[ Chronique ] GOST – Prophecy ( Metal Blade Records )

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Des tréfonds de son Texas natal, James Lollar s’épanouit depuis cinq albums sous le nom de GOST et « Prophecy » sera son sixième… Si le sud des U.S. rime plutôt avec country, le multi-instrumentiste s’adonne quant à lui à une forme de rodéo industriel et synthétique nous offrant un voyage dans son univers abyssal où brûle une perpétuelle et glaciale flamme. Ce disque au sound design ultra-moderne et brutal, au rythme intense et lourd, reflète parfaitement l’horreur et les sombres angoisses d’un monde en proie aux excès religieux et politiques, une situation d’urgence permanente. Lollar y décrit la vision de son Amérique, chrétienne et effrayée, paniquée par la résurgence et l’avènement prochain de Satan – Armageddon utopique de la civilisation occidentale – fin biblique de notre monde… Tout un programme !

L’album regorge de technologie agressive, de drum and bass, de metal, de dubstep, de dark indus’, de techno. Tout y est sombre et maléfique, métallique et synthétique à la fois, GOST crée une musique dure et dansante, la bande son d’une boîte underground, à mi-chemin entre Blade et Terminator – la peau brûlée est collée au grillage, les jambes grêles et décharnées chancèlent sur les rythmes ondoyants, l’apocalypse se fera en dansant, le diable au corps, twist and flesh…

« Judgement/Prophecy » ouvre l’album dans un tonnerre grondant d’électronique et de distorsion. La cloche résonne par dessus les cris déments, le désespoir s’installe avec son amie l’obscurité. Le pied bat le tempo, maléfique et déchirant comme chaque note de clavier, lacérant sa victime d’une précision maniaque (« Temple of Tears »). Une fleur gothique se déploie accompagnée de son lot morbide et de quelques guitares bien trempées (« Widow Song »). Le cimetière continue de se remplir, les gravas claquent sur les cercueils et s’incarnent dans une puissance hard techno digne des plus grands teknivals (« Obituary ») tout en ne réfutant jamais les aspects acérés et chaotiques du metal (« Digital Death », « Golgotha »). Le voyage, voyage sur les dancefloors les plus sales et vicieux continue avec « Deiciver », puis le death très acid house de « Decadent Decay », la rave biscornue et sauvage de « Shelter » et enfin l’envoûtante mélodie du « Leviathan »

Si GOST habite à la périphérie de deux mondes, l’un metal, l’autre électronique, il n’hésite pas à en jouer et à s’en amuser avec une facilité déconcertante. Sur l’album, la mélodie se faufile dans l’obscurité, chaque note se teinte d’un côté sinistre et s’appuie sur un rythme froid et impitoyable. La tempête extérieure reflète l’agitation intérieure alors que le clavier danse sous les doigts du musicien, entraînant l’auditeur dans des profondeurs sombres et orageuses. D’ombres et de feu, les cavaliers sont déjà en chemin, alors dansez !

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