MOTOCULTOR XIII : Les tops et les flops ! ( Part. II )

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Samedi 20 Août :

Le lever est toujours un exercice périlleux en festival, surtout quand on a passé la nuit avec une bouteille de Menthe Pastille. J’ai la bouche pâteuse, des paillettes dans le cerveau ( merci le Macumba ), mais encore des étoiles pleins yeux ( vitreux ). Un cidre plus tard et je suis prêt à attaquer une journée sous un magnifique soleil et un ciel bleu azur. Sur la Massey, je retrouve les plagistes de TRANZAT. Régional de l’étape, jovial et pitre à souhait, le groupe n’en conserve pas moins une rigueur dans ce qui est d’envoyer du gros riff musclé mais maîtrisé de bout en bout. Leurs tenues de golfeur et leur attitude « à la cool » séduit un public venu en masse pour un premier groupe. Il faut dire que TRANZAT n’en est pas à son coup d’essai et qu’il a déjà beaucoup tourné dans le coin. De plus, son dernier album « Ouh La La » a pas mal fait parler de lui. Parfait pour mon petit déjeuner !

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J’ai vu SCHAMMASCH de loin, j’avais bien aimé leur album « Triangle » mais là je trouve le son moyen, et les costumes de scène font un peu kitsch en plein jour. Je file donc voir WIEGEDOOD sur la Supositor. Impressionné par la froideur de leur dernier album en date « There’s Always Blood At The End Of The Road », je ne me voyais pas louper le trio et j’ai bien fait. Si ce n’est pas le concert le plus spectaculaire du week-end visuellement parlant, on peut en tout cas dire que pour péter l’ambiance les Belges ont du savoir faire. Ce show est une agression pure, glaçante. Sous un soleil de plomb ( c’est peut-être le seul bémol ), WIEGEDOOD va nous asséner ses brûlots à la portée dévastatrice sans discontinuer, sans sourciller et presque sans nous regarder. Féroce, frénétique et tranchant, servi par un très bon son, il jouera une bonne partie de son dernier album, mettant tout le public plus bas que terre, à deux doigts de l’apoplexie. Si le ciel avait pu réagir, il aurait éteint le soleil et fait tomber des seaux de grêle. Magnifique !

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Sous la Massey, le cas LOST SOCIETY est problématique. Il s’est en l’espace d’un album transformé de groupe de thrash finlandais très prometteur en groupe finlandais de metal mélodique très, trop moderne, avec des refrains calibrés FM et tout ce qui va avec… C’est à n’y rien comprendre. Je suis désolé mais pour moi ça ne passe pas/plus ( surtout après la puissance d’un WIEGEDOOD ). Next ! 

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Et le prochain n’est pas des moindres ! Tout le monde le sait, BENIGHTED est la promesse d’un cassage de gueule en règle. On n’est jamais déçu. Les Lyonnais sont donc attendus par un public chaud bouillant. Le groupe, devenu quatuor suite au récent départ de son guitariste Fabien Desgardins, va encore délivrer un show impressionnant de maîtrise, « une machine, un rouleau compresseur, une tronçonneuse professionnelle, un truc qui trancherait une porte blindée ». Le sourire aux lèvres, Juju ( le chanteur ) fait couiner la fosse tandis que ces assesseurs font tourner le pit. « Necrobreed » est bien sûr mis à l’honneur et les torgnoles s’enchaînent à un rythme effréné. Au final, un guitariste ou deux ça ne change rien, c’est fessée cul nul pour tout le monde et puis c’est tout. Un petit hommage Trevor Strnad de THE BLACK DAHLIA MURDER décédé il y a quelques mois, avant de nous donner le coup de grâce avec le fameux « Let The Blood Spill Between My Broken Teeth » qui finira de mettre tout le monde d’accord. Merci.

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Le duo HO99O9 joue sur la Bruce Dickinscène et semble avoir attiré les curieux. C’est vrai que programmer un groupe de hip-hop/punk expérimental entre BENIGHTED et VADER fallait oser !! Pour autant ceux qui connaissent le groupe savent qu’ils sont plus habitués aux festivals metal qu’au studio de Skyrock. La dernière fois que je les avais vu ils étaient en duo et avait retourné la scène, aujourd’hui ils sont accompagnés de l’ex-THE DILLINGER ESCAPE PLAN Gil Sharone à la batterie, ce qui va grandement accentuer le côté metal et organique de leur set. Le duo se déchaîne et bouge dans tous les sens avec toujours ce look incroyable et un style punk-hardcore. Les morceaux très hip-hop, mais avec à chaque fois un twist qui les rend terriblement metal, s’enchaînent dans un joyeux bordel et dans un ambiance gangsta-punk décalée et sulfureuse. HO99O9 est une machine de guerre lui aussi et le public le lui rend bien, ne sachant pas toujours quoi faire devant ce déferlement d’énergie. Un show vraiment rafraichissant après tout ce death metal !!

