[ Chronique ] JOHNNY THE BOY – You ( Season Of Mist )

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Au départ, ce n’était qu’une récréation pour les membres du groupe de dark-doom-rock CRIPPLED BLACK PHOENIX mais parfois les meilleures idées viennent par hasard, spontanément. Né d’une répétition, d’une idée, d’une envie commune qui a fusionné au cours des deux dernières années en une entité entièrement nouvelle, JOHNNY THE BOY, avec pour seul but de produire une musique brutale, instinctive et douloureuse. Formé autour d’un noyau composé de la chanteuse Belinda Kordic, du guitariste Justin Greaves et du bassiste Matt Crawford ( tous membres de C.B.P. ), JOHNNY THE BOY dévoile les penchants les plus obscurs, les plus agressifs et les plus hargneux de ses protagonistes. Tout ce qui n’a pas sa place dans C.B.P. en somme.

Réuni par cette attirance pour la musique extrême et par cette opportunité de revenir à ces premières amours, le trio a planché sur une série de titres intenses sculptés dans le black, dans le sludge, dans le punk, pour se créer sa propre identité, parfaitement imparfaite mais prête à crever sous nos yeux… Et « You » en est le témoin : un album dur, concis, mijoté dans le sang, la sueur et les larmes. 

On avait senti les premiers frissons du projet sur le titre « No Regrets » malicieusement placé à la toute fin de « Banefyre » de C.B.P. ( 2022 ). Un titre étrange qui avait beaucoup fait parlé puisqu’extrême et différent de ce que les Anglais proposaient sur le reste de l’album. Avec l’éclairage présent, tout prend sens et on se rend compte que tout a été volontairement orchestré, que le titre avait été mis ici à dessein, comme un avis de tempête, comme les prémices de la fureur noire qui allait s’abattre sur nous. Malin ce JOHNNY 

L’album est une évocation des origines, une muraille de riffs sur-puissants alliant la rapidité du punk et la froideur d’un BATHORY à la mélancolie oppressante du post-metal. Avec des titres type blitzkrieg comme « Wired » ou « Druh » et des morceaux plus denses et plus épiques comme « Endlessly Senseless » ou « Crossings », les Britanniques créent ici un maelström abrasif mais cohérent soutenu par les cris de Kordic qui élèvent chaque titre à un niveau supérieur d’intensité primitive. Tout est brut, à peine poli, « You » sonne étrangement familier mais relativement (a)varié. 

Un des éléments les plus percutants et des plus distinctifs me semble être la voix de Belinda Kordic, très agressive, très viscérale et surtout extrêmement importante, centrale. Elle crache son venin avec une force qu’on ne lui connaissait pas ( ou peu diront certains ). Ses textes se distinguent en évitant les clichés du metal extrême et en choisissant un angle plus « politico-social » ( un peu comme dans CRIPPLED BLACK PHOENIX au final ) avec notamment des diatribes contre notre monde actuel, contre les dictatures, et d’autres sujets comme la misère, la fin de vie, la solitude, la névrose, et même une référence au résistant polonais Witold Pilecki

En somme si ce premier album de JOHNNY THE BOY n’est pas une révolution, il est en tout cas un défi, un acte cathartique profond et regain de vitalité pour ses protagonistes. Avec des membres qui ont pas mal bourlingué dans le milieu, on aurait pu s’attendre à les trouver blasés, cyniques à l’excès alors qu’au final ce « You » ravive la flamme, sonne pur, sans trucage, authentique. Derrière les musiciens chevronnés, on retrouve les ados souriants qui aimaient jouer vite et fort, qui aimaient brailler à s’éclater les tympans ( et ceux des autres )… Parfois, le hasard fait bien les choses…

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