Qu’en est-il du Black/ Death aujourd’hui ? Les « vieilles » têtes de gondole se taillent toujours la part du lion, tandis que les jeunes loups guettent dans l’ombre. Kanonenfieber est l’un de ces derniers, affûté et prêt à saisir sa proie. Ce projet surprend d’autant plus qu’il est le fait d’un one-man band, d’un inconnu qui réussit l’exploit de nous surprendre. Personne ne dira qu’il change la donne dans sa catégorie, ni ne réinvente le genre ; au contraire, ils jouent avec tous ses poncifs, mais réussit l’équilibre parfait et le casse du mois.
Loin des perpétuelles charges au galop, ici le tempo ralentit pour donner le temps de créer des ambiances soigneusement travaillées avec des arpèges évocateurs et des solos simples mais étrangement lumineux et cela même si le propos reste de nous entraîner dans la boue des tranchés de la première guerre mondiale.
De fait la thématique guerrière n’est pas nouvelle dans le genre, et même chez des groupes aux albums essentiels.
De même l’anonymat dans le black metal, grâce à l’usage de pseudo, est un mythe aujourd’hui édulcoré, que le musicien d’origine allemande a choisi d’honorer en se faisant appeler « Noise ». Ce seul maître à bord a confié avoir décidé d’entamer cette oeuvre suite à une discussion avec un ami historien sur ce sujet historique, à partir de lettres et témoignages intimes. L’écriture de la musique n’a nécessité que trois mois, plus un mois et demi pour le mixage. L’inspiration death metal penche du côté d’un BOLT THROWER, HAIL OF BULLETS, les vieux AMON AMARTH et une influence reconnue du côté de l’excellent groupe ukrainien 1914 dont nous avions parlé ici. Du côté black metal, il faut aller chercher du côté de FORTERESSE, PANZERFAUST et THE WAY OF ONE FREEDOM.
« Menschenmühle » de Kanonenfieber est sorti le 20.02.2020