[ Chronique ] PREDATORY VOID – Seven Keys To The Discomfort Of Being ( Century Media Records )

image article [ Chronique ] PREDATORY VOID - Seven Keys To The Discomfort Of Being ( Century Media Records )

La Belgique est un territoire propice aux expressions métalliques, on le sait depuis fort longtemps. D’ABORTED à BRUTUS en passant par ENTHRONED, WIEGEDOOD et AMENRA, le panel est large et impressionnant, autant en quantité qu’en qualité. Venu de Gent et de la Church Of Ra ( émanations sonores autour d’AMENRA ), dirigé par Lennart Bossu lui-même guitariste dans de multiples projets tous plus sombres, innovants et inquiétants les uns que les autres ( AMENRA et OATHBREAKER en tête ), PREDATORY VOID vient d’éclore sur la scène européenne avec une poignée de singles et un premier album baptisé « Seven Keys To The Discomfort of Being »

Entouré de musiciens savamment choisis parmi ses amis gantois, le musicien nous fait découvrir différentes aspérités de sa personnalité sonore aux limites troubles. Peu de surprise donc pour « les aficionados de la Church » mais un premier album d’une lourdeur écrasante, plutôt difficile à classer. Le groupe balaye un vaste spectre, tissant des liens stylistiques fluides et cohérents entre le death, le black, le doom et même un peu de hardcore. On retrouve l’intensité et le côté très organique du travail de Bossu au sein d’AMENRA mais avec des aspects beaucoup plus directs, urgents et tranchants.

« Grovel » ouvre l’album sur une chevauchée à cru, râpeuse et abrasive, faite de blasts furieux et de riffs saturés, sorte de death dissonant, crénelé et granuleux qui ne quittera nos tympans que le temps de courts intermèdes aux voix claires noyées de reverb’. La suite nous entraîne sur les mêmes chemins tortueux et les mêmes atmosphères pesantes, aux confins des styles extrêmes, avec seulement quelques mélodies dissonantes et blackisantes pour se rattraper. Bien évidemment le sludge-doom, marque de fabrique de notre cher Bossu, n’est jamais bien loin notamment sur « *(struggling..) » et « Endless Return To The Kingdom Of Sleep » qui ne sont pas sans rappeler le récent « De Doorn » de son projet principal ou le « Rheia » d’OATHBREAKER.

L’apport de chanteuse Lina R. ( dans un style bien différent de Caro Tanghe ) n’est ici pas négligeable. Elle se démarque par une prestation mystérieuse, oppressante, à la beauté froide, mais polyvalente. Ses cris rauques glaçants ou ses voix claires, lointaines et éthérées accentuent la sauvagerie et l’affliction qui traversent l’album. 

 

Ainsi, l’interlude acoustique mené par sa voix, « Seeds Of Frustration », développe des thèmes dit « wolfiens » et nous apaise un peu tout en nous plongeant dans un chagrin apathique qui force quelque peu la tête à s’abaisser avant d’être pris dans le marasme sonore plus post-metal de l’outro « Funerary Vision », et ses dix minutes aussi lourdes que lentes, aussi volontairement ennuyeuses que ternissantes – tourbillon spleen qui finira de nous pétrifier, de nous achever.

Habitués aux longs formats scénarisés dans leurs projets respectifs, Bossu et sa bande proposent, avec  « Seven Keys To The Discomfort Of Being », un album d’une maîtrise rare, une expérience immersive complète, haletante et hypnotique, mais concise et crue. En moins d’une heure, PREDATORY VOID déploie et développe tout son savoir-faire, toute sa sophistication, toute son expérience pour parvenir à apaiser les diaphragmes des soumis aux vagues d’effroi ( comme Lina sur « Shedding Weathered Skin » ), pour parvenir à faire sauter les verrous de nos angoisses, à les libérer et les transformer en catharsis, en un golem de post’ et d’argile, boue noirâtre et friable mais fondamentalement régénératrice.

Partager

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.