tonneau nintendo, du pirate pour geek en somme.
Comme un seul homme, le groupe s’en donne à coeur joie, buvant, jouant, chantant avec une certaine décontraction et un plaisir non dissimulé. Tandis que Bowes, vêtu de son kilt et muni de son keytar, arrangue la foule de son célèbre « petit crochet de doigt » ( un geste de plus qui nous confirme que la piraterie n’est qu’humour chez ALESTORM ) et grommelle dans son coin tel un « Capitaine Haddock de pacotille ».
L’audience, d’ores et déjà ralliée à sa cause, n’a d’ailleurs pas vraiment besoin de ses encouragements. Entre deux pogos, la foule ( très ) compacte s’adonnent même à un petit jeu le temps d’un couplet, à savoir : s’asseoir et mimer les vagues ! Très vite, les murs se font trop serrés et le plafond de l’Étage suinte de transpiration. Je me jette dans la bataille moi aussi, m’abreuvant pêle-mêle de « Sunk’n Norwegian », de « 1741 (The Battle of Cartagena) », de « Captain Morgan’s Revenge » ou encore de l’excellent « Shipwrecked ».
Le groupe dédiera également un morceau « à tout ceux qui ont passé une journée de merde » juste avant de reprendre « Hangover » de Taio Cruz. Pour continuer dans le même thème, le refrain de « Drink », aux paroles très évocatrices, sera aussi largement scandé par les spectateurs avant de finir sur le très unificateur « Fucked With An Anchor » et sa rangée de doigt d’honneur. Invaincu en terre bretonne, le navire ALESTORM repart donc, « le couteau entre les dents », piller d’autres contrées, toujours munis des ses armes de destructions massives : ses chansons aussi drôles qu’entraînantes et entêtantes. Ils sont venu, ils ont bu, ils ont vaincu…
