KVELERTAK – Nattesferd ( Roadrunner Records ) note: 6/10

front

Depuis leurs débuts, les norvégiens de KVELERTAK ont toujours eu ce don de surprendre, que ce soit en 2010 avec leur album éponyme chargé de testostérone et d’énergie puis en 2013 avec le second album « Meir » qui était venu asseoir ce statut de star naissante. Le groupe a également toujours pu s’appuyer sur ses innombrables, talentueuses et dantesques prestations scéniques. KVELERTAK a, en tout cas, su apporter un vent de fraîcheur dans le petit monde du rock/métal et affiliés. On peut sans nul doute affirmer qu’il est capable de rassembler sous son étendard le plus teigneux des blackeux comme le plus crasseux des punk-rockeurs grâce à cette énergie et sa musique clairement rock’n’roll mais toujours originale et sincère.C’est donc avec tout cela en tête que je me suis lancé dans l’écoute de la cuvée 2016, « Nattesferd », et c’est également avec tout cela en tête que j’ai été déçu ou en tout cas pas convaincu par la démarche du groupe.

Selon les dires du hurleur en chef, Erlend Hjelvik, le groupe a voulu, à travers cet album, rendre hommage à ses pères et retrouver un peu de sa « jeunesse ». « Nattesferd » a donc été enregistré à Oslo dans les conditions d’un live comme pour mieux retrouver cette « madeleine de Proust«  que représente le garage pourri de papa et maman où devait répéter le groupe à ces débuts. À l’image de la vidéo illustrant le titre « 1985 », KVELERTAK se tourne vers ces instants où ils n’étaient que six petits cons écoutant du métal et faisant les 400 coups dans la banlieue d’Oslo au milieu des années 80.  Les titres sont donc truffés de références à d’anciennes étoiles du rock, du punk rock et du métal, que ce soit dans les riffs, les constructions, les soli, les rhytmiques, chaque chanson a sa propre couleur et tente de renouer avec un passé aujourd’hui révolu.

On passe donc d’AC/DC à BON JOVI, TURBONEGRO, SCORPIONS, THIN LIZZY, ZZ TOP au détour d’un DARKTHRONE ou d’un bon vieux MAIDEN ( et j’en passe! ), le tout est ré-arrangé dans le style KVELERTAK bien évidemment. Mais même si la démarche peut paraître plutôt « sympa » de prime abord, je trouve que cette digression/régression montre que le groupe a la verve creuse et, pour l’occasion, n’a pas trop cherché à se compliquer la tâche…

En réutilisant voire presque en plagiant ( à certains moments ) les plus grands et les plus créatifs plans du rock au sens large du terme, que cherche a nous démontrer KVELERTAK ? Qu’il est rock’n’roll ?? On le sait déjà… Alors serait-ce pour faciliter des passages en radio ou essayer d’élargir encore un peu plus son spectre commercial ? Suivre une certaine « mode » en la jouant « vintage » et tenter par la même occasion d’accrocher tout les vieux rockers en manque de sensation forte ??

Je n’en sais rien et en effet, c’est un constat un peu dur, je l’admets, mais après avoir été tellement séduit par des titres rageurs et vraiment créatifs tel « Mjød » ou « Fossegrim »  ou même « Kvelertak » ( chacun sa madeleine! ), j’avoue ne pas savoir quoi penser de cet album. Peut-être le groupe aurait-il dû choisir un hommage un peu différent comme sortir un vrai album de reprises, j’aurai en tout cas trouvé la démarche plus cohérente que le re-pomper, re-sucer sauce KVELERTAK.

Après je noircis sûrement un peu le tableau car l’album n’est pas si mauvais, loin de là! « Nattesferd » vous fera encore hocher de la tête, il est la bande originale idéale pour le célèbre combo barbecue/bière/pote de cette période (f)estivale. Certains riffs sont franchement jouissifs, de même que cette voix typique toujours punk-braillée et black-vengeresse qui vous raccroche à l’essence de KVELERTAK comme un fil rouge au milieu de ce fatras-jukebox d’influences. « Nattesferd » sonne juste à mes oreilles comme l’album d’un groupe en mal d’inspiration et qui se cherche dans les fantômes de son passé/ du passé…

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