image article [ Chronique ] HARAKIRI FOR THE SKY - Scorched Earth (AOP Records)Commencer l’année par un album d’HARAKIRI FOR THE SKY n’est pas quelque chose de forcément réjouissant, tant la musique du groupe, nocturne et parfois « ennuyeuse à dessein », ne me laisse pas toujours un bon souvenir et ne me fait pas trembler d’excitation ou de joie. Preuve que l’atmosphère que le groupe souhaite transmettre à son auditoire fonctionne sur moi. À l’approche du célèbre « Blue Monday », le jour le plus déprimant de l’année, « Scorched Earth » symboliserait-il donc ce pic de dépression collective qui accompagne chaque nouvelle révolution solaire?

Quatre ans après la sortie de « Maere », le duo viennois refait surface avec ce nouvel album et plus de cent minutes au compteur… Je dois bien dire que devant ce repas gargantuesque et après trop de banquets arrosés, j’ai un peu pris peur. Mais il n’en est rien puisqu’après plusieurs écoutes attentives, et si aucun morceau ne m’a sauté aux yeux, il me semble être une suite logique de son prédécesseur, plus équilibrée et moins languissante. En effet, je me sens bien en l’écoutant, je le trouve charmant, épique et nostalgique dans bien des aspects mais surtout bien pensé, dense et richement étagé avec des éléments divers et variés, tout en conservant un son cohérent.

Ainsi, « Heal Me » en est une introduction relativement explosive alors que la véritable patte HARAKIRI n’arrive que sur le long, le très long mais plutôt digeste « Keep Me Longing », sorte de témoin de l’album. Il se caractérise par sa structure progressive mais intense avec ses moments anthémiques ou saudadesques. Le duo joue sur les contrastes entre les mélodies éthérées folk ou presque-pop et les sections plus hargneuses typées DSBM, post-rock et post-metal, toujours couplées à une voix monocorde et déchirante qui fait la marque de fabrique du groupe. Passé la moitié de l’album, la mélancolie prend racine, se charge d’émotions grises et se parsème d’espoir vain. Les interludes minimalistes et éclatantes continuent de rompre les sections intenses et accrocheuses. Loin de se perdre dans les méandres structurels, HFTS développe ici un sens aigu de la mélodie délicate (que ce soit à la guitare ou au piano), des motifs subtils et de leur répétition élégante, chose qui finit par imprégner complètement l’auditeur ajoutant encore de la texture et de la profondeur au propos.

Ce qu’il faut, je pense, saluer sur « Scorched Earth », c’est le talent d’écriture, luxuriant et fouillé, agréable, qui danse sur les tropes du genre sans jamais les caricaturer. De même, la diversité et l’originalité viennent certainement des quelques collaborations dont Tim Yatras de AUSTERE sur « Heal Me » ou Serena Cherry de SVALBARD sur « Too Late For Goodbyes ».

Ce que je reprochais au duo avant était de peindre une image monochrome presque trop parfaite, mais nul paysage où se perdre. Aujourd’hui, avec un « Scorched Earth » plus facile à digérer et évitant les écueils, HFTS introduit de la nuance, du noir à l’anthracite, mais aussi du feu, brûlant et léchant. Comme la brièveté n’a jamais fait partie de son équation, le groupe a dû peaufiner son style, le colorer pour le rendre plus exaltant. Il offre ainsi bien plus qu’un énième album de post-black épuisant…

Catégories : Chroniques

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