Nous avons eu le plaisir de rencontre les membres du groupe PROPHETIC SCOURGE, groupe de death metal originaire d’Anglet. Un moment convivial durant lequel les membres ont pris le temps nous expliquer leur conception de la musique, de la composition et bien d’autres sujets.
Une brève (et classique) présentation du groupe ?
On est Prophetic Scourge on est un groupe du Sud Ouest de death metal progressif on existe depuis 2013. On a fait un premier EP et deux albums sortis en 2018 en 2021. On a fait trois ou quatre tournée de promotion de ces albums là, ce qui nous a permis de tourner un peu partout en France, Espagne Belgique, Suisse…
J’ai cru comprendre que vous habitiez tous à distance. Comment vous faites pour préparer les tournées ?
En fait on a la chance d’être tous des professeurs de nos instruments et donc on peut profiter des vacances scolaires. Du coup on profite souvent des vacances ou des weekends pour se faire des sessions assez longues, on peut appeler ça des résidences. Généralement quand on se voit c’est au moins 2 jours on a un spot dans lequel on peut jouer n’importe quand donc on a tout notre temps! On gère plutôt pas trop mal au final l’éloignement géographique.
Vous avez de multiples influences. Est-ce que c’est le reflet de l’ensemble du groupe où y a-t-il une personne en particulier qui compose ?
- On est tous amateurs de métal au sens large et on est tous amateurs de musique donc on essaie de faire la musique qui nous ressemble, on a beaucoup d’influences et beaucoup d’envies stylistiques. Mais en fait ça se fait assez naturellement, on anticipe pas trop en fait. On a les influences qui se mélange on l’espère de manière cohérente, en tout cas nous ça nous convient. On fait la musique qu’on aime en fait et du coup il y a pas mal d’influences qui se retrouvent là-dedans, dans pas mal de styles de métal mais aussi dans d’autres styles. Il peut y avoir des figures rythmiques qui viennent du métal mais aussi d’ailleurs.
- C’est vrai qu’on sait jamais dit qu’on devait faire un truc comme tel autre groupe. Ça a toujours été sur l’envie donc forcément il y a plus des inspirations que des influences. On a la passion de la musique qui nous fait qui fait depuis longtemps, quand on arrivait qu’il faut la faire ce qu’il en sort c’est ce qu’on aurait bien aimé y voir. C’est assez intuitif et naturel.
- Par exemple sur une musique qui sonne assez métal Jon à la batterie ne va pas forcément rajouter une batterie typiquement métal dessus. Cela va aussi donner un effet plus complexe pour les gens qui ne s’attendent pas à écouter ça. Jon écoute beaucoup d’autres choses et a beaucoup de dynamique dans son jeu ce n’est pas tout à fond. Du coup cela ajoute beaucoup de reliefs. Du coup c’est ça qui peut aussi perturber des fois mais c’est aussi intéressant pour nous parce que si on fait quelque chose de typiquement métal lui va faire quelque chose d’original dessus et sortir des sentiers battus tout en sachant rester efficace. Parce que s’il y a un riff simple efficace lui aussi peut faire quelque chose de simple et efficace si ça fonctionne. Il n’y a pas vraiment de limite on fait les choses comme elles ont l’air de fonctionner.
- C’est vraiment quelque chose de global, il n’y a pas d’inspiration propre dans le sens où on va dire qu’on aime tel groupe et qu’on veut lui ressembler, on fait quelque chose qui nous ressemble. On écoute beaucoup de styles différents beaucoup de musiques différentes Et mine de rien c’est vraiment des influences. Parce que j’entends ça comme ça j’ai envie de leur retranscrire comme ça. c’est vraiment une cohésion de groupe.
C’est la batterie qui crée le relief ou est-ce que c’est aussi son jeu qui va faire modifier vos riffs?
Du relief sans prétention aucune il y en a déjà dans nos riffs et notre écriture. On va dire ça comme ça parce que chacun de nous comme on l’a déjà dit on écoute différents trucs et finalement peut-être pas tant de métal que ça par rapport à ce qu’on devrait ou ce qu’on devrait attendre de nous. On est un batteur qui est metalleux à la base quand je l’ai rencontré il était batteur dans un groupe de black, il a d’autres influences comme notre bassiste qui n’est pas bassiste à la base et qui nous apporte beaucoup de choses en terme de composition future. Au niveau du champ c’est pareil il y a énormément de choses qui se passent, il y a une espèce de théâtralité qui va rajouter quelque chose au-delà des textes qui sont déjà ultra poussés.
