Cette journée est sans doute le point culminant de cette édition. Une programmation absolument grandiose avec plusieurs sets qui vont fortement marquer la cuvée 2024 du Hellfest. C’était LA journée à ne pas manquer cette année. 

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Ankor 
Un groupe composé de jeunes qui compte 20 années de longévité, vous y croyez ? Quand on commence à 13ans et qu’on bosse sérieusement et qu’on s’appelle Ankor, c’est possible. Le groupe est venu pleinement ravir toutes les personnes présentes qui étaient pour beaucoup de vrais fans. Ça peut paraître mignonné sur album mais sur scène il faut reconnaître qu’il y a une super énergie qui sublime clairement les titres. Les clins d’oeil électro sont toujours un peu surprenants à mon goût mais c’est ce qui fait clairement l’ADN du quintet.

Lovebites
Par curiosité j’ai souhaité y jeter un oeil. Les groupes japonais sont à l’honneur cette année et le Hellfest continue dans sa démarche d’ouverture même en termes de frontières. Un concert efficace et bien exécuté, mais sans originalité. A mi chemin entre le chant de Bruce Dickinson et l’instru d’Angra et Nightwish, on a l’impression d’avoir entendu cela quelques milliers de fois il y a une vingtaine d’années. Un groupe clairement dédié aux amateurs de heavy métal à la sauce fin 90’s début 2000’s.

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Photo @ Sarah Cross

Dropout Kings
Un des OVNI du Hellfest. Défini comme du Trap métal, il s’agit d’un mélange entre plusieurs genres de type fusion, nu métal, rap, r’n’b… Un mixe qui a convaincu une foule au départ clairsemée qui s’est rapidement dansifiée. Il faut dire que Adam Ramey a immédiatement fait du Pit une extension de la scène. Dès le début il passe la barrière et vient poser son flow au milieu des gens. Il n’a pas manqué de réitérer l’expérience à plusieurs reprises, sans manquer de slammer par 2 fois. Son acolyte ne tient pas non plus en place, enchaînant les mimiques, déambulant du bassin, sautant, souriant… Et allant lui aussi slammer. La scène, une vraie seconde peau pour eux. Un moment assez singulier qu’il ne fallait pas manquer !

Textures
En voilà une reformation qu’on espérait tant! Les néerlandais sont revenus défendre leur discographie et notamment leur dernier album paru en 2016, un an avant leur séparation. Et comme si rien ne s’était passé on a l’impression de reprendre exactement là où on en était, avec le brillant « nouveau » chanteur de l’époque. La dernière fois qu’ils étaient passés ici c’était donc en 2017, sur une Main Stage. Je trouve que la Altar leur va mieux, plus intimiste, super son, et adapté à un public un peu moins nombreux mais composé de vrais connaisseurs. On retrouve les riffs décapants, les chants envolés, les rythmiques syncopées, bref tout ce qu’on aime chez Textures. Ils sont heureux d’être là et nous aussi !

Karnivool
Première venue au Hellfest et une belle réussite ! Bien que leur musique soit complexe ils ont su adapter leur setlist pour captiver le public présent sous un soleil de plomb. 40 minutes de show c’est trop court pour les apprécier à leur juste valeur. Les titres étant longs et l’univers atmosphérique si important à instaurer que nombreux sont les festivaliers à à avoir été surpris de voir arriver la fin du set. On en redemande ! Plus long la prochaine fois messieurs les organisateurs 🙂

Klone
Les poitevins sont de retour au Hellfest ! Après une petite déroute, si je puis dire, suite à une panne de camion de dernière minute, ils ont réussi à parvenir jusqu’à Clisson. Et l’Altar est pleine à craquer ! Ça déborde pas mal sur la Temple ce qui signe une belle attente des festivaliers restés fidèles à un groupe qui a très largement fait évoluer son style. Klone n’aime pas trop faire 2 fois la même chose. En effet depuis quelques années Klone oeuvre dans l’écriture de titres résolument plus ambiants. Le dernier album semble faire quelque peu la transition entre les 2 précédents albums, et l’historique métal du groupe. Alors, à quelle sauce allons nous être mangés? Klone a choisi de nous offrir un début de set énergique avec le titre Rocket Smoke, suivi de titres plus ambiants, ce qui n’a pas déplu à la foule captivée. Une belle prestation qui confirme que Klone fait bel et bien partie des incontournables du paysage hexagonal.

Einar Solberg
Le très talentueux auteur/compositeur/chanteur de Leprous fair son retour au Hellfest cette fois dans le cadre de son projet personnel. Dédié à la part de sa vie de 16 à 19ans, Einar Solberg nous dévoile une part intimiste de son vaste univers. Si son album est incontestablement bien écrit, il prend toute sa voilure sur scène. Servi sur une production parfaite, à la fois équilibrée et puissante, et interprété par des musiciens enivrés et ultra talentueux, on a la sensation de goûteur au nectar de la musique de Solberg. Alors oui, rares sont les morceaux un peu punchy, bien que quand ils le sont ils sont réellement divins, mais c’est quelque part « le temps hors du temps » du Hellfest. Sublime.

