2023, les meilleurs moments du festival Sylak Open Air !
Un nouveau sold-out bien mérité, une programmation impeccable et une organisation au top, le rendez-vous est donc pris avec le public toujours aussi fervent et fidèle du SYLAK. Il faut dire que ce festival remplit toutes les cases : un esprit de fête et de convivialité qui fait de ce weekend début août un moment à part dans l’année.
La formule reste inchangée : 28 groupes à l’affiche, du vétéran à la jeunes formations locales. Le choix d’une jauge à taille humaine, avec sa programmation hétéroclite brassant tous les genres ramène chaque année un public d’amateurs éclairés, de curieux, voire des familles entières venus passer un bon moment.
Depuis 2018, le festival accueille 10 000 spectateurs. La canicule nous aura été épargné cette année et les 280 bénévoles au petit soin ont pu perfectionner l’accueil, avec une nouvelle décoration, et encore plus de soins portés au confort du festivalier. Mais parlons musique à présent.
VENDREDI 4 août
La traditionnelle soirée mousse du vendredi est lancée pour nous avec le hardcore furieux de ALEA JACTA EST. Les Toulousains chauffent la piste comme personne. Après avoir joué sur des festivals comme le MOTOCULTOR, ils maîtrisent la scène et réchauffent l’atmosphère et font tourner à fond les tireuses à bières. Typiquement le genre de groupe que le SYLAK a coeur à soutenir.
Après la décharge d’énergie métallique de ALEA JACTA EST, BLOCKHEADS, les légendes du grindcore français, viennent nous inviter à bouger dans le pit.
BLOCKHEAD va encore une fois tout arracher ce soir – et remporté comme prévu le prix du set le plus extrême. Leur excellent dernier album « Trip To The Void » est là pour prouver l’état de santé de la scène nancéenne et du grindcore en général en France. On pense bien évidemment aux autres cadors du genre : NAPALM DEATH et NAILS en tête, avec ses morceaux courts, véritables condensés d’énergie brute, concentrés en une formule crust, grind, voire death. On y beugle sa rage mais aussi ses valeurs. La température monte encore d’un cran sur la scène, et sous les pis géants qui déchargent la mousse à flot, la fête éclate. Les danseurs s’en donnent à cœur joie.
DEATH BEFORE DISHONORED vient clôturer la soirée en balançant son hardcore beatdown de Boston. Il propose un nouveau titre « Babylon », qui sonne très fortement comme du MADBALL, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Les textes parlent de la violence de notre société, l’aliénation et la solitude des gens. Les chansons sont puissantes et rapides comme celles de TERROR, Sick Of It ALL. Les gros mi-tempo écrasent tous et les variations de rythmes, essence du genre, séduisent le public venu ce soir-là.
SAMEDI
Le samedi matin. BUY JUPITER remporte tous les suffrages en ouverture du festival. Le chanteur malgré un discours étonnement auto-dépréciatif de sa propre musique défend excellement sa partie derrière son micro et nous offre un set digne de feu HACRIDE. Même si l’actualité discographique du groupe n’a pas l’air très récente, il a éveillé notre curiosité pour la suite.
En milieu d’après-midi, NASHVILLE PUSSY nous met dans l’ambiance d’un grand festival. Leur performance, à base de Jack Daniel, de rock sudiste et de sueurs, reste intacte malgré les années. Acoquinée avec la charmante bassiste Bonnie Buitrago, le couple Blaine Cartwright et la guitariste Ruyters Suys tient la barre d’un rock’n’roll juteux, jouissif, avec lequel ils nous ont régalé avec tous leurs classiques pendant une heure. De la bonne humeur comme cela, le public en redemande.
WALL OF JERICHO, depuis 20 ans, tient la dragée haute à nombre de groupes hardcore grâce à la puissance et l’énergie de sa chanteuse CANDACE. Elle nous fait entrer dans la danse dès les premières secondes d’un set énervé au possible, où son charisme éclate entre sourire et discours positifs. WALL OF JERICHO continue donc à nous impressionner. Le groupe originaire de Détroit propose une formule quasi inchangée depuis leur début et que ne peut qu’adorer le public de festival. Du hardcore accessible scandée par un front-woman enflammée qui emporte son audience lors d’interludes avec des speeches donnant à la fois espoir en l’humanité et l’envie de de se remettre à la salle de sport. Reste à savoir si cela vous a donné envie de réécouter un album des américains.