Par rapport à votre premier album, on sent plus de complexité, d’agressivité. Est-ce qu’il n’y a quand même pas une volonté d’aller plus sur le death que sur le prog ?
- En fait on a l’impression que le premier album était peut-être un peu moins cohérent. Il contenait des morceaux qui étaient vraiment nos premiers morceaux on venait de commencer à jouer ensemble. Sur celui-ci on a un peu plus trouvé notre style et il est beaucoup plus cohérent. Après nous n’avons pas essayé de faire un album plus death ou plus prog. C’est difficile à dire, il y a beaucoup de ressentis différents mais globalement les retours que nous avons, les gens pensent que cet album est plus cohérent.
- Moi en tant que chanteur j’ai un regard un peu différent. En tant que chanteur on est toujours un peu le premier auditeur d’un groupe je trouve, Et sur le coup j’ai aussi vu ça comme la progression logique des gars tant de leur point de vue maîtrise technique qu’en termes d’évolution. Il y a aussi la capacité à exprimer plus de choses de façon plus dense. Je pense que c’est aussi naturel pour tous les groupes de faire ça, de se voir évoluer. Je ne pense pas que ce soit plus une évolution stylistique qu’une évolution de la maîtrise des instruments. En tout cas au chant c’est clairement le cas et j’ai cru le voir refléter chez les autres donc je me permets de le retranscrire sous cette forme-là.
- C’est aussi une évolution humaine car sur le premier album on se découvrait parce qu’on vient tous de groupes différents. Une fois qu’on se connait mieux on se donne un peu moins de limite, il y a même certains passages qui sont un peu plus décomplexé et notamment des passages prog. Au début on s’est dit on a un groupe de death on va peut-être pas se lancer là-dedans. Sur le deuxième album cela a été différent, on s’est dit autant en profiter les mecs sont capables de jouer ça donc allons-y. Mais on ne mets pas la charrue avant les boeufs. C’est aussi pour cela que je suis incapable de te dire à quoi ressemblera le prochain album point est-ce qu’on va aller encore plus loin ? Ou au contraire est-ce qu’on va mettre la pédale douce et on va essayer d’explorer d’autres formes d’intensité ? Mais c’est chouette parce qu’on reste pas sur nos acquis en fait de façon générale je pense qu’on est tous d’accord pour dire qu’il ne faut pas qu’on reste sur nos acquis. En musique c’est pareil.
Je trouve votre musique très technique, vous êtes d’ailleurs des supers techniciens. Vu ce que vous m’avez dit je sais ce que vous allez me répondre, mais j’ai une question que j’ai quand même envie de vous poser : la technique, une fin ou un moyen ?
- C’est complètement un moyen !
Je m’en doutais (rires)
- Oui à 100%! L’inverse serait une aberration totale, faire de la musique juste pour être démonstratif… C’est pas du tout le propos. Notre musique c’est vraiment quelque chose de naturel en fait
- Quelque chose de technique c’est quelque chose de vivant, c’est avant tout quelque chose qu’on ressent. On ne se dit pas on va faire ça pour ça. Il n’y a vraiment pas de finalité là-dedans tout ce qu’on fait c’est quelque chose qu’on ressent.
- On ne voit pas vraiment d’intérêt de la technique pour la technique quoi. Il y a même des passages dans notre musique qui ne sont pas du tout technique qui sont même assez basique et qu’on va kiffer tout autant.
- Cela amène sur un autre sujet même si la technique c’est aujourd’hui un peu à la mode je sais qu’à une époque c’était un peu un le mot banni. Justement avant les gens disaient que les choses simples avait un peu le monopole de l’émotion Mais pas du tout et c’est vraiment comme ça qu’on ressent les choses. Aucun de nous n’est capable de 2 créer quelque chose de puissant et balaise avec quatre accords c’est quelque chose qu’on ne sait pas faire. Nous on a tous travaillé dans un instrument parce on aimait ça on aime travailler nos instruments et ça nous permet de faire ressortir qu’on pense. C’est vrai que je peux dire qu’on ne fera jamais un morceau avec quatre accords en binaire C’est pas dans notre délire. Ça serait un bel exercice !
- Moi je ne pourrai pas écrire mes parties de chant sur quelque chose qui est technique pour être technique. Il faut que cela m’inspire un minimum d’émotion. Il faut quelque chose qui me fasse réagir si je ne réagis pas je ne sais pas quoi faire.