Polyphia
Là on rentre dans la 5e dimension. Les texans ont bâti leur renommée sur leur technicité, et en particulier sur le jeune prodige Tim Henson. La technique est effectivement au cœur de l’écriture, et c’est imparable. Tout le monde a les yeux rivés sur les doigts tatoués du charismatique guitariste et ses incroyables acolytes. Pas de fond de scène, pas de fioriture, seules quelques flammes balaient la scène ça et là au gré de l’évolution d’un show dantesque. Les caméras et les yeux sont rivés sur les plans des doigts de fée de ces musiciens hors paire qui ont fait basculer le prog dans une nouvelle ère. C’est une claque mo-nu-men-tale. Il y a ce quelque chose de surhumain, envoyer de telles envolées tout en souriant, c’est assez fou. Qui plus est Tim Henson a cette simplicité, cette humilité qui force encore plus le respect. On connaît bon nombre de « guitar héros » qui ont ostensiblement une haute estime d’eux mêmes, pour lui c’est tout l’inverse. Mis en avant sur son estrade, le garçon s’y place à chaque fois presque timidement, levant la tête systématiquement avec le sourire pour regarder le public avec son visage juvénile, un peu comme un enfant qui vient présenter ce qu’il sait faire en spectacle de fin d’année. Puis la magie opère, sa virtuosité nous rappelle à tous qu’il est le maître des lieux et que personne n’atteindra son niveau ce weekend. Tout en restant au service de la musique, c’est groovy, bluesy et prenant. Que dire ? Bravo ! Quelle claque.

Steel Panther
Un show habituellement drôle et énergique, rempli d’humour et de filles sur scène !

Tom Morello

Ne Obliviscaris
Suite à Polyphia on se dit qu’il est difficile d’enchaîner en terme de technicité. Mais les Australiens sont là pour nous rappeler qu’eux aussi sont des virtuoses. Leurs titres ont toujours cette ambiance apocalyptique, ensorcelante, hypnotisante. Le violon lancinant et l’alternance des deux mêlant viennent sublimer la férocité de leur death métal, le relief de leurs mélodies et la technicité de leurs parties respectives. Ils n’étaient pas venus depuis 2015 et il était grand temps qu’ils fassent leur retour ! Surtout que depuis sont sortis les albums Urn en 2017 et Exul en 2023. Il était grand temps qu’ils reviennent. Une tempête dévastatrice s’est abattue sur la Altar. Cette tempête a un nom : Ne Obliviscaris.

Satyricon
Déjà passés quelques fois au Hellfest, les revoilà, là où on les attend. En effet Satyricon pour moi c’est un peu comme Amon Amarth ou In Flames (ndlr : aux puristes qui lisent cet article désolé pour le parallèle 🙂 ), on veut qu’ils nous servent exactement ce qu’ils savent faire. Pas d’innovation, pas de fioritures, pas d’originalité : on veut du Satyricon. On passe donc directement au plat de résistance. Et en la matière on est bien servi ce soir ! Satyricon présente toujours des shows efficaces, pas (ou peu) stéréotypés ce qui attire ou en tout cas est susceptible d’attirer aussi un public plus « death métal », au-delà de la sphère bien fermée du trve black metal. La Temple est pleine et apprécié grandement le spectacle !

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Shaka Ponk
Choix de programmation largement débattu, mais je crois que ce soir Shaka Ponk aura au moins mis tous les arguments pour tenter de convaincre les septiques. Introduction épique , son massif, décor de scène somptueux, chanteurs incrustés par IA dans un décor virtuel de fond, une vingtaine de choristes magnifiquement vêtus, production massive… L’impression d’avoir la tête d’affiche de la soirée! A noter le titre « I’m picky » qui aura mis une ambiance particulièrement bonne, et la reprise toute en évolution de « Smells like teen spirit« , sans doute la plus originale que j’ai pu entendre jusqu’ici parmi la ribambelle de versions qui peut exister. Enfin et évidemment Shaka Ponk reste un groupe investi politiquement : déjà déterminé à arrêter leur parcours pour raison écologique, le groupe n’a (évidemment et comme à son habitude) pas hésité à prendre position contre le RN (et aussi contre Macron mais ça aussi c’est assez classique). Shaka Ponk a fini en brandissant un drapeau aux couleurs LGBT et n’a pas manqué de tenir un discours de rassemblement et de tolérance tout au long de son show. Un moment manifestement apprécié au vue des réactions dans un contexte politique qui était alors déterminant…

Machine Head
Enfin! Alors que Machine Head est un ancien habitué du Hellfest, ils ont mis un paquet d’années à revenir en terres clissonaises. Tout le monde est donc très, très heureux de les revoir enfin ici. Et là aussi on est sur un très gros show. Drapeau gigantesque couvrant la scène, le ton monte, et les premières notes d’Imperium résonnent… Ce qui annonce une setlist de rêve. Les flammes jaillissent et la voix puissant de Robb Flynn vient foudroyer l’impatience d’une foule massée devant la Main Stage. Les tubes s’enchaînent les uns à la suite des autres, ne laissant aucun moment de répits aux festivaliers et à leurs nuques. Davidian finira presque de les achever avant de laisser place à l’immense Halo en feux d’artifice, un des moments marquants de ce Hellfest 2024. Quel vendredi !

Pain of Salvation
La team de Daniel Gildenlöw revient une nouvelle fois faire vibrer les émotions des festivaliers. La place est en grande partie faite au somptueux dernier album Panther. À cette heure là et sur ce créneau là (en face de Machine Head) une certitude : il n’y a que des « fans » du groupe. Daniel va essuyer plusieurs déconvenues avec sa guitare, malgré l’aide de son roadie Enzo (qui aura même reçu une acclamation du public :-)), alternant à un moment donné littéralement le chant et le réglage technique de son pédalier à quelques secondes d’intervalle. Scène assez cocasse qui n’a pas manqué de faire rire et réagir la foule! A part cela, une jolie setlist, un public conquis et un talent toujours aussi indéniable. Fin de soirée pour nous sur cette touche de perfection !

Credits photos@Fabien et @ Sarah Cross. Ne pas reproduire sans autorisation.

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