Live report – Retour sur le passage de l’ange EMMA RUTH RUNDLE en concert à l’Opéra Comédie de Montpellier

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– Emma Ruth Rundle Lundi 20 février 2023 – Les Nuits Magnétiques, Montpellier

 Un concert d’Emma Ruth Rundle est toujours émotionnellement intense. On n’en sort pas intact ; l’artiste américaine vous transperce d’une flèche en plein coeur tant elle bouleverse par la sincérité de sa folk intimiste. Dans le cadre exceptionnel de l’Opéra de Montpellier, lundi dernier, le public a vécu un moment suspendu, entre émotion, tristesse et beauté.

 

Lundi 20 février se tenait la troisième NUITS MAGNETIQUES organisée par l’association montpellieraine What The Fest, spécialisée dans la promotion d’artistes divergents et iconoclastes. On lui doit ce soir la venue dans le cadre des « Woman on Stage » d’EMMA RUTH RUNDLE, artiste post-rock d’envergure internationale.

  Attraction, fascination et justement « magnétisme », ce sont les mots auxquels on pense quand on évoque cette musicienne hors norme. Lorsqu’elle franchit les rideaux de l’opéra, elle apparait dans un costume de scène théâtral, rayonnante, sublime et lunaire sous un maquillage de Colombine. Et ce sont des applaudissements fervents d’un public déjà conquis qui l’accueillent, tant celui-ci a compris le statut culte de l’interprète américaine. Il faut dire qu’elle s’est forgée au fils des ans une discographie atypique, remplie de joyaux bruts, qui fascine.

Quand on prend la route pour une tournée aussi longue, on cherche à être bien accompagnée. Et EMMA avait choisi pour sa première partie « une sœur », selon ses propres mots, JO QUAIL. Cette artiste a elle aussi un univers musical rempli de songes et de vagues à l’âme. La londonienne débutera la soirée en montant sur scène accompagnée de son violoncelle atypique, drapée dans une élégante robe noire. L’entame de son set se fait avec « Rex infratus », extrait de son premier album « From The Sea to The Desert ». L’électricité glisse sous l’archet de la violoncelliste, ses loops hypnotiques déclinés en rythmes lourds font headbanger mécaniquement le public hétéroclite, et sagement assis, ayant rempli la salle jusqu’aux balcons. Metalleux, gothiques et autres mélomanes avertis ont une nouvelle fois répondu en nombre à l’invitation de WTF?!.

   Chaque soir, nous déclare la belle californienne, « sa soeur JO QUAIL » vient la rejoindre au milieu de son set. Son violoncelle s’associe parfaitement à la vulnérabilité de la guitare du titre « Citadel ». Le sentiment d’être transporté chez elles, à partager un moment de vie, de mémoire, une parenthèse salutaire où l’on s’interroge entre amis d’un soir « si tout va bien », « si on résiste face aux tempêtes, aux doutes » est tangible ; moment ponctué par la voix d’EMMA, ses respirations et son souffle qui se perdent dans le silence attentif de la salle fascinée.

 

Si l’on parcourt attentivement la discographie d’EMMA RUTH RUNDLE, on devine aisément une parallèle entre son parcours musical et sa vie personnelle. Après l’avoir connu dans ses projets les plus rock, dark, voire metal aux côtés de son ex. compagnon dans le groupe de goth-rock JAYE JAYLE , auprès de la chanteuse CHELSEA WOLFE, et des doomeux de THOU, elle nous présente lors de cette tournée un tout nouveau visage.

Son dernier album « Engine of Hell » est en effet d’une toute autre catégorie. Un album confession qu’elle annonce ce soir « vouloir jouer dans son intégralité, et dans l’ordre ». Avec le désir chaque soir, de se confronter à ce délicat exercice, s’assoir face à un piano et une guitare acoustique pour seule compagnie. Une manière à elle d’affronter ses démons intérieurs.

Derrière ce visage peint qui lui sert de masque, il y a en réalité plus aucun artifice, plus besoin de s’entourer d’un groupe, mais une voix qui traduit ses émotions, ses tourments et avec une telle intensité et dépouillement que sa voix, souvent sur le fil, nous touche, que l’empathie se fait instantanément avec une personne que l’on devine si solitaire. Une magie qui opère des premières notes de piano de « Return », la captivante mélopée spleenesque qui ouvre son album, aux derniers accords de « In My Afterlife » .

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Entre deux chansons, EMMA lâche un soupir dans les échos s’étalent dans la salle. Le bras penché au-dessus de sa guitare, une mèche de cheveux sur le visage, elle confesse « cet album est si triste ». En choisissant cette voie musicale, elle a certes choisi de puiser sa force dans l’introspection et la mélancolie, mais on y perçoit aussi une puissance retenue et les fantômes de l’album « On Dark Horses », et en fond les échos des amplis saturés du magnifique « May Our Chambers Be Full ».

Sur le titre « Dancing man », elle évoque à demi-mots ces moments de bonheurs éphémères partagés avec des amis, ceux qui peuplent nos souvenirs que l’on aime retrouver. Dans le dernier titre joué ce soir-là, elle le présente comme « sa descente dans les abysses, un enfer personnel qui conduit au néant ». Malgré cela, elle apparait souriante, pleine d’une douce moquerie envers elle-même, et peut-être fatiguée de rejouer chaque soir cet album si lourd à porter. Ce qui laisse l’espoir de revoir un jour cette artiste renaître sous une autre lumière, moins dépouillée, plus électrique, et surtout moins meurtrie. Car on lui souhaite de revenir sur scène avec cette étincelle d’amour pour la vie qu’elle a gardé manifestement intacte malgré les cicatrices que son cœur porte, et qu’elle a su si bien sublimé à travers les somptueuses mélodies de l’album « Engine of Hell ».

 

Merci à Muriel de What The Fest. Prod. 

Illustration par Krisbet Mendoza [instagram : krisalidav Facebook : krisalidavzla ]

Prochain concert What The Fest 

Virginie DESPENTES +ZËRO : lecture-concert

Une soirée concert avec Virginie Despentes, qui depuis Baise-moi en 1994, s’est imposé comme une auteure majeure du paysage littéraire français.
JEUDI 16 MARS 2023 au Rockstore de Montpellier,

Facebook.com/events/VirginieDespentes

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