Après OBITUARY, CANNIBAL CORPSE, DYING FETUS, INCANTATION etc., 2023 marque définitivement le retour des légendes du death made in US. Cette bourrasque carnassière et pestilentielle semble s’achever cet automne avec la sortie de cet « Hymns From The Apocrypha » des New-Yorkais de SUFFOCATION remettant incontestablement l’église au milieu du village avec ce son signature ( qui a inspiré toute la frange deathcore ), toujours truffé de blast-beats, de break-downs fracassants et d’une voix gutturale ultra-basse et monocorde.
Le silence radio depuis « …Of The Dark Light » ( 2017 ) a clairement permis au quintette de se régénérer après la retraite anticipée de l’inénarrable chanteur et fondateur Frank Mullen et les changements de line-up divers. Ce nouvel album est donc le premier de l’ère post-Mullen et si il n’a rien d’étonnant ou de bouleversant, il est l’oeuvre d’un groupe qui se remet en mouvement, qui se remet dans le sens de la marche…
Et on peut dire que le groupe va bien, que la chaîne ne s’était pas trop détendue, ni abimée. Un bon coup de WD40 et c’est reparti. Preuve en est ce titre d’ouverture qui nous plonge immédiatement dans le plus pur SUFFOCATION avec son groove traditionnel, ses riffs dégingandés mais précis, ses solos féroces et un rythme plus qu’effréné. « Perpetual Deception » expose des riffs plus arachnides et des slams atomiques, « Dim Veil Of Obscurity » joue sur les variations de dynamique, tantôt galopante, tantôt cassante, l’épique final « Ignorant Deprivation » bénéficie de fantastiques vocaux torturés et d’un slam démesuré, etc.
Par ailleurs, le « petit » Ricky Meyers ( qui officie également chez DISGORGE ) s’intègre aisément dans son nouveau rôle – même si le fait de ressembler quelque peu à son prédécesseur facilite la transition. Il couvre toute la gamme classique, y ajoutant même quelques modulations bienvenues. À noter que le mix est clair et net, offrant une section rythmique massive et écrasante, avec notamment une basse cliquetante, très agréable pour les oreilles averties.
Ainsi, les Américains nous livrent ici un neuvième album sans répit, sans pitié ni pardon, rendant hommage à leur propre passé tout en conservant une ligne directrice inébranlable pour le futur. SUFFOCATION entame sa quatrième décennie d’activité sans perdre une once d’intensité ou d’agressivité. Le sang neuf injecté au fur et à mesure des départs en retraite et autres défections semble régénérer le groupe, lui insuffler suffisamment d’air pour qu’il continue de suffoquer… et qu’il continue d’inspirer et de faire vivre avec force et détermination son héritage gargantuesque.