[ Chronique ] MIZMOR – Prosaic ( Profound Lore Records )

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MIZMOR ( מזמור – psaume en Hébreu ) est un projet solitaire fondé en 2012 sur les angoisses, les questionnements mystico-existentiels de son créateur, le multi-instrumentiste A.L.N.. Après déjà quatre albums sortis ainsi que différents EPs et collaborations, le prolifique musicien, cet être aigri, brisé mais incandescent ne semble pas avoir réglé « ses problèmes » – sa quête de lumière et de vérité là où il n’y en a visiblement pas.

Ce nouvel album « Prosaic » s’inscrit donc dans une lutte intérieure pour la propre survie d’A.L.N.. Extirpé du néant et de la profonde dépression de l’artiste, il a néanmoins la volonté d’être moins hermétique, moins indigeste, peut-être plus efficace, plus ouvert et donc plus humain. Et pourtant, si telle est la volonté de son créateur, le résultat n’en est pas moins difficile d’accès pour les chastes oreilles. Si il a voulu nous partager son intimité, ses réflexions profondes, musicalement on se heurte à quelque chose de cru, de glacial, qui donne parfois la sensation d’un mur qui s’effrite, parfois celle d’un blockhaus percé de meurtrières d’où semble s’échapper mélancolie, haine et rancoeur…

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D’emblée « Only An Expanse » alterne des motifs récurrents de metal noirci, froid et implacable avec des rythmiques plus lentes et solennelles – hommage à peine caché à la Scandinavie de la fin du siècle dernier. Cependant, contrairement à ces références obscures, le son reste étonnamment puissant, étouffant et organique, au final relativement moderne. Le charnu et l’adipeux n’arrivent que sur le malaisant « No Place To Arrive » qui offre une perspective plus doom dans l’étendue et plus sludge dans la dispersion. Les très lents et très lourds riffs s’allient ainsi aux voix douloureuses et désespérées, et ne sont nuancés que par quelques maigres arpèges folk’. 

Bon, je ne vais pas rentrer dans des explications exhaustives de chaque morceau tant ils se lient les uns aux autres. La suite n’est donc que variation sur le même style avec tout même quelques touches drone par-ci par-là et de nombreux riffs dissonants baignés de black d’un autre côté. Ce qui permet A.L.N. de nous démontre comment s’embourber dans le soufre et patauger dans l’abjection tout en essayant d’en sortir. Il fait tourner, résonner ses riffs et ses voix, jusqu’à la démence ( ou la disparition ) pour mieux nous confier son mal-être, sa détresse.

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Au final le plus remarquable, je trouve, sur « Prosaic » est cette capacité nouvellement acquise de varier les combinaisons rythmiques provoquant ainsi d’autres émotions, des sentiments qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors, qui n’avait aucune existence sur « Cairn » ( 2019 ) par exemple. La musique prend alors une allure plus féroce, plus tranchante, mais aussi plus épique, ce qui change radicalement l’expérience, l’appréhension et le plaisir que l’on peut avoir à écouter le projet MIZMOR.

Avec ce nouvel album A.L.N. a-t-il réussi sa quête personnelle ? Seul l’avenir nous le dira. Mais ce qu’on peut déjà dire c’est que sa musique reste aussi exigeante et méticuleuse que perturbante et somatique. Un album donc remarquable à bien des égards mais à ne pas glisser entre toutes les mains…

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