Et par rapport à la complexité de musique est-ce qu’il n’y a pas un risque que vous vous fermiez une partie de votre public ?
- À chaque décision stylistique quelle que soit la musique réduit potentiellement le nombre de personnes qui vont aimer. Le métal c’est celui où on réduit le plus. Il y a tellement de gens et de sous genre c’est aussi un reflet de l’exigence que les gens ont envers le métal. Je pense qu’elle réfléchir en ces termes la au mieux c’est contre-productif, et au pire c’est sclérosant.
- Nous on propose quelque chose, on propose quelque chose qui nous représente. On revient encore dans une vision globale mais il n’y a pas de choix particulier de se définir dans un style. C’est quelque chose qu’on ne pourrait pas faire on ne sait pas le faire. Nous on propose quelque chose de différent si quelqu’un n’aime pas parce qu’il a des repas et bien tant pis c’est juste quelque chose qui n’est pas à sa portée. Réfléchis pas par rapport à nos compositions en se disant on veut essayer de plaire au plus grand nombre. On propose quelque chose on espère que ça touche parce que nous en tout cas on fait des choses qui nous touche. Si jamais on peut partager c’est mieux mais par exemple on ne va pas faire de la technicité pour plaire aux gens qui aiment la technique. On propose quelque chose qui nous représente et qui vient de nous.
- C’est peut-être égoïste de dire ça mais nous on fait de la musique pour nous avant tout. Fonctionne tant mieux si des gens se retrouve dedans tant mieux mais nous avant tout on fait des choses pour extérioriser extérioriser et on ne cherche pas du tout à plaire. Sinon on jouerait avec Angèle.
- Oui Angèle of death ! (rires)
- On fait vraiment la musique pour nous la musique qui nous plaît la musique qu’on a besoin de faire On ne fait pas de la musique pour plaire si c’est le cas tant mieux si les gens sont chauds en concert c’est encore mieux mais ce n’est pas le but premier.
- C’est très terre à terre ce que je vais dire mais en fait on en vit pas, on en vit pas et même ça nous coûte en fait. Nos vacances on les passe à faire des tournées, c’est difficile on ne gagne pas d’argent dessus, Pour ça on a aussi le droit de se dire on va faire ce qu’on aime. Pour avoir été dans un groupe qui justement chercher à coller à une mode ça ne fonctionne pas. Parle même pas de l’intérieur du groupe je parle du ressenti des gens par rapport au groupe. C’est-à-dire que nous on a que des bons retours parce qu’il y a aussi une forme d’honnêteté qui se crée. Exemple sur le premier album on nous reprochait d’avoir des morceaux trop longs et pas assez de morceaux, donc nous qu’est-ce qu’on a fait sur le deuxième album ? Moins 2 morceaux et des morceaux encore plus longs !Et du coup on n’a pas vraiment de critiques négatives sur celui-là. Soit les gens ont compris soit les gens ont passé leur chemin. On en vit pas on a aucune contrainte donc autant être complètement honnête avec qu’on veut faire et on s’y retrouve.
Votre album est sorti en 2021, c’est le fruit du confinement ?
On avait déjà une vision de ce qu’on voulait quand le premier est sorti. Il y avait 4 ou 5 morceaux déjà plus ou moins fignolés à ce moment là. Au premier confinement les morceaux étaient faits. On avait aucun plan avec le confinement donc l’idée était plutôt d’en profiter, faire des choses activement pour avoir le sentiment d’encore faire partie d’un groupe. Il y a eu l’histoire des 100 km si tu te souviens, on en était à se demander si on était encore zikos! Si on avait attendu un peu plus, parce qu’il y a eu pas loin de 2 ans de confinement au final, il ne se serait rien passé. Il y a beaucoup de groupes qui se sont arrêtés à ce moment là parce que justement il ne se passait plus rien. Nous au contraire on était prêt à enregistrer.
Prochain objectif pour le groupe ?
On va se remettre à bosser, nous n’avons qu’une très vague idée de ce qu’il va arriver on a peu de morceaux en préparation. On ne sait pas trop, on a pas de lignes directrices. L’idée est surtout de se poser et de voir ce qu’on a envie de faire par la suite. On a quelques plans pour l’année prochaine, on va sûrement prendre un peu de recul et réfléchir à la suite de manière assez sereine.