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Un petit coucou à Neige, « le gendre idéal du black metal », avec un ALCEST qui, à ma grande surprise joue sous une tente bondée avant d’aller se caler sur la Supositor prêt à recevoir les terrifiants Autrichiens de BELPHEGOR. Là, quelques âmes saoules font les malins avec des bracelets en Rubalise. Les pass trois jours étant rouge et blanc, les bougres ont réussi à rentrer avec de simples morceaux de ruban de chantier !!! La sécurité a du soucis à se faire… Bref.

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BELPHEGOR est un groupe culte. Pour ceux qui aiment les mises en scène, le maquillage outrancier, le sang qui dégouline, le feu et autres joyeusetés, ce concert est fait pour vous. Le leader Helmuth a indéniablement du charisme, il vous possède comme il possède la scène dès qu’il pose le pied dessus… Le reste du groupe joue sur le même ton : froid, bien crade, bien death/black, sans concession, toujours aussi hargneux malgré sa longévité. BELPHEGOR fait la part belle à son dernier album, l’excellent « The Devils ». C’est marrant car BELPHEGOR me fera toujours penser à un BEHEMOTH qui serait resté relativement « underground », qui n’aurait pas vendu son âme, qui aurait fui les lumières de la reconnaissance, par conviction ou simplement par amour de son art noir. Non pas qu’il ne soit pas connu bien au contraire mais il y a quelques chose d’authentique chez eux. J’en veux pour preuve une communication avec le public qui se limite à quelques grognements. Ce n’est de toute façon pas ce que l’on vient chercher ici mais bel et bien un show à l’énergie sombre, à la fureur, en gloire au Démon, à nos démons, à l’immonde et l’indicible. Et en ça, les Autrichiens excellent.

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Il est toujours difficile pour moi de parler de CULT OF LUNA tant cela me parait évident qu’il concentre toutes les émotions, toutes les sensations que je recherche dans la musique amplifiée. Cela fait un moment que je ne les ai pas vu mais je sais que ça va être parfait. D’emblée, les Suédois ont un son massif, des guitares épaisses et deux batteries, des textures synthétiques bien mixées, et la voix puissante de Persson qui vient encore ajouter au marasme intérieur que je vis. Comme à son habitude le groupe joue « à contre-jour » mais ces lumières sont belles et mettent en valeur les ombres mouvantes des musiciens. Je fais le choix de fermer les yeux et de laisser mon corps vibrer, entrer en résonance avec des titres que je connais par coeur mais dont la puissance est décuplée par le live.  Le concert est donc comme je l’imaginais : parfait. Avec seulement cinq titres pour un peu plus d’une heure de set ( issus principalement des deux derniers album du groupe et de « Vertikal » ), le groupe m’a achevé. Trop court certes mais trop… Tout !

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L’équipe s’est ici scindée en deux pour aller jeter un oeil à SICK OF IT ALL qui jouait en même temps sur la Bruce Dickinscène. Les rois du NYHC, amputés de leur coqueluche Pete Koller à la guitare ( le musicien est en convalescence après une opération du dos il me semble ), font le show devant tous les excités du bulbe n’ayant pas envie de s’endormir devant CULT OF LUNA ( chacun sa came ! ). Comme une bonne vieille boisson énergisante, le groupe agit immédiatement en claquant ses plus gros tubes à l’efficacité légendaire ( de toute façon avec plus de 30 ans de carrière, le groupe n’a que des tubes !! ) permettant aux plus courageux de s’offrir une dernière « bagarre » avant l’extinction des feux. Bon, on commence à voir les effets de l’âge sur le groupe, c’est quand même moins tranchant que par le passé, on sent une certaine fatigue. Peut-être est-ce la fin de la tournée ? Néanmoins on garde une certaine tendresse pour le chanteur Lou Koller qui reste sympathique et mène sa barque avec expérience, bienveillance et dextérité. 

