[ Report ] GARMONBOZIA fête ses 20 ans ! ( Part. II )

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C’est avec l’haleine pâteuse, les neurones englués et les yeux encore emplis des poussières d’étoiles de la veille que nous nous sommes éveillés ce matin. C’est donc les jambes encore lourdes et l’âme en peine que nous nous rendons à l’Étage pour débuter cette seconde journée de concert pour les 20 ans de Garmonbozia. Encore une fois mais pas pour les mêmes raisons, nous avons loupé ( à notre grand désespoir ) le premier groupe du jour, les excellents THE VINTAGE CARAVAN. C’est donc à toute berzingue que nous nous retrouvons devant le plus clinquant des groupes de crossover tyrolien, j’ai nommé : INSANITY ALERT !!

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Le groupe emprunte clairement ses sonorités à MUNICIPAL WASTE mais avec un côté encore plus fou et grotesque, notamment dans l’emploi de costumes en carton-pâte et de panneaux avec des bribes de textes dessus pour mieux faire participer le public… Pour nous, c’est le meilleur des réveils : ultra-efficace et bourré d’autodérision. En maître de cérémonie, le chanteur Heavy Kevy envoie la sauce, bouge, saute et trépigne comme un gosse dans un château gonflable. Il enfile tour à tour un masque de martien, des pinces de crabe ( une référence aux hommes-crabes de South Park ) ou encore joint géant qui finira dans le public, le tout dans un flux ininterrompu, une logorrhée débilisante qui plaque le sourire sur tous les visages de l’assemblée.  Musicalement, le son n’est pas parfait mais pas mauvais non plus et côté musiciens ça s’amuse, ça déconne mais ça joue dur, technique et maîtrisé. INSANITY ALERT fait donc pleuvoir ces classiques, aussi rapide et violent qu’une pluie de grêle… Le public est en feu dans le pit et il le fait savoir. Ça se déchaîne sur « Macaroni Maniac », slamme sur « Confessions Of A Crabman », met en place de somptueux circle-pit « Metal Punx Never Die » et hurle à tue-tête sur « Why Is David Guetta Still Alive? ». Un joyeux bordel qui ne cessera que lorsque retentira la reprise du « Run To The Hills » de MAIDEN en « Run To The Pit »« Mosh For Your Life » !

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Une bonne bière bien fraîche plus tard et c’est au tour des Français de MISANTHROPE de monter sur les planches. Pour les non-initiés, MISANTHROPE donne dans un metal extrême assez mélodique et surtout très théâtral et chanté souvent en français. Il a connu son heure de gloire dans les années 90 et au début des années 2000, l’époque où l’on achetait Hard Force ou Hard Rock Mag’ et que nos Parisiens faisaient la couv’ de Metallian, la belle époque du papier glacé et des compilations mensuelles. D’ailleurs, le groupe fête aujourd’hui même ces 30 ans ( ça nous rajeunit pas ) et pour l’occasion nous propose un set spécial avec des inédits et des tubes.

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Bon ! On vous l’avoue, on n’a jamais été gros fan de MISANTHROPE donc on part pas gagnant. En tout cas, le groupe donne le meilleur de lui-même, avec notamment un chanteur S.A.S de l’Argilière très impliqué, puissant et toujours très théâtral, lunettes noires vissées sur le nez. Il est le point fort du combo, remerciant l’organisation et le public pour leur soutien. D’ailleurs, l’audience réserve plutôt un bon accueil au quatuor, même si c’est un peu plus parsemé que sur les précédents shows. Musicalement, c’est bien en place et le show n’est pas ridicule du tout. Jean-Jacques Moréac, basse en main, assure comme un chef, alors que de l’autre côté, la guitare virevolte et fait rapidement résonner les hymnes que sont « 1666 Théâtre Bizarre » et « Bâtisseur de Cathédrales ». Ce dernier termine le set sur une très bonne note puisque de nombreux festivaliers semblent le connaître et reprennent donc les paroles en chœur… Plutôt pas mal !

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Soudainement et après une nouvelle bière, remontés des profondeurs de la cité où « Cthulhu rêve et attend », arrivent les anachorètes encapuchonnés de THE GREAT OLD ONES. Une confrérie française délivrant un post-black entièrement dédié à l’œuvre de H.P. Lovecraft. Et un nouveau set spécial où TGOO va interprêter son dernier et excellent album, « EOD: A Tale Of Dark Legacy », en intégralité. Le son est franchement bon, ce qui n’est pourtant pas évident quand on sait le style pratiqué par le groupe. La voix ressort bien et les trois guitares noient le public dans une eau ferreuse, saumâtre et nauséabonde. De même, l’ambiance ténébreuse et les lumières mystiques sont bien présentes dès le début du show, la scène est décorée de sculptures en fer forgé faisant écho à l’oeuvre de Lovecraft. L’atmosphère est lourde et la structure des morceaux offre des moments intenses et des moments d’accalmies noircis, comme si on allait chercher une bouffée d’air vicié hors de l’épaisse masse océanique. Face à nous, le groupe se meut en bloc, colossal, incantatoire, chthonien ; et le public compact, comme hypnotisé, semble entrer en communion avec ses Prêtres des Grands Anciens. Après une heure de set, THE GREAT OLD ONES se retire comme il est venu, dans la pénombre et au son du magnifique « Mare Infinitum ».