Les vétérans portugais de MOONSPELL fêtent les 20 ans de « The Anditote ». Les pionniers du Gothic metal pratiquent toujours un mélange atypique qui s’éloigne des sentiers battus du metal, toujours en décalage avec la scène de son époque et c’est ce qui fait évidemment son charme. Tout comme finalement SOLSTAFIR qui délivre un live unique tout en mélodie douce amère et rock progressif. .
SEPULTURA avait fait le casse du siècle lors de son précédent passage au SYLAK. Notre ressenti sera un plus mitigé sur leur performance de cette année ; pourtant l’envie est là, le son aussi, et Andreas Kisser, le véritable leader du groupe à présent, continue à nous régaler de sa prestance scénique. La faute à quoi alors ? C’est sans doute dû au fait que les brésiliens ont fait le choix de se concentrer sur leurs albums les plus récents, QUADRA en tête. Mais ces titres plus progressifs n’ont pas l’immédiateté et la puissance des vieux titres de la période des frères CAVALERA. On retient tout de même l’hommage à Mohammed Ali, lancé par Derrick Green. Et les vieux titres joués ce soir-là pour les amoureux des décennies 90 des Brésiliens étaient « Dead Embryonic Cells », « Refuse/Resist », « Arise », « Propaganda », « Ratamahatta ». La réaction du parterre confirme que SEPULTURA n’a toujours pas su digérés et régurgités son passé. Mais il serait injuste de dire qu’ils sont les seuls dans ce cas-là, car Max Cavalera programmé le lendemain sur cette même scène du SYLAK pourra-t-il mieux satisfaire ses fans headbangers ?
KREATOR s’est bonifié avec l’âge- même Petrozza semble toujours avoir la même tête depuis son album référence « Coma Of Soul ». Il jouera pourtant quelques raretés ce soir dont « Awakening of the god ». L’impressionnant décor à l’effigie de son personnage fétiche au faciès de démon, et les flammes en bord de scène éblouissent les spectateurs.
Les titres fusent, sans temps mort, « Satan is Real », le récent morceau « 666, World Divided », et le classique “Flag of the Hate”. Le musicien français Fred Leclerc tient son rôle à la perfection comme bassiste en appuie de la star du show. KREATOR illustre parfaitement les mutations du thrash metal depuis les années 90 et sa métamorphose explique sans doute sa longévité.
DIMANCHE
Il s’agit de la journée la plus remplie en termes de groupes que nous voulions voir à tout prix.
DRIVE NORTH lance la journée et apparait très sérieux dans son dress code noir. Le chanteur déborde d’émotions quand il se dit plus qu’heureux de jouer au Sylak. Il délivre un set très solide et varié.
LENG’TCH finit de nous réveiller avec la bonhommie de son chanteur qui a encore frappé ; il salue le public avec ses sentences plein de philosophie : « J’espère que c’est assez violent pour vous ! ». Et il ira chercher chacune des personnes présentes dans le pit. Il saluera aussi les publics de WACKEN OPEN AIR et du METALDAY, victimes de catastrophes climatiques et évacuer de leurs festivals respectifs. Entre fulgurances metallique et discours stéroïdés, les belges nous achèvent juste à l’heure du repas ce qui nous laisse à peine du temps de nous remettre pour la suite.
CHURCH OF MISERY sera la bonne surprise pour ceux qui le voyait pour la première fois sur scène. D’autant qu’on avait la chance d’avoir un de ses meilleurs line-up. A l’opposé du minimalisme du jeu scénique de leur bassiste leader Tatsu Mikami, seul membre constant du groupe, leur chanteur danse en alcoolique perdu sur scène selon certaines personnes du public ou surfant la vague irrésistible de leur son 7O’s selon d’autres. Il joue 5 ou 6 tires bien long dans la tradition doom stoner – en commençant par l’excellent « Padrino », et quitte la scène bien trop vite.
