image article [ Report ]Quand la Côte d’Azur vibre au son du metal : retour sur une soirée électrique au DISTORTION FESTIVAL !Honnêtement, je ne m’attendais pas à voir cette station balnéaire phare de la Côte d’Azur, la perle de l’Estérel comme on dit, proposer une affiche aussi pointue. En effet, la belle Saint-Raphaël (j’en fais à peine trop), nichée entre les yachts et les terres rouges, n’est pas connue pour sa prolifique scène metal. Mais peut-être qu’il est justement temps d’y implanter un événement qui serait susceptible d’attirer les chevelus et les rockers curieux (ou pas) de la région. En tout cas, l’initiative me plaît et l’endroit aussi. Cette salle est très belle, moderne et spacieuse, avec ses néons colorés et ses grands balcons (un peu kitsch peut-être mais agréable).

Comme d’habitude, je suis un peu à la bourre, je loupe donc SEPTARIA (et j’en suis confus) mais je suis bien présent devant une audience clairsemée pour l’entrée en scène de EIHWAR

Je n’ai pas l’habitude de jouer les vieux cons, les « c’était mieux avant », mais je dois dire que le duo me laisse perplexe… Son succès fulgurant et soudain tout autant. Le groupe a ainsi enchaîné les festivals (Hellfest en tête) et vient de sortir son premier album d’une bouillie électro folk viking que je définirais comme une musique de jeu vidéo cyber-pagan au style dancefloor-eurovision assumé avec une imagerie héroïcomique et fantasmée. À l’instar des pontes du genre auquel on les compare forcément (WARDRUNA, HEILUNG), le groupe ne peut pas et ne veut pas paraître crédible.

Personnellement, le côté « on mise tout sur notre image » au détriment de l’âme et de la musique, je n’accroche pas. Surtout quand « l’image » c’est de mettre une bimbo en fourrure Ikea et crâne de caniche sur scène avec un tambourin, du maquillage cheap – sorte de cosplay World Of Warcraft (ou autre) – et de la faire se trémousser sur de la pagan-dance genre Coyote Girl période Rahan ou Pirate des Caraïbes version Techno-Viking. Bref, j’ai pas aimé, j’ai eu l’impression d’écouter dix fois le même titre, vide de sens, devant un parterre plus que ravi. Force est de constater que le duo a du succès vu le nombre de selfie que la chanteuse a pris tout au long de la soirée. Elle était une véritable attraction pour les amateurs du genre… Après tout, EIHWAR est fait pour cartonner, c’est accessible et dansant, presque enfantin, mais pour les puristes, ça fait plus Disney Land que Valhalla… Désolé, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Quelques minutes de pause , le temps de digérer mon incompréhension et voilà que le spectacle reprend, mais avec un tout autre visage…

Cela fait quelques années que je suis SYLVAINE, que j’écoute sa musique, qu’elle me transporte, qu’elle me secoue ou qu’elle m’apaise (depuis « Atoms Aligned, Coming Undone » à vrai dire). Mené par la chanteuse et guitariste Kathrine Shepard, le groupe joue sur les contrastes ou lorsque les falaises de distorsion rencontrent l’écume éclatante de post-rock et de la folk. La navigation est parfois difficile et surprenante sur la route « sylvaine » tant les assauts noirs, bruts et métalliques agressent vous sautent à la gorge et tant les envolées conquérantes ou les passages intimistes, presque chuchotés, vous plongent dans une léthargie régénératrice. Le public averti se laisse ainsi bercer par ces mouvements de balancier entre poésie éthérée et envolée conquérant. La chanteuse nous parle entre les morceaux exposant sa douce voix et son sourire ultra-bright, dévoilant derrière l’émotion intime de sa musique une personnalité plus joyeuse, plus affirmée, renforçant encore ma sympathie pour l’artiste et ses musiciens. Les morceaux s’enchainent sans accrocs et  ainsi que ce sentiment de catharsis et guérison collective qui grandit en mon for intérieur. La prestation de SYLVAINE se clôt ainsi dans une atmosphère onirique, offrant un spectacle à la fois puissant et raffiné, loin des stéréotypes qui réduisent le metal à de simples démonstrations de brutalité.

