MOTOCULTOR 2018 : Nos coups de coeur ( Part. I )

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 2017 avait été une bonne année pour le Motocultor, tant en terme de fréquentation, qu’en terme de programmation. Après quelques années de doutes quant à la pérennisation, voire la tenue du festival ( cf. le crowdfunding pour l’édition 2017 ), l’équipe semble plus que jamais en confiance, soudée autour d’une programmation extrêmement solide. Programmation qui est et a toujours été la pierre angulaire de ce festival purement metal et purement breton.

Mais cette année semble cependant amorcer un tournant pour l’organisation puisque, pour la première fois de son histoire, le festival affiche complet ( ce qui n’est pas pour nous rassurer lorsqu’on  sait qu’il y a régulièrement quelques petits couacs dans l’organisation ). Pourtant, une météo, qui s’annonce sous de meilleurs auspices, nous fait clairement saliver et nous donne d’autant plus envie de partager ce dernier moment de soleil, cet état d’esprit libre, festif, et ses trois scènes aux qualités sonores indéniables. D’année en année, fin Août vient donc rimer avec rentrée anticipée pour les petits écoliers que nous sommes. Cartable sur le dos, compas, équerre, nez dans le running-order, crayon à papier… Bref !

 En tout cas une chose est de plus en plus flagrante : le Motocultor est en train d’arriver à imposer son style, son état d’esprit. Il est en train de réussir à trouver sa place dans le coeur du public ( et dans le microcosme des festivals français ) en proposant sa grande messe métallique, sa programmation pointue et brutale ; un joyeux bordel qui vient clôre un été plus que chargé en émotions !! Trop d’émotions encore une fois…

Alors afin de ne pas s’y perdre, nous vous proposons nos coups de coeur, nos coups de corps, pêle-mêle, sans vraiment d’ordre établi. En espérant que vous serez aussi assidus et passionnés que nous l’avons été !

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NOSTROMO

Je commencerai donc par NOSTROMO, juste pour irriter les tympans et faire grincer les gencives des non-avertis, ainsi que les prothèses de hanches des plus anciens… En gros, les Suisses, qui ont décidé de se reformer il y a un peu plus d’un an, ne sont ni venus pour acheter du terrain, ni pour tisser des dessus de lit en dentelle, mais bien pour détruire la Supositor Stage à coup de grindcore ultra-incisif.

Et on peut dire que depuis un an, ça marche plutôt bien pour eux : Download, Hellfest, Motocultor et un nouvel album en préparation. De quoi réjouir les fans qui attendent ça depuis longtemps !! En ce Samedi soir encore bouillant et bouillonnant, le son est bon, les slams et pogos se jettent en pagaille dans la fosse, c’en est tellement puissant qu’on en a presque oublié que les Américains THE BLACK DAHLIA MURDER jouent en même temps… Le frontman, casquette vissée sur la tête, invective violemment la foule, ne lui laissant aucun répit, balançant ces hurlements rugueux sur les rythmiques quasi-chirurgicales du groupe. En gros, c’est un sans faute pour le gang helvète qui a décidément bien fait de se reformer… Les quelques rescapés du pit, qui vomissent tripes et boyaux sur le côté, pourront en attester.

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MYRKUR

Un peu de douceur maintenant avec le très attendu show de MYRKUR, qui nous a fait le plaisir d’apparaître Vendredi soir sur la Massey Ferguscène… Point de violence exacerbée pour la belle Amalie Brunn, mais ça on s’y attendait.  Catégorisée à tort comme black metal, la Danoise propose bien plus que ce à quoi on veut la limiter. Elle n’hésite pas à s’aventurer sur différents chemins et finit par offrir une forme de musique extrêmement personnelle, noircie au carbone mais toujours féminine et sophistiquée.

La chanteuse arrive sur scène drapée, encapuchonnée, dans une ambiance calme, délicate et posée. Sa voix cristalline vient se poser, résonner et envelopper le chapiteau. Elle, est parfaitement mise en avant, les guitares sont par contre ( tout comme ses musiciens ) très en retrait, atténuant fortement toutes traces de violence metallique. Construits autour de sa voix, les titres ont tendance à paralyser le public, à le capturer dans cette alternance de cris déchirants et de passages éthérés, tout se jouant sur le contraste. Obnubilés par cette furie aux cheveux de paille qui ondule sous nos yeux, enlaçant avec sensualité sa musique, nous nous laisserons totalement embarquer dans « Mareridt » ( cf. notre chronique ), son univers et son dernier album en date ( elle réussira même à faire pleurer notre photographe ). Juste beau !

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BEHEMOTH

Samedi soir, nous nous sommes dirigés fébriles vers la Dave Mustage et le show des Polonais de BEHEMOTH… Fébriles et surtout prêts à se barrer à tout moment parce que franchement, on en marre de ce show que la bande à Nergal ( même si on aime l’album ) nous sert, nous ressert et nous re-ressert depuis la sortie de « The Satanist » en 2014 !! Niveau scénique, les photographes sont interdits donc on sait déjà que ça va être tout feu, tout flamme, et ça on aime bien. ( c’est notre côté blockbuster hollywoodien ). Niveau setlist, le groupe a aussi décidé de changer ( nouvel album en prévision oblige ) et ça fait du bien !!

