[ Chronique ] KATATONIA – Sky Void Of Stars ( Napalm Records )

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Croassant comme un oiseau de malheur à intervalles réguliers depuis plus de trente ans, KATATONIA vit au gré de ses envies et de ses besoins, son vol restant exposé au vent et au détour que celui-ci décide ou non d’emprunter. Loin du doom death qui a fait sa légende, le groupe a su évoluer, changer sa manière de « voler » afin de trouver le chemin le plus court et le plus cohérent pour réussir à s’exprimer tout en conservant sa qualité sonore unique.

Désormais tournée vers les nuits gothiques et la morosité progressive, la bande à Jonas Renkse ( chanteur, membre fondateur et principal compositeur ) semble se sentir plus à l’aise avec les atmosphères sombres mais aussi les éléments les plus accessibles de sa musique qu’avec ses aspérités plus métalliques. 

C’est un fait. Mais alors quid de KATATONIA en 2023 ? Que doit-on attendre de ce « Sky Void Of Stars » ? Après avoir récemment sorti une compilation de raretés et de vieilleries, on en viendrait presque à espérer que le futur des Suédois soit une alliance entre leur passé et leur présent…

Mais finalement la réponse n’est pas tout à fait celle qu’on attendait. « Sky Void Of Stars » sonne comme l’album d’un groupe qui a pâti du fait de ne pouvoir jouer in vivo, un groupe sevré de son public. Définitivement destiné à la scène, cet album se veut plus direct, concis et dynamique mais il continue également de développer les côtés sombres et plus complexes du groupe, sans oublier les aspects plus électroniques désormais bien enracinés. 

Ainsi, KATATONIA propose un album au spectre aussi vaste que résolu et n’hésite pas à mélanger rythmiques déstructurées, solo et groove, gros riffs ( « Author » ) et mélodies sinueuses, quitte à déconcerter et désarçonner quelque peu son auditoire. Car passé la première écoute et malgré les refrains accrocheurs des tubes ( en devenir ) « Austerity », « Birds », « Impermanence » ( qui accueille par ailleurs l’excellent Joel Ekelöf de SOEN ), ou « Atrium », l’oreille doit se faire plus attentive afin de découvrir les nombreuses subtilités et strates que KATATONIA nous offre ici, pour goûter l’essence d’un album bien plus délicat qu’il n’y paraît.

Délicat comme ces touches électroniques qui densifient encore le propos ( « Opaline » ), appuient les sensations et la voix de Jonas Renkse dont les lignes d’apparence timides et simples se révèlent pleines d’une force parfois aussi réconfortante et chaleureuse que larmoyante et pleine d’affliction. Sa prestation cryptique et veloutée semble vouloir construire des sentiments et des sensations en chacun de nous. Mélancolie ou espoir, on a l’impression que c’est l’humeur de l’auditeur qui aura le pouvoir de le décider. 

Loin de répondre à nos questions, « Sky Void Of Stars » ouvre donc une autre voie, s’envole dans un entre deux plus immédiat, moins conciliant, mais dont les ténèbres et les lumières s’équilibrent parfaitement. Choisissant d’évoluer vers des compositions plus directes, riches et envoûtantes, KATATONIA façonne ici un univers à son image, parfois complexe, fait de structures alambiquées, un univers que l’on cherche à tâtons, et que l’on découvre enveloppé d’un voile sombre, dans un recoin à peine éclairé d’une belle lumière tamisée.

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