[ Chronique ] MARDUK – Viktoria ( Century Media Records )

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On ne présente quasiment plus MARDUK, vétéran de la scène black suédoise et un des groupes de metal extrême les plus populaires. Cette année, le groupe fête sa 28ème année d’existence, rivalisant avec MAYHEM, un autre grand du black metal, en matière de longévité mais surpassant largement ce dernier en terme de constance. En effet, il y a peu de point faible dans la discographie de MARDUK, même si on peut la diviser en plusieurs périodes : Les trois premiers albums qui posent les bases du style. La période avec Legion au chant qui développe le style cru-guerrier-frontal du groupe et qui affiche le côté le plus sulfureux du groupe notamment au niveau des sujets abordés et de leur réception controversée par la communauté metal ( je pense à « Panzer Division Marduk » ). Les années et les explications exhaustives du groupe sur leur amour de l’Histoire ont tout de même fini par les laver de tout soupçon. Et enfin la dernière période : les albums plus récents, avec Mortuus au chant, qui apportent plus de dynamisme et plus de variations dans l’écriture.

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Mais trève de question polémique et de chronologie, revenons à nos brebis galeuses du jour avec le nouvel album du groupe, « Viktoria »… Déjà on peut s’arrêter sur la pochette. On sait que MARDUK a toujours été un groupe pour lequel le visuel est très important. Dans le passé, les Suédois ont d’ailleurs incorporé à leurs concepts musicaux de nombreuses images, scandaleuses pour certains, blasphématoires pour d’autres, en tout cas promptes à faire réagir. Cette fois-ci, le groupe a choisi un art-work moins chargé, très sobre voire énigmatique. Il se confondrait presque avec une vieille affiche de propagande des années 40, austère et fortement symbolique, ce qui colle tout à fait avec la musique et la thématique WWII de ce nouvel opus. Car, en amoureux-transit de l’Histoire-bataille et fasciné par la Seconde Guerre Mondiale en particulier, Morgan Håkansson, guitariste et tête pensante du combo, vient proposer avec « Viktoria », un second album d’affilée conceptualisé autour de ce thème.

Et c’est en seulement 32 minutes que MARDUK va essayer de faire le tour du sujet et par la même occasion offrir tout ce qu’il a de plus primitif, brut et dynamique, presque punk. Avec un son propre mais hyper-organique, le groupe semble retrouver ses bases : une basse ronflante, croustillante et bien mise en avant, une batterie se veut le plus naturelle possible, fraîche, agressive et tranchante, notamment sur les cymbales qui ressortent bien dans le mix. La guitare sonne puissante et dense mais pas multi-couche, riche et intense. Elle sonne MARDUK en somme. Vocalement, Mortuus maintient sa place parmi l’élite des brailleurs black, avec de belles variations, tantôt parlé, tantôt traditionnel, tantôt « chanté » dans son style caractéristique.

Bien qu’intense et concis, on ne peut pour autant pas comparer « Viktoria » au classique « Panzer Division Marduk ». On a ici bien plus dynamisme, moins de linéarité dans le tempo et on joue beaucoup plus sur les mélodies de guitares glaciales et glaçantes. Ça file quand même assez vite, surtout sur la première partie de l’album, mais au final ça reste très varié rythmiquement, on a pas vraiment le temps de s’ennuyer, ni de souffler. De la puissante « Werwolf » et ses samples de raid aérien à « June 44 » puis à la très rapide et corrosive « Equestrian Bloodlust », on est mitraillé dès les premières minutes. Puis « Tiger I » se fait plus lente et menaçanteAu milieu, le titre éponyme, même si brut et explosif, vient briser les codes et ralentir sévèrement l’allure pour céder la place à un interlude mené par une ligne de basse envoûtante et étonnante de la part de MARDUK. « Narva » et « The Last Fallen » offrent des mélodies conquérantes et « Silent Night », qui clôt l’album, s’enduit d’un esprit blackened-doom épique vraiment intéressant.

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Pour conclure, je dirai que la direction qu’a choisi de prendre MARDUK en proposant de nouvelles choses et en explorant de nouvelles pistes, tout en gardant intact son essence, apporte de la fraîcheur et de l’authenticité dans la discographie du groupe. De même, cette production plus organique revitalise et redynamise la perception que l’on peut avoir de la musique des Suédois. C’est vraiment un album qui possède son ambiance propre, austère et exigeante. À ce titre, « Viktoria » porte bien son nom, MARDUK y apparaît plus triomphant, plus sûr de lui que jamais. Le groupe s’y met magnifiquement en lumière et continue ainsi de façonner sa légende, son héritage ; toujours aussi dangereux et sauvage qu’à ces débuts mais bien plus polyvalent et « raffiné ».

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