On a donc droit à « Conquer All », « Slaves Shall Serves », « A Forest » de THE CURE que le groupe interprètera en compagnie de Niklas Kvarforth de SHINING, « Demigod », « At the Left Hand ov God » ou encore « Decade of Therion » et le classique « Chant for Eschaton 2000 » mais point de Gabriel et sa langue de belle-mère à l’horizon… Le groupe joue néanmoins trois titres de « The Satanist » mais surtout deux nouveaux qui sortiront en Octobre sur le futur album. Sinon le son est bon, les flammes réchauffent, Nergal est en forme et on passe un très bon moment. Une prestation carrée, posée sur papier millimétré, rien d’étonnant de la part de la bête de scène qu’est BEHEMOTH. Vivement l’album !

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SHINING

C’est juste avant le show de BEHEMOTH qu’avait lieu celui des blackeux suédois de SHINING et de leur sulfureux leader Niklas Kvarforth… Toujours dans la controverse et dans la versatilité, on ne sait jamais trop comment le chanteur va se comporter. Entre violence envers les photographes, envers le public ou envers lui-même, tout peut y passer ( lors de son dernier passage rennais, le bougre était malade, avait frappé un fan et écourté son show ). Pour l’ensemble de son oeuvre mais aussi pour entendre son dernier et excellent album « X – Varg Utan Flock » prendre vie sur scène, nous attendions avec impatience sa venue en terres bretonnes !

Les rumeurs vont vite dans le coin presse : Kvarforth serait arrivé d’extrême mauvaise humeur ( ce qui ne laisse rien présager de bon ). Mais dès les premières secondes du show, nous sommes rassurés. Le chanteur est visiblement en forme et crache allègrement de grosses gorgées de Jack Daniels sur le panel de journalistes présents devant la scène… Le son est aussi de bonne qualité. Le groupe va donc pouvoir égrener sa discographie sans accroc : des nouveaux « Han Som Lurar Inom » ou « Jag Är Din Fiende » jusqu’au plus vieux « Låt Oss Ta Allt Från Varandra » et même la très bonne reprise de SEIGMEN, « Ohm (Sommar Med Siv) ». Entre héroïsme nordique, brutalité punk et pulsions suicidaires, SHINING déroule son black metal glacial et sinistre, sa bouillie infâme et sombre. Le tout soutenu par un Kvarforth déchainé, tourmenté de cris, de chuchotements, de sifflements et de regards hallucinés. Une forme de catharsis malaisante qui ne plaît pas à tout le monde mais qui, par sa puissance, a réussi à nous séduire.

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TRANZAT

Le soleil vient de se lever, le Macumba vient juste de fermer…

La bonne surprise du petit déjeuner ?! Les Bretons de TRANZAT et leur metal déjanté ! Il était en fait environ midi quand nos amis plagistes ont pointé le bout de leur nez. Avec un code vestimentaire blanc-moulant, à faire pâlir Jean-Paul Gaultier, un humour décalé et des riffs stoner infuzzés au doom, au death et à la musique progressive, TRANZAT avait tout pour nous séduire lui aussi !

Des soli, des voix claires, d’autres plus gutturales, c’est un bonheur pour les papilles et les pavillons. Tout n’est pas parfait mais c’est plein d’idées et de passion. Une musique qui se révèle infiniment plus complexe et innovante que je n’arrive à vous l’expliquer. À la croisée d’un YOB, d’un MASTODON et d’un DEVIN TOWNSEND, le résultat se veut intelligent ( mais pas intellectuel), en tout cas il est loin des clichés habituels. Le son est aussi frais qu’un cocktail à l’Amaretto et le groupe semble aussi à l’aise. Bien que le groupe tourne depuis un moment maintenant, c’est pour nous une très bonne découverte de l’édition 2018. On risque d’en reparler !

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DYING FETUS

C’est à la nuit tombée que l’avis de tempête a été lancé, la Supositor Stage était déjà en vigilance orange depuis une bonne partie du Dimanche mais là ça commence à souffler très, très fort. En effet, c’est l’heure de la machine de guerre DYING FETUS !! Rien ne les arrête et c’est certainement pas leur dernier méfait « The Wrong One to Fuck With », sorti l’année dernière, qui nous fera dire le contraire. Il n’est donc pas étonnant que le groupe entame sur ce dernier et n’en joue pas moins de quatre extraits ce soir.

Niveau ambiance, pour faire simple : ça vole dans tous les sens. Après une courte introduction, les riffs ne tardent pas à pleuvoir, la batterie grêle et les voix soufflent tout sur leur passage. Le public est d’emblée mis sous pression, ça se rentre dedans façon pare-buffle. « Grotesque Impalement », « From Womb to Waste », « Fixated on Devastation », tout s’enchaîne à vive allure. John Gallagher, le seul des trois frères Gallagher à ne pas avoir choisi la pop merdique d’OASIS mais le brutal death ( non je déconne ! ), invective avec force les slameurs et pogoteurs afin qu’ils, je cite,« se bougent leur putain de cul ».

Côté musicien par contre, ça ne bouge pas des masses. On mise tout sur la prestance compacte, le charisme et l’impact pour tenir la scène. Tel un rouleau compresseur, le trio avance en bloc, provoquant la nuit et invoquant destruction. Cinquante minute plus tard, « Your Treachery Will Die With You » et « Kill Your Mother, Rape Your Dog » achèveront le boulot avec fracas. Aucun mort ni aucun blessé grave à signaler, la tempête est passée !!

La partie II c’est par ici…

 

 

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