SATAN – Un Deuil Indien ( Throatruiner Records ) note : Noir/Noir

image article SATAN - Un Deuil Indien ( Throatruiner Records ) note : Noir/Noir

Issu de l’underground grenoblois, habitué des ruelles poisseuse, SATAN passe la plupart de son temps à régurgiter bruyamment la crasse de ce monde. Déjà remarqué en 2015 avec « L’Odeur Du Sang », le quatuor revient nous gaver de riffs punks cradingues inspirés d’harmonies black, le tout joué sur une toile de fond grind. Dix titres, dix sept minutes, voilà ce que propose SATAN avec « Un Deuil Indien ». À pendre ou à baiser. C’est de l’art brut et brutal. « Simple » et efficace. Cru. Total.

Ces « punks possédés » sont clairement guidés par les mains fantomatiques de leurs grands aïeux comme DARKTHRONE ou encore MOTORHEAD, ils créent ainsi quelque chose de laid et d’oppressant mais d’hautement addictif, et de bizarrement frais et moderne. De par ses influences, son attitude abrasive et ces envies d’ (auto)destruction, SATAN est une entité difficilement abordable de prime abord. Il faudra assurément plusieurs écoutes pour pouvoir se tailler un passage dans la compréhension musicale d’ « Un Deuil Indien » mais la célérité de l’œuvre est telle qu’il est plus simple de la consommer  dans son entièreté. De plus, j’ajouterai qu’une fois passé le glacial accueil de nos hôtes, certains titres, imparables, se jettent sur vous, vous agrippent, pour ne plus vous lâcher jusqu’à pénétrer votre crâne et vous conduire de la folie au désespoir (« Ça Coupe Et Ça Saigne », « Totale Éclipse » , « Regard-La Dans Les Yeux », « Perdu Dans Cordoue »).

Ce qui plaît également ici ce sont ces chants qui se rencontrent et viennent percuter le corps et l’esprit. À la fois vils, ivres de haine et démoniaques, mais pourtant assez linéaires. Ils sont le plus souvent dérangés et dérangeants tels les hurlements d’un Cerbère errant dans les enfers. On y entend une véritable incarnation de Satan derrière ce « microphone de pacotille », avec ces effluves de voix déchirantes qui n’apportent que la désolation dans son sillage. Une petite pensée à Mark Greenway de NAPALM DEATH pour certains effets vocaux mais le comparatif s’arrêtera là car les textes, en français, sont bien loin d’être engagés dans une quelconque démarche politico-anarcho-positive. Bien au contraire, ils se démarquent tout en noirceur grâce à une verve lyrique ordurière, une approche qui n’épargne personne, une agression verbale sulfureuse sous forme de poésie-sulfateuse.

Toutes ces idées se voient renforcées par la production tout aussi crue et cruelle du « sympathique » et « débonnaire » Steve Austin ( TODAY IS THE DAY ) qui permet au son crunchy de la batterie de se démarquer, sans du reste enterrer complètement les lignes de basses dentelées et les obscures pistes de guitare.

Pour résumer en quelques mots, SATAN c’est foncièrement vicelard, ça prend aux tripes, ça fout la gerbe, ça irrite et ça fait réagir ! Et le groupe de le prouver une fois de plus avec ce « Deuil Indien » complètement baisé :  SATAN ne veut pas être ton ami.

 

Partager