[ Chronique ] SIX FEET UNDER – Killing for Revenge ( Metal Blade Records )

Je croyais SIX FEET UNDER mort et enterré après un « Nightmares Of The Decomposed », véritable cauchemar pour les fans et pour le groupe (qui a dû essuyer une foule de critiques négatives), sorti il y a maintenant quatre ans. Mais six pieds sous terre, soit un peu plus d’un mètre quatre-vingt de terre souillée, n’est pas assez pour étouffer définitivement ce cher Chris Barnes et sa bande de mercenaire puisque les Floridiens sont de retour cette année avec un « Killing For Revenge » dont le nom semble prêter une intention…

Après une écoute rapide de la bestiole je dois avouer que les vétérans du death made in US (pour rappel, Barnes a été le premier chanteur de CANNIBAL CORPSE et son acolyte Jack Owen le premier guitariste) ont encore deux ou trois idées à développer et surtout une énergie et un flow retrouvé (pour notre plus grand plaisir) malgré ces quelques années d’errance.

L’album s’ouvre avec le coup de latte thrash « Know-Nothing Ingrate » et un très bon mix (si on le compare au précédent effort), ample et puissant à la fois. La prestation gutturale de Barnes s’en trouve renforcée, plus agressive, plus granuleuse, il semble avoir retrouvé du punch et de l’envie. Ainsi, le titre nous amène de plein pied dans la revanche que SFU veut prendre, accélérant puis déchiquetant et lacérant grossièrement son auditoire.  

« Ascension » nous embarque dans un d-beat bas-du-front, rapide et efficace, couplé au trémolo de Jack Owen qui nous rappelle les plus belles heures du death, tradi’ à mort mais jouissif à souhait. « When The Moon Goes Down In Blood » reprend ces aspects maniaques de progression, d’accélération et de ralentissement, ainsi que cette tendance à tendre vers le thrash 80’s (ce qui n’est pas pour déplaire) comme le feront plus loin « Judgement Day » et son relent d’EXODUS, le final « Spoils of War » ou le torturé « Bestial Savagery ».

Il semble que « Killing For Revenge » veuille jouer sur l’alternance entre le son death ‘n’ roll, très groovy, sur lequel le groupe a bâti sa réputation et un son death metal old-school que le groupe maîtrise ici à la perfection. Dans cette veine,  « Neanderthal » a le groove lent, paléolithique, et « Hostility Against Mankind » avance au ralenti, presque sludge avec la voix de Barnes suintante, grave et grasse. Ça donne instantanément cette sensation d’écrasement, un truc presque à la CROWBAR mais avec un solo tout droit sorti de la scène death des 90’s.

Enfin, une reprise de NAZARETH, « Hair of The Dog », parachève un album franchement réussi et une verve retrouvée, un morceau où le groupe s’amuse, se joue de cette cloche tintinnabulante, de son riff principal entraînant, et de son refrain accrocheur – une des meilleures reprises produite par SFU depuis longtemps. 

Au final, « Killing For Revenge » s’élève tel un phénix putride et déboyauté, s’envole cahin-caha vers des cieux purpurins et barbaques – un retour en grâce vers l’ère « Haunted » et avec une orientation nettement plus thrash et old school. Il est donc un peu plus qu’un simple disque, il est une forme de némésis qui offre tout ce qu’on souhaite entendre de SIX FEET UNDER : de l’énergie (presque juvénile), un foisonnement de rythmes et d’idées, du heavy et des titres squashy… On en redemanderait presque !