[ Chronique ] DEVILDRIVER – Dealing With Demons Vol. ll ( Napalm Records )

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Mine de rien, DEVILDRIVER entame sa troisième décennie d’existence avec pas moins de neuf albums au compteur et une notoriété internationale constante !! Pourtant le groupe mené par notre cher Dez Fafara aurait pu sombrer, pris de plein fouet par la pandémie, empêtré par l’arrêt total des tournées, puis par la forme grave du virus développée par le frontman ( qui n’est plus si jeune que ça ) qui a failli lui coûter la vie et qui lui a laissé des séquelles ( notamment des problèmes cardiaques l’empêchant de venir en Europe pour le moment ). Le groupe a ensuite connu des changements de line-up et si « Dealing With Demons vol. I » devait aller de paire avec « Dealing With Demons vol. II » ( logique vous me direz ), tous ces pépins ont repoussé sa sortie à 2023. 

Un mal pour un bien au final puisque Dez est de nouveau sur pied et DEVILDRIVER semble avoir retrouvé une certaine stabilité. Si repos forcé il y a eu, le groupe n’a cependant jamais cessé d’exister, ni d’avancer, de marchander avec les démons qui l’entoure pour sortir de ce tourbillon conjecturel et existentiel dans lequel il était pris malgré lui. À l’image de cette société qui renaît plus forte et déterminée que jamais, DEVILDRIVER dévoile donc son dixième album, présentant la psyché de son leader, les restes des fantômes qui l’ont trop longtemps hanté…

L’entrée en matière, « I Have No Pity », ne fait planer aucun doute : DEVILDRIVER appliquer sa recette « magique » qui a fait vibrer et groover son public depuis ses débuts. Le riffing est aussi épais et gras qu’il peut devenir lancinant ou grandiloquent par moment, la batterie cogne et roule dans tous les sens et Dez, hargneux comme il faut, enchaîne les prouesses vocales écorchées. La formule est complète et le groupe déroule un metal très félin, très panthère, tout en y ajoutant quelques épices savamment choisies et quantifiées.

Inquiétants, des titres comme « Mantra », « Summoning » ou « Nothing Lasts Forever » avec leur accent mystico-lugubre et une vague d’agression mélodique semblent néanmoins pencher vers le black metal ( ou du moins vers une interprétation très « américaine » du black metal ) offrant plus d’intensité et de changements de rythme qui permettent de ne pas se retrouver avec un « too-groove » plutôt ennuyeux… 

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Les hymnes « Through The Depths », « If Blood Is Life »  ou « This Relationship, Broken » qui clôture l’album font partie des bonnes surprises, des petits bonbons sanguinolents, chauds et piquants que DEVILDRIVER nous distille. On y ressent son appétence pour les épopées sombres, les chevauchées héroïques tout en restant extrêmement concis – entre le blockbuster made in U.S. et le polar européen avec sa petite touche horrifique et noire qui lui sied à ravir. D’un autre côté, le groupe déroule du classique DEVILDRIVER qui a tendance à faire retomber un peu le soufflé et l’enthousiasme mais qui maintient un niveau d’exigence assez haut pour ne pas non plus déplaire ( « Bloodbath », « It’s A Hard Truth » ).

Si « Dealing With Demons Vol. l », avait fait l’unanimité, ce second volet lui emboite logiquement le pas, toujours aussi brutal et pertinent. Il nous montre un groupe attaché à ses démons mais ne refusant pas d’avancer, ne refusant pas de changer par petite touche sa formule pour y ajouter qui du soufre, qui du suif, qui de la houille… La force de cet album est donc, à mon humble avis, sa densité, son immédiateté et sa cohérence. Sans tomber dans l’écueil du sur-jeu, du sur-contraste ou de la sur-exposition, les titres dégagent une puissance, une authenticité et une superbe qui semblent faire revivre le groupe, le faire renouer avec sa plus belle verve. En tant qu’admirateur du phénix Fafara depuis mes plus jeunes années, je ne peux qu’en apprécier la renaissance.

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