SUICIDE SILENCE – Suicide Silence ( Nuclear Blast ) note : NeoDeathcore/???

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Je l’ai souvent dit et je le maintiens, le deathcore est un style éculé, trop formaté et qui peine à se renouveler. Alors quand on me parle de SUICIDE SILENCE, groupe aux qualités musicales et scéniques indéniables et ponte du genre, j’ai quand même tendance à un peu tiquer en me disant que je vais devoir écouter une énième production stéréotypée et aséptisée. Évidemment, pour les connaisseurs, SUICIDE SILENCE est un nom qui évoque les heures de gloire du deathcore, ce style un peu bâtard crée à partir du death et du métalcore et apparu il y a de cela presque 10 ans.

Mais de l’eau a coulé sous les ponts… Donc que faire si l’on veut subsister sur cette scène et si l’on veut également grandir en tant qu’artiste ?? C’est certainement la question qu’on dû se poser les californiens lors de la composition de cet album éponyme. Et la réponse qu’ils vont y donner se situe justement dans ce qu’ils ont essayé de faire et que je pourrais résumer par la maxime : «  Reculer pour mieux sauter ».

Je ne peux donc pas vous le cacher plus longtemps, le groupe a choisi un revirement stylistique total abandonnant son deathcore originel pour se tourner vers un métal moins agressif er recentré sur ces origines, ces influences, la musique qui l’a fait grandir et qui l’a façonné. Pour les aider dans ce grand chamboule-tout, ces enfants des 90’s ont choisi Ross Robinson ( KORN, SLIPKNOT etc…) à la production, et le son s’en ressent, il a clairement changé, il est devenu plus rond, plus groovy. Exit le côté trop clinique ultra-triggé, place à l’organique. Mais attention ! La violence, la puissance et la rage restent toujours de mise, elles ont juste muté, se voulant moins directes, plus tempérées, presque douloureuses.

Musicalement, on est catapulté au beau milieu des 90’s, période baggy, jogging Adidas à pression, soleil, skateboard, Californie etc… On pense donc immédiatement à sa jeunesse et à DEFTONES, KORN et consorts. Les guitares sont lourdes, la basse ronfle et la batterie est puissante mais le style est simplifié, plus clair. D’emblée, vous allez être désarçonné par cette nouvelle approche très « neo-deathcore ». Alors si le premier titre, « Doris » et son chant « deftonien » ou encore le refrain entre KORN et MUSE de « Silence » ne vous ont pas surpris ni rebuté, attendez d’entendre « Dying In A Red Room », cette ballade avec un chant clair aux accents trip-hop/PORTISHEAD ou encore « Conformity », l’autre ballade très rock métallique presque mielleuse ou encore « Run » et sa résonnance « reznorienne »… On nous avait dit de nous attendre à l’inattendu et bien on ne l’avait pas vu venir celle-là ! Seules « Hold Me Up Hold Me Down » et « Don’t Be Careful You Might Hurt Yourself » restent à peu près dans la veine de ce que le groupe avait pour habitude de proposer.

Et c’est le chant d’Eddie Hermida qui a le plus évolué ! Ce brailleur en chef d’ALL SHALL PERISH et ami de longue date du groupe était venu aidé ses petits copains de SUICIDE SILENCE après le décès de Mitch Lucker, il a finalement su s’imposer et n’est jamais reparti. Le bougre nous offre ici sa prestation la plus osée, exit les pig squeals et autres hurlements à tout-va, on a droit à quasiment 70% de chant clair, alors certes sa voix est encore hésitante mais il essaye, tente des choses, ne réussit pas tout mais il franchit le cap avec les honneurs, livrant un chant vraiment écorché et blindé d’émotions.

Au final, j’ai quand même un peu de mal à comprendre où ils ont voulu en venir avec cet album, il n’y a pas vraiment de lien entre les morceaux, seules les influences sont discernables et s’enchaînent comme une compilation de ce que le néo-métal a apporté de meilleur à la musique des 90’s. Cela reste assez décousu, le groupe part un peu dans tout les sens, mais la qualité est toujours là sauf qu’on a la sensation que le groupe tâtonne et se cherche encore dans cette nouvelle direction. D’un autre côté, SUICIDE SILENCE a le mérite de ne pas stagner dans sa création et d’essayer de faire bouger les lignes, de changer les codes. De par le passé de trouver son futur, est-ce volontaire ?? N’est-ce qu’une étape vers encore autre chose ?? Je n’en ai pas la réponse mais je salue la prise de risque même si selon moi, cet album reste simplement un hommage aux groupes qui ont façonné ces musiciens. SUICIDE SILENCE a juste digéré et réinterprété toutes ses influences faisant passer l’auditeur par DEFTONES, KORN ou encore SLIPKNOT tout en offrant certainement son œuvre la plus personnelle et la plus intimiste puisque foncièrement la plus audacieuse et la plus tournée vers le cœur, l’essence de sa musique.

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