[ Chronique ] CRYPTA – Shades Of Sorrow ( Napalm Records )

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C’est au beau milieu d’un été pluvieux, avec une grosse promo’, que CRYPTA re-pointe le bout de son nez armé de son « Shades Of Sorrow » que l’on doit, que l’on ne peut qu’écouter, puisqu’on est obligés de rester cacher sous les tonnelles, sous les porches, engoncés dans les sièges de bagnoles, cherchant désespérément ce feu sacré qui mettra en fuite ce mauvais temps qui n’a de cesse de nous accabler… 

À la lecture des quelques papiers récemment sortis sur le groupe, je note déjà le départ de la franc-tireuse batave Sonia Anubis ( la guitariste est partie faire les beaux jours de COBRA SPELL ), le quatuor est donc désormais 100% brésilien et s’est remis au travail pour nous proposer son second album qu’on espère, quoi qu’en ait dit la critique ( dithyrambique ) à sa sortie, meilleur que le premier… En effet, je me souviens d’un « Echoes Of Dust » sympa mais pas non plus transcendant, peut-être encore un peu trop stéréotypé et pas assez affirmé ( on parle d’un premier album hein ! ) mais qui du fait de sa composition 100% féminine avait asticoté, fait tourner les têtes et vibrer les coeurs des chroniqueurs et des fans. Mais il faut être honnête et essayer de ne pas se laisser aller au sexisme de bas étage ou à une sorte de discrimination positive, un « femvertising » qui selon moi ne fait en rien avancer les choses… Bref, c’était un bon premier album et pas l’album de la décennie.

Sans nul doute donc, « Shades Of Sorrow » va nous faire replonger dans le féroce royaume du death metal. Passé l’introduction, « Dark Clouds » lance immédiatement les hostilités avec des growls puissants et des riffs acérés, nous montrant d’emblée l’intensité, la complexité dans la composition et la cohésion remarquable dont font preuve les musiciennes. « Poisonous Apathy » lui emboîte le pas et « The Outsider » continue l’attaque, directe et ne laissant aucun répit à l’auditeur, tout en nous démontrant l’incroyable capacité de variation de nos jeunes Brésiliennes. Les solos coulent à flot ajoutant une dimension supplémentaire, guidant habilement les titres ( et nous par la même occasion ) dans des territoires obscurs et intrigants. « Stronghold » plus lent et mélodique tempère les brutaux, implacables mais inquiétants « Lullaby For The Forsaken », « Agents Of Chaos » ou « Lift The Blindfold » . Enfin, l’entraînant « Lord Of Ruins » promet déjà de devenir un classique, un tube…

Après quasiment une heure d’assaut, CRYPTA nous laisse ainsi à bout de souffle, la tête pleine de riffs et de cris, certains mémorables, d’autres plus classiques mais exécutés avec conviction et brio. Il apparaît évident que le groupe a grandi, autant humainement qu’artistiquement et techniquement. Il fait ici preuve d’une grand précision tout en conservant un côté authentique,  organique, une âme qui transpire jusque dans sa production, puissante mais à taille humaine. Les guitaristes Tainá Bergamaschi et Jéssica Di Falchi ont effectué un travail remarquable sur les mélodies et les solos, enchaînant, s’échangeant sans broncher les riffs ultra-heavy et les envolées techniques. Toute cette énergie couplée à la voix de Fernanda Lira ( qui me fait tout de même beaucoup penser à l’ex-ARCH ENEMY Angela Gossow ) permet au groupe de trouver son équilibre, entre agressivité, mélodie et groove.

En résumé, « Shades Of Sorrow » s’inscrit dans la continuité de « Echoes Of Dust ». Il en est une évolution significative qui prouve l’envie et la dévotion du groupe envers son art. Un arbre parmi la forêt voilà ce qu’est encore CRYPTA aujourd’hui et, on le sait, il est difficile d’en atteindre la canopée. Seul le travail et le talent vous en fera grimper les échelons, et c’est exactement ce qu’est en train d’accomplir le quatuor. Sur ce nouvel album, il montre, au-delà de son talent qu’on avait déjà noté, une intelligence d’écriture ( notamment sur les aspects les plus mélodiques ) qui lui donne une profondeur et une consistance qui lui manquaient jusqu’alors. Rien n’est jeté au hasard, les titres prennent sens, sont accrochés les uns aux autres avec discipline, et avec des arrangements malins qui en font tout le charme. La mélodie y tient une place de choix, offrant des sensations disparates et des sentiments passionnants. Si « Shades Of Sorrow » n’est pas un game-changer pour le style, il l’est sans aucun doute pour le groupe qui passe avec lui dans une nouvelle dimension. À surveiller comme le lait sur le feu !

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