Playlist Sound-Protest de novembre – Tout passe…

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La première fois que j’ai senti ta présence, c’était un soir d’été, sur le trottoir de la rue Émile Littré. Je me suis assis, tu t’es présenté. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. La rencontre fût physique, intense, c’est à dire avec un goût ferreux et acide dans la bouche, faisant monter le malaise par le plexus jusqu’à l’installer dans le fond de la gorge, jusqu’à pouvoir presque le palper, mais sans jamais arriver à le ravaler, ni l’enfouir. 
Puis, tu es né, sur un tabouret de bar, un verre à la main, le regard perçant et séducteur, le sourire ravageur. Et nous nous sommes vus tous les jours, attirés par le zinc comme les papillons à l’halogène. Nous n’avons rien à faire et rien à devenir, on se regarde, on chuchote, on rigole, on lève nos verres, et tout passe…
On est restés collés, en surface bien entourés. Autour a surgi le fourmillement familial et amical en constante extension, cet univers en constante expansion. Mais le brouhaha de cet espace défini nous effraie car on ne sait où chercher cette fin, ce but, cette finitude qu’autrui semble considérer. « Putain, c’est quoi le futur ? » On se rassure par la jouissance infinie, ce désir permanent de ne pas regarder à côté, de ne pas vouloir perdre de temps, de refuser la pulsion de mort et la fragilité, de ne pas s’écouter, se regarder, s’étendre, s’éprendre, s’entendre.
Maintenant, les années ont filé. Ensemble, nous avons jauni, sous ce ciel étoilé, dans notre monde, celui que l’on s’est crée pour survivre à celui des autres. Aujourd’hui, le regard est moins perçant, le sourire plus ravagé, et nous n’avons toujours rien à faire, ni à devenir. Alors on lève nos verres, et puis tout passe…

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