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Passons maintenant à notre coup de cœur de la soirée, le « French Love Set » des Allemands de MY SLEEPING KARMA… Après une brève introduction, le quatuor déboule avec sa formule ultra-maîtrisée, son stoner psychédélique instrumental. Entre décontraction et énergie, le combo nous entraîne sans mal vers la plénitude, un voyage hors du temps, de la violence du monde, des tracas quotidiens et des préoccupations terrestres. Entre « Prithvi », « Brahama », « Ephedra » ou « Psyllocibe », on est totalement happé par la prestation et on plonge avec délice dans les méandres des morceaux progressifs de MSK. Cette déclaration d’amour que le groupe nous fait se fait sentir à chaque titre, la basse fait office de fondations profondes et pleines de nuances tandis que la guitare tisse des mélodies éthérées soutenues par un nappage de claviers onctueux et très agréable. Visuellement, c’est simple mais bien dosé : seules quelques images abstraites se succèdent sur un écran. Le public est aux anges. Entre les morceaux, des salves applaudissements nourris témoignent de son approbation totale, dessinant de larges sourires sur les visages des musiciens. Après un heure de voyage cosmique, MY SLEEPING KARMA conclut une prestation qui s’est révélée jouissive de bout en bout… Après ça, on peut le dire : l’amitié franco-allemande ne s’est jamais aussi bien portée.

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Cela fait déjà quelques heures que l’on se régale et c’est pas encore fini ! Place maintenant à un petit hommage tout en sobriété et en émotion à Smats, le guitariste de VOIGHT KAMPFF ( qui devait se produire la veille ) décédé quelques jours plus tôt. Le festival lui est d’ailleurs dédié, tout le monde a joué le jeu pour faire une minute de bruit… R.I.P.

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Mais bien vite nous séchons nos larmes car voilà les légendes du black metal hongrois : TORMENTOR. Pour la petit histoire, le groupe compte dans ses rangs Attila de MAYHEM et propose un black-thrash un brin kitsch mais très efficace. Attila déboule sur scène avec un corpse paint classique, un crucifix énorme en collier et une petite cape rouge et noire type « Draculito »… Heureusement, le son est bon ! Les voix et élucubrations d’Attila sont toujours aussi impressionnantes et démoniaques ( on est fan ), il joue d’ailleurs avec deux micros, modulant sa voix avec des effets. Pour le reste, le groupe balance la purée sans accroc, déroulant son album-phare « Anno Domini » en intégralité ( sachant qu’ils n’ont pas non plus sorti 36 albums !! ). De notre côté, on ne regarde pas tout car on doit absolument aller au bar avant de s’attaquer au gros morceau du soir : CARCASS.

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Pour finir en beauté ses 20 ans, qui de mieux que les légendaires CARCASS ? Le quatuor britannique ne s’embêtera pas avec une longue introduction, dès la fin de « 1985 » il enchaîne avec « 316L Grade Surgical Steel » et c’est parti pour une heure de folie entre vieux titres grind et nouveaux brûlots plus death’n’roll… Il n’y a rien à jeter, le son est parfait, la Carcasse est intacte et ça fait plaisir à voir. En une heure, le groupe va gentiment éplucher sa discographie, de « Reek Of Putrefaction » à « Surgical Steel », tout est passé à la moulinette et tout le monde s’y retrouve, les anciens comme les plus jeunes fans. Bill Steer, cheveux au vent enchaîne les riffs avec décontraction pendant que notre bon vieux Jeff Walker nous balance son meilleur phrasé. On est passé à la rape et au hachoir, il ne reste que des petits bouts d’os de nos corps estropiés par tant de violence : c’est le climax de cette soirée. Que vous dire de plus après ce condensé de puissance carcassienne ?! Ah ! Si, entre deux titres, Walker nous a promis un album pour 2019 !!

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Et voilà, c’est déjà presque fini ! Les patrons de Garmonbozia montent sur la scène pour souffler les bougies et distribuer les divers remerciements accompagnés de petits bouts de gâteau. S’en est suivi le moment de flottement BÖMBERS, le groupe de reprise de MOTORHEAD avec Abbath. D’emblée, on voit que le norvégien est complètement torché, il titube et n’arrive même pas à brancher sa basse correctement, c’est un scandale. Bon après, ça joue pas mal, il imite plutôt bien Lemmy mais est franchement trop saoul pour arriver à faire autre chose que nous faire marrer. On a maté quelques titres et on s’est barré voir si l’esprit de Lemmy ne traînait pas plutôt du côté du bar…

Pour finir, je tiens à dire que nous avons passé deux très belles soirées, avec de très bons groupes, des copains et de la passion aux quatre coins de la salle. On donne donc rendez-vous à Garmonbozia le plus vite possible dans un de leurs nombreux concerts et bien sûr dans 5, 10 ou 15 ans pour continuer ensemble de célébrer et faire vivre notre amour, notre passion pour les musiques extrêmes. Merci pour tout !

 

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