ION DISSONANCE – Cast The First Stone ( Good Fight Music ) note : 7/10

cover

Avant de vous balancer mon sempiternel flow fait de superlatifs et autres adjectifs issus principalement du champ lexical de la puissance, je me dois de vous confier que « Cast The First Stone » est le premier album de ION DISSONANCE que j’écoute réellement dans son intégralité (j’avais jeté une toute petite oreille sur « Cursed », son prédécesseur, sorti il y a plus de six ans de cela mais ça, c’était il y a six ans). Alors ce que je sais de ces « petits » Canadiens c’est qu’ils ont débutés leur carrière à la fin du siècle dernier avec un désir de faire les choses autrement, se désaccorder et prendre la musique un peu « à rebrousse-poil ». Au final, je vous l’avoue, je m’attends juste à une énième galette deathcore-djent-ultra-technique façon empilement de riffs-pancake-breakdown en mode Tour de Babel, guitares douze cordes accordées 16 tons en dessous, production aséptisée, pads, mèches.

À ma grande surprise, j’ai plutôt retrouvé quelque chose de profondément métal et hardcore avec un groove déstructuré mais impeccable car mathématique. Les compositions sont très modernes tout comme la production, impeccable mais pas clinique car organique. Loin de l’enchaînement monotone de breakdowns, ce « deathcore » là, trouve son inspiration bien ailleurs, dans un riffing technique, mélodique, dissonant et s’évertuant à créer son univers propre où se tutoierait sans complexe THE DILLINGER ESCAPE PLAN, CONVERGE et MESHUGGAH (si l’on doit s’inspirer de quelque chose, autant prendre le meilleur…)

Cette première pierre jetée dont l’album titre, vient clairement de la volonté du quintette à créer une agression auditive. Avec cet album, ION DISSONANCE choisit clairement l’option du passage en force. Pas baisse de régime, ni même de prétention à l’apaisement dans ces compositions, juste une grosse demi-heure de cassage de gueule, calculé et percutant. Un riffing de folie et des hurlements omniprésent jusqu’à l’asphyxie d’un Kevin McCaughey, impérial, qui se rapproche de plus en plus d’une mutation entre Greg Puciato et Jacob Bannon.

Des « meshuggesques » « Suffering: The Art Of Letting Go »,  « The Truth Will Set You Free » ou encore de la longue et oppressante « (D.A.B.D.A) State of Discomposure » à la frénétique « The Truth Will Set You Free », jusqu’au riffs brise-nuque de « To Lift the Dead Hand of the Past », ION DISSONANCE se révèle sans concession, pas accessible, ultra-violent et c’est précisément ça qui me plaît. Alors certes, « Cast The First Stone » reste dans les alentours  de « Cursed », mais le groupe a le mérite de faire sa musique avec sincérité, sans se vendre et dans un grand fracas, « un tintamarre du feu dieu ». Cet enchaînement chaotique de plans épileptiques frisant le trop plein mais sans jamais déborder réellement, c’est ce qui fait la force de ce ION DISSONANCE version 2016. Cinq mecs venus régler leurs comptes, mettant leurs savoirs en commun en vue d’une entreprise globale de démolition, comme un agglo dans une flaque de boue.

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