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Encore embrumé par la prestation de SYLVAINE, adossé à une barrière, je regarde, lascif et passif, le changement de plateau s’opérer au pas de course… C’est quoi déjà le nom du prochain? DARKENHÖLD !

Je dois bien avouer que je ne connais pas très bien la musique du groupe, pourtant régional de l’étape. Mais l’irruption sur scène des musiciens vêtus de capes, de poignets de force et autres chemises à jabot, de pantalons trop serrés ou en cuir, me donnent rapidement une indication sur le style pratiqué par le quintet. En quelques secondes, on se retrouve face à un black metal médiéval plutôt classique mais très efficace et avec un son carré et clair. Les choeurs sentent le mâchicoulis et la voix me transperce le coeur comme une flèche tirée d’un meurtrière. Les titres comme « Le Souffle des Vieilles Pierres » ou « Sous la Voûte de Chêne » fleurent bon le catalogue papier Adipocere, et les Niçois jouent parfaitement le crédo « château-fort » ajoutant un côté épique de par ses solos et un riffing très heavy, très old-school. En terrain conquis, le groupe n’a aucun mal à faire bouger son public, quelques harangues du chanteur Cervantes suffisent. Après une petite heure parfaitement maîtrisée, DARKENHÖLD quitte la scène sous les applaudissements et avec la satisfaction du travail bien fait.

L’approche du comptoir s’est faite par des chemins détournés, mais quel ne fût pas ma surprise de découvrir un bar à confusion métrique. Confusion frisant la dyscalculie puisque le prix d’une bière de 33cl ne me donne qu’une bière de 25cl et que l’hydromel, affichée comme boisson divine et « régionale », n’est qu’un affreux pré-mix’ qui ferait hurler les Bigoudènes tant cela ne ressemble en rien à ce simple breuvage fermentée, fait d’eau et de miel. Malgré ces petits couacs d’affichage et de contenants-contenus, on se rabattra sur la bière…

Maintenant, c’est au tour du black metal froid des Marseillais d’ACOD d’entrer en scène. Une ambiance beaucoup plus noire, plus crue s’est installée… Moderne et violent, le groupe présente « Versets Noirs », et apporte sur scène cette flamme noire que je n’avais pas encore vue ce soir, ce côté sulfureux et subversif, pour le plus grand plaisir d’un public désormais chauffé à blanc et prêt à en découdre.

Avec ACOD, le black death hexagonal semble bien se porter, quelle claque, quelle puissance dégagée ! Le trident ne fait pas de quartier, tout y est. Les riffs, tranchants et implacables, s’enfoncent dans l’esprit avec une précision glaçante. La technique, froide et imperturbable, se mêle à l’atmosphère lourde tandis que l’énergie dévorante du chant – un cri dans les ténèbres – frôle la frénésie. Que dire de plus?

À noter la prise de parole encourageante du groupe quant au besoin d’évènements de ce type (festival metal) dans la région PACA. Une voix qui fait plus que du bien pour une association qui se bouge et pour un festival qui débute. On sent, de la part du groupe, une implication sans faille envers la scène locale, une envie de promouvoir le metal, et franchement ça fait la différence…

J’ai du mal à trouver les mots pour décrire cette prestation, tant l’ambiance unique, sombre et écarlate, proposée par le groupe m’a complètement happée. Le concert commence avec l’écran en fond de scène qui diffuse quelques images issues des vidéos de CELESTE. Puis place aux musiciens, silhouettes énigmatiques, phares rougeoyants qui dégagent un charisme troublant, presque inquiétant. Et ce metal noir et boueux qui distille une atmosphère particulière, presque suffocante, dont on ne peut s’échapper. Le set ressemble à une descente aux enfers, tout en intensité. Le public entre en transe et se balance au grès des riffs tempêtueux. Aucun discours superflu entre les morceaux, aucune interaction avec le public, aucun artifice – simplement une musique brute, oppressante, qui saisit aux tripes. À la fin du concert, le groupe est acclamé par un public lessivé par tant de puissance et d’émotion déployées. Le meilleur groupe de la soirée sans aucun doute…

Une jolie soirée et une belle première pour le festival. À dans un mois pour le second acte…

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