[Chronique] ELDER – le retour des maîtres du rock Prog-psyché avec l’album « Innate Passage »

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« Inmate Passage » ELDER Release via Stickman Records 

« Inmate Passage », sixième album d’ELDER, est celui de la post-pandémie pour ces vétérans, adeptes de la formule stoner aux lourdeurs psychédélique. Il est surtout, semble-t-il, celui où les américains les plus berlinois de la planète semblent plonger définitivement du côté de leur penchant progressif et se détachent irrémédiablement de leur passé le plus heavy.

Véritable leader d’un genre qu’ils ont contribué à façonner, il nous avait marqué avec « Omens », plus heavy rock que jamais et aux variations tentaculaires fascinantes.

Si les conséquences des restrictions de la pandémie semblent avoir courroucées certains artistes, ELDER lui semble avoir plongé en lui-même, et composé en plein état de transition et d’introspection.

L’ensemble donne la sensation d’entrée dans un océan de quiétude où la voix familière de Nick DiSalvo nous sert de repère dans ces nouveaux sillons, toujours plus progressifs et hypnotiques.

Innate Passage track listing:

01. Catastasis
02. Endless Return
03. Coalescence
04. Merged In Dreams – Ne Plus Ultra
05. The Purpose

Le morceau d’ouverture de « Catastasis » contient les harmonies vocales les plus complexes mises en place par Elder, d’après le groupe lui-même. Aux côtés de DiSalvo, « Innate Passage » présente pour la première fois un chanteur invité : Behrang Alavi (Samavayo). Et  même si « Inmate Passage » est bâti sur le même concept que son prédécesseur « Omens » sorti deux ans plus tôt, on sent que le chant prendra une place prépondérante dans ce nouvel opus. Cependant, si la basse de Jack Donova reste opiniâtre, et la guitare de Mike Risberge énergique – ce disque se veut être plus encore un prolongement de réflexions et d’inflexions musicales suivis ces dernières années par le groupe.

La parallèle avec le fait que le groupe soit installé à Berlin depuis de nombreuses années, et le concert de The Wall lors de la Chute de Mur par Pink Floyd donne à voir comment cette ville est inspirante pour les artistes en cas de crise. Les artistes confrontés à eux-mêmes comme tout le monde lors de la pandémie ont eux la possibilité de s’exprimer par la musique, un exutoire où l’artiste s’avère avantager face aux restes de l’humanité. Les textures et la teneur mélancolique de la musique respirent l’intériorité des musiciens dans l’album dans son entier, même si les deux dernières minutes de « Endless return » enchaînent les solos où le groupe renoue avec son côté épique.

Le frontman DiSalvo, chanteur et guitariste, commente : « La phrase ‘Innate Passage’ (« passage inné ») m’est venue lors de l’écriture du disque. Le passage et la transition sont nécessaires dans la condition humaine et ce processus nous est intrinsèque. Toute la croissance et l’introspection que nous avons subies au cours des dernières années m’ont totalement fait comprendre cela plus que toute autre expérience de la vie jusqu’à présent. ».

Album thérapeutique, où face à la froideur morbide d’un monde immobilisé contemplant la mort par écran interposé, la vie ressurgit dans ce qu’on a appelé le monde d’après. Un processus de création qui a marqué cet album profondément.

Toutefois ce qui manque à « Innate Passage », tout au long de ces 5 morceaux approchant quasiment tous les 10 minutes ; c’est l’immédiateté que l’on retrouvait sur « Omens’ » sur des titres comme « Halcyon » et « In Processions », à la fois aérien et extrêmement accrocheur. Si ce sixième opus ne manque pas de superbe, on regrette « Reflections of Floatinh World », nettement plus massif, où on retrouvait « Sanctuary », et « The Failing Veil ».

Ici l’épopée se veut plus floydienne, pétrie de référence 70’s. Les premières écoutes de ce nouveau chapitre s’avéraient d’ailleurs décevantes, si ce n’est du moins déconcertantes. Puis à force de creuser les sillons de vinyl sur notre platine, le charme d’un titre comme « Coalescence » se fait avec son ouverture délicate, puis presque magnétiquement avec la progression du titre. Aucun morceau à première vue n’exerce sur nous la même fascination que les plus beaux morceaux cités ci-dessus des albums précédents.

Une fois familiarisé avec ces mélodies évanescentes, l’ambiance prend et les solis flamboyants, si ils ne sont plus aussi prenants, restent présents. Le verdict définitif se fera lors de leur prochaine tournée, avec l’épreuve de vérité du live.

Elder est:
Nick DiSalvo – Guitare, Chant
Mike Risberg – Guitare, Clavier
Jack Donovan – Basse
Georg Edert – Batterie

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