[ Chronique ] GRAVE PLEASURES – Plagueboys ( Century Media Records )

image article [ Chronique ] GRAVE PLEASURES - Plagueboys ( Century Media Records )

Après des débuts en tant que BEASTMILK en 2013, puis un changement de nom en GRAVE PLEASURES et le frénétique « Motherblood » en 2017, suivi d’un battage médiatique somme toute un peu exagéré, les Finlandais reviennent cette année aux affaires avec « Plagueboys », un album aussi attendu qu’une détonation thermonucléaire dans l’atoll de Bikini au coeur des années 50.

Sur ce nouvel album, le groupe poursuit le même rêve post-punk humide et pastel où se rencontrent et s’emboîtent aussi bien JOY DIVISION que KILLING JOKE ou BAUHAUS, une sorte de festin pop-goth’ dansant enrichi à l’électro, truffé de synthé’ kitsch et de questions existentielles.

 

Chacun des dix titres est chargé d’une pesanteur mélancolique et déchirante qui enveloppe l’âme : ils touchent autant qu’ils rassurent, ils innovent autant qu’ils confortent dans une identité sonore bien définie et totalement maîtrisée. Si cette même sensation traverse l’album, les morceaux ont des dynamiques et des facettes bien différentes. On a envie de danser, de se râper les panards entre les tombes au son des ingénieux et savamment dosés « Imminent Collapse », « Tears On A Camera Lens » ou « Society Of Spectres » alors qu’un « Lead Balloons », un « Disintegration Girl », ou un « Heart Like a Slaughterhouse », peut-être un peu plus lents et sombres, sont portés par des mélodies dark-pop et reflètent un état émotionnel encore plus lourd et plus touchant.

Au centre de ce « Plagueboys » et de GRAVE PLEASURES, il y a forcément la voix de Mat McNerney, unique et familière à la fois, enracinée dans un étrange détachement et dans quelque chose de profondément mystique qui nous entraîne, qui nous embrasse. « Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis » résumerait à peu près les sentiments qui parcourent l’album, une symbiose entre la froideur mélodique – spot blafard dans la nuit noire – qui s’oppose à la chaleur des harmonies, vous attire et vous emmène danser au bord du gouffre sans jamais vraiment y tomber, comme si il y avait toujours quelque chose à quoi se rattraper. « Nous devons nous délecter à la fois de la lumière et de l’obscurité », clame McNerney sur « Society Of Spectres »

Avec « Plagueboys », GRAVE PLEASURES nous conduit donc allègrement vers les abysses où se déhanchent un SIOUXSIE AND THE BANSHEES et d’autres DEPECHE MODE. Néanmoins, si il convoque les plus grands, il n’y a pas de véritable sentiment de plagiat, mais plutôt une absorption, une pénétration profonde, une digestion puis un renouveau de ces influences iconiques. C’est un peu la formule du succès des Finlandais : l’adaptation. Ainsi, ce troisième album semble coller parfaitement à l’époque moderne, du post-punk et de la new-wave adaptées au nouveau millénaire – un sourire triste sur un visage d’ange ( déchu ou pas ).

Partager

Un commentaire

Les commentaires sont fermés.