[ Chronique ] KVELERTAK – Endling ( Rise Records )

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Fâché après « Nattersferd » ( 2016 ), agréablement surpris par « Splid » ( 2020 ), je ne sais jamais sur quel pied danser avec KVELERTAK. En effet, le groupe me semble être d’une grande versatilité, capable d’emporter tout sur son passage, de me passionner puis de me faire tomber dans l’ennui le plus total en quelques minutes ou du moins d’un album à l’autre… Ce cinquième album, « Endling », interroge donc quant à la capacité du groupe à répéter les efforts et à redoubler de créativité afin de tenir son rang. Si il est vrai que le principal attrait de son dernier méfait était l’arrivée d’Ivar Nikolaisen au chant brisant, par sa polyvalence, l’aspect linéaire et stéréotypé de la voix de Erlend Hjelvik et apportant une motivation nouvelle, une implication, de nouvelles idées clairement plus punk-rock, plus accrocheuses, plus mélodiques et donc un style forcément plus ouvert. Mais ce vent de fraîcheur, ce souffle spiritueux, ce regain d’énergie va-t-il perdurer ? 

Dès les premières encablures, force est de constater que le style est toujours là ( et le son aussi ). On retrouve avec une joie non dissimulée ce gloubi-boulga rocailleux et savoureux, grésillant et grisant, boosté au thrash, au punk, au black, à tout ce qui traîne en somme !

« Krøterveg Te Helvete » ouvre l’album sur un enchaînement riffs post’ amples et mystérieux, comme un avertissement ou plutôt une invitation à enfiler les chaussures de rando’ pour galoper à travers monts et fjords. Quelques touches de piano de-ci de-là contribuent à l’ambiance très progressive avant qu’une avalanche de riffs 70’s ne viennent masquer la vue, comme si les frimas d’une aube violette et perçante venaient saccager ce ciel bleu clair de lune. L’atmosphère semble installée… Et pourtant, KVELERTAK va enchaîner avec des titres tous plus différents les uns que les autres penchant d’un côté pour les bangers black’n’roll ( SATYRICON vient immédiatement en tête ) puis vers le hard rock psyché ou punky d’un autre côté…

« Fedrekult », « Likvoke » ou « Motsols » semblent alors fait du même bois, ravivant la flamme, provoquant le chaos, faisant briller les yeux et saliver devant un déferlement malotru de style tous plus séduisants les uns que les autres : du LED ZEP’ sous speed et ayant bouffé du black ( ou inversement ) avec une bonne rasade de whisky bon marché estampillé TURBONEGRO ( le tubesque « Svart September » en tête ). 

Mais cet album n’hésite pas non plus à s’épancher, à explorer si ce n’est de nouvelles voies du moins de nouvelles idées que KVELERTAK tente d’amener avec talent et forcément un peu d’audace… « Døgeniktens Kvad » pousse le vice jusqu’à tester une forme de country black’n’roll dans une grange sombre où le banjo sert d’instrument au sabbath alors que « Skoggangr » expérimente le blues rock des 70’s à la DEEP PURPLE. « Endling », et ses voix claires, flirte avec le power-pop-punk très rafraichissant qui donne tout de suite envie de prendre une caisse et de rouler, rouler et rouler, les cheveux au vent ( pour ceux qui en possèdent encore ). Enfin « Morild » vient nous embarquer dans les aspects les plus psychédéliques et progressifs des Norvégiens, nous démontrant également sa capacité à charmer, à nous entourlouper par des riffs chaloupés, des mélodies et des refrains joliment ciselés, et des rythmiques sinueuses rappelant nettement un BARONESS ou un MASTODON mais avec cette touche profondément scandinave qui illumine le tout.

Au final, ce qui prime sur ce nouvel album c’est la diversité : des titres courts, intenses, très punks se mêlant à des monolithes riches et gourmands. Tout est présent et bien dosé pour contenter les amateurs éclairés, les adeptes de confiseries complexes ou simples mais à la saveur profonde et intense. Tout en s’enfonçant davantage dans les traditions et les légendes norvégiennes, tout en étant de plus en plus folk’ dans ses mélodies mais pas au sens médiévaliste, vers quelque chose de beaucoup plus réel et concret, KVELERTAK réussit à conserver et à pérenniser le plaisir qu’on avait pris sur « Splid », cette énergie juvénile ce côté morveux-maîtrisé et authentique, cette fougue scandinave qui continue de nous traverser, qui continue de nous faire vibrer… Ne serait-ce pas le plus important ?

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