[ Report ] A.A. WILLIAMS + KARIN PARK à Rouen ( le 106 ), le 23/11/22

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Ça fait un moment que je suis A.A. WILLIAMS : du début à « Forever Blue », puis de son disque de reprises « Songs From Isolation » qui l’a vraiment fait connaître jusqu’aujourd’hui et son second album « As The Moon Rests » salué par la critique. Pourtant, malgré ses récents et nombreux passages en France, on s’est toujours loupé, il y a d’abord eu une pandémie mondiale, et puis à chaque fois un empêchement. Tant et si bien que je n’ai encore jamais eu la chance de voir la Britannique sur scène ( je mets le Hellfest à part ). L’occasion de cette tournée automnale est parfaite et je me suis donc précipité à Rouen en cette fin novembre. 

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C’est un mercredi soir morose, une pluie battante s’abat sur la cité, alors qu’un public plus que timide esquisse quelques pas dans le club du 106. L’affiche paraît pourtant alléchante pour un public averti. Devant une audience éparse, KARIN PARK s’avance et se place derrière ses quelques machines, tresses bien en place, costume de sequin, bulle de lumière, et se lance. Personnellement, j’ai connu l’artiste pour son implication dans le groupe ÅRABROT ( qu’elle partage avec son compagnon ), plus que pour son projet solo, même si j’avais jeté un oreille attentive à « Alter », sa récente collaboration avec la légende de la noise-ambiant : LUSTMORD.

Bref, sa musique varie entre une synthpop teintée d’electronica et d’indus’. Au départ, un peu lourd et sédatif, déroutant et ( trop ) introspectif ), avec vraiment que des nappes synthétiques et de hautes voix langoureuses rappelant un peu BJÖRK, la suite devient beaucoup plus dansante, pulsante, électronique, et réveille les esprits. La Suédoise piochant dans ses anciens albums et ses remixes revient vers nous, rallume les lumières, se meut en DJ pour essayer de nous faire vibrer. Et je dois dire que ça fonctionne plutôt bien, les rythmes sont puissants et les mélodies bien choisies pour accompagner sa voix. Le dernier titre « Blue Roses », sorte de comptine exécutée sur un mini-orgue en bois ( qu’elle nous avouera collectionner ) finira de faire chavirer mon coeur. Je suis conquis.

Quelques minutes de pause et c’est au tour de A.A. WILLIAMS de se présenter sur scène. Venue nous faire découvrir son nouvel album, la Britannique et ses musiciens déboulent sur scène sans aucune introduction, sans décorum non plus d’ailleurs, seul un A. lumineux trône fièrement derrière le groupe. S’en suit un enchaînement extrêmement agréable des titres issus de « As The Moon Rests », d’abord dans l’ordre avec « Hollow Heart », « Evaporate » et « Murmurs », puis les entrecoupés de ses premières productions. Comme prévu, pas de reprises ce soir, et c’est très bien comme ça tant la musique de A.A.WILLIAMS est riche en émotion, sombre et un poil goth’ mais exécutée avec une douceur, une classe et un flegme que je trouve très britannique. 

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Le son est plutôt bon, alors sans vraiment m’en rendre compte, je commence à fermer les yeux comme pour mieux profiter, comme pour mieux me laisser envahir de chaque riffs, de chaque parties de guitare ou d’envolées vocales qui me prennent aux tripes. Un frisson me parcourt lorsque le groupe entonne « The Echo » et « Golden », alors que l’atmosphère semble se tendre, s’assombrir et s’alourdir sur les aspects les plus post-metal ( « Melt », « As The Moon Rest » ). A.A. reste elle tout en douceur, en sobriété et en maîtrise, tout en justesse… Magnifique ( comme prévu ).

Malgré la pluie qui n’aura eu de cesse de vouloir me tenir la main dans cette expédition rouennaise, je ressors extrêmement satisfait de cette soirée en compagnie de A.A. et sa bande. J’ai eu l’impression d’avoir le groupe juste pour moi, comme si il avait souhaité créer une sorte de petit cocon ouaté d’émotion et de beauté sombre, que chacun puisse s’y retrouver et ressentir… Bon, il manquait peut-être d’un peu de public d’où sûrement cette plaisante sensation d’intimité ( au-delà du talent des artistes ), mais j’ai eu droit à un set presque parfait qui m’a donné envie de la revoir très vite, et de partager sa musique au plus grand nombre. 

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