EYEHATEGOD n’aime manifestement pas jouer en pleine lumière- même si l’ironie de son chanteur Mike Williams reste aussi affûtée et grasse que le son de leurs guitares. On est de toute façon à la messe avec ce groupe fondateur de la scène de Louisiane, qui se dit « ne pas être des Etats-Unis ». Et quand on voit que dans le pit LENG’TCH, CHURCH OF MISERY et BLOCKHEAD venir saluer l’institution qu’ils sont devenus, on mesure leur influence. Sur scène, EYEHATEGOD s’est toujours compliqué à saisir, avec ce son si épais qu’il colle les oreilles aux crânes-, mais ils envoient un sludge inaltérable, tranchant et brutal.
Max Cavalera est SOULFLY. Et quand notre cher brésilien international retrouve du plaisir à jouer sur scène, cela se voit. A 50 ans passés, ses projets avec son frère Igor, et le privilège de jouer avec son fils Zyon à la batterie, font de lui un père épanoui et un musicien qui profite de l’héritage musicale qu’il a construit à force de travail et d’authenticité.
Il insistera aujourd’hui d’ailleurs sur les premiers albums de SOULFLY, en jouant pas moins de 5 titres dont « Back to the Primitive », « Bleed », « Eye For a Eye », puis enchaînant sur des morceaux de Prophecy, avec « Porrada », sans oublier son dernier opus bien thrash « Superstition ». Le supplément d’âme d’un concert de SOULFLY est quand bien évidemment un morceau de SEPULTURA est joué, et « Refuse Resist » dévaste tout, et fait un pied de nez à ses compatriotes qui ont joué la veille. Bonus sur le gâteau, il nous gratifie d’un très rare morceau de NAILBOMB,
Désolé de décevoir immédiatement les vieux fans de DEICIDE – malgré un son très compacte où la caisse claire surclasse un peu trop le reste – le très attendu set du méchant GLEN BENTON s’est vu un peu en demi-teinte. Le monsieur Satan en personne ne s’adressera que deux ou trois fois à la foule, pour dire en substance qu’il préfère joueur que parler. Reste que la setlist est rempli à gaver de morceaux devenus des classiques du death brutal, avec notre titre coup de cœur « Once Open a Cross » !
A l’opposé du déchainement de riffs satanique précédent, HEILUNG vient conclure le SYLAK 2023 avec un spectacle total et envoûtant. Un concert exceptionnel où il se passe toujours quelque chose de stimulant, musicalement et visuellement. Season of The Mist s’est déplacé en personne pour soutenir ce groupe au succès grandissant. C’est l’opportunité pour le spectateur de traverser les âges comme jadis DEAD CAN DANCE pouvait nous le proposer. Certains metalleux ne l’avaient pas bien saisi, et les néophytes et quelques curieux qui n’étaient pas préparés à ce qu’ils ont assisté en sont allés de leurs commentaires sarcastiques. Mais ne leur en déplaise, le choix audacieux du SYLAK est tout à fait à propos. L’ouverture du rideau cachant la scène nous a dévoilé un superbe paysage de forêt ancestrale baigné de chants d’oiseaux. Le collectif danois HEILUNG est tout simplement inclassable. Des danseurs, des percussionnistes, et deux chamans enchantent l’audience. Leur rituel amène à la transe et au voyage temporel pour qui veut bien les suivre. « Drif », leur troisième et dernier album, avec ses textes sur notre proto-histoires, parlent de nos ancêtres du 4ème au 7 ème siècles avant notre ère. Certes, ce n’est pas spécialement facile d’accès, mais le concert nous offre la chance de renouer avec le cycle des saisons, la magie, avec en son coeur le sacrifice d’une femme guerrière. Chacun sera libre de son interprétation, et pour ceux qui se sont laissés porter par l’originalité de cette proposition et sa poésie, ce fut une énorme baffe musicale et scénique.
Tous nos remerciements à l’équipe du Sylak Open Air –