Difficile après ça de se replonger dans autre chose tant les groupes nous ont vidé de notre substance, tant la journée a été éprouvante. Plusieurs choix étaient cependant possibles : PERTURBATOR ( trop dansant et déjà vu cet été ), BATUSHKA ( trop liturgique et déjà vu également ) ou boire jusqu’à tomber en débriefant cette journée. J’ai choisi la dernière. Fondu au noir…

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Dimanche 21 août :

Les matins se suivent et se ressemblent sur le camping ( ou pas ). Toujours une belle pâteuse pour moi sauf qu’aujourd’hui la pluie semble avoir envie de jouer les trouble-fêtes. C’est donc péniblement et engoncé dans mon k.way que je file sur le site afin de me cacher de cette bruine. Heureusement ça joue déjà sur la Massey avec VENDED, sorte de metalcore bien énervé et plutôt bien fait. Il m’a fallu quelques minutes pour me rendre compte qu’il s’agissait des gosses de membres de SLIPKNOT ( le chanteur Griffin étant le fils de Corey Taylor et le batteur Simon Crahan, le fils du Clown ). Et il faut avouer que la voix est bluffante de ressemblance, tant est si bien que je n’entends plus que ça. Bon, c’est pas mal mais j’ai faim ! 

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Après un repas digne de ce nom, me voici de retour sous la Dave Mustage devant RIVERS OF NIIHIL. Je n’avais jamais vu le groupe mais j’ai écouté pas mal de leurs albums, principalement les deux derniers « Where Owls Know My Name » et « The Work » qui par chance composeront la plupart de la setlist du jour. Le quintet fait une entrée tout en sobriété et balance son meilleur death progressif, sans vraiment d’accroc, ni pression. Le chanteur Jake Dieffenbach, vêtu d’une tunique type Matrix ou je ne sais trop quoi et d’une paire de lunette de soleil, envoie du cri en veux-tu en voilà devant un public encore léthargique mais qui va commencer à sérieusement se remuer. Le son plutôt bon permet d’apprécier toutes les aspérités et le côté très technique des guitares et de la basse. Un show puissant mais avec un certaine « classe » qui me donne envie d’aller un peu plus loin dans ma connaissance de la musique du groupe.

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Une pause fraîcheur devant un VALLEY OF THE SUN et son stoner énergique vraiment sympathique sur la Bruce Dickinscène avant de filer sur la Supositor pour voir IMPERIAL TRIUMPHANT. Le soleil est de retour, il cogne. Lorsque j’arrive près de la scène, une odeur âcre d’ammoniaque me prend aux tripes : les toilettes ayant débordé de pisse, et n’étant pas assez grands, les festivaliers pressés ont commencé à uriner sur les bâches… Ambiance !!  

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J’adore IMPERIAL TRIUMPHANT, j’écoute vraiment beaucoup. C’est donc un groupe que j’attendais tout particulièrement. Et j’ai eu raison ! Le trio masqué va développer devant un public épars tout son art et son metal noir dissonant aussi puissant et destructeur que déroutant. Beaucoup de gens n’y comprennent rien et râlent – ils s’attendaient sûrement à entendre un énième groupe de black obscur – mais IMPERIAL TRIUMPHANT c’est plus que ça, c’est une expérience sonore et visuelle, les techniques du free-jazz appliquée à la musique extrême. On peut donc facilement passer à côté mais si on arrive à entrer dans cet univers relativement hermétique, on est comme aspiré par ce tourbillon malsain de notes et de cris, émotionnellement angoissant et techniquement impressionnant.

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Les New-Yorkais vont jouer un florilège de leurs trois albums dont le génialissime et torturé « Atomic Age », le furieux « Swarming Opulence » et le récent mais tout aussi dérangeant « Merkurius Gilded », sans oublier le célèbre solo de basse de cinq minutes où Steven Blanco va courir partout, aller dans la fosse, jouer avec une bouteille de Prosecco comme bottleneck, et même jouer de sa basse en tapant dessus, comme d’un instrument à percussion « jusqu’à ce que les doigts saignent un peu ». Alors que de l’autre côté le guitariste/chanteur Zachary Ezrin restera stoïque, immobile. Extraordinaire et intense !

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Je trouve bizarre que le public soit aussi peu nombreux… Ah ! Mais oui ! C’était en même temps que les Indiens de BLOODYWOOD, un groupe qui s’est fait connaître sur YouTube grâce à des reprises de titres pop’ version metal disons « exotique » ( dans ma tête, c’est un peu ULTRAVOMIT chez les Hindous mais à priori ce n’est pas ça du tout ). Le groupe a du succès et ça s’est vu tant apparemment il était difficile de rentrer sous la Massey Ferguscène.

Bref, je fonce voir HANGMAN’S CHAIR, déjà vu pas mal de fois cette année mais j’aime tellement leur son puissant et leur attitude « hardcore » que je n’arrive pas à m’en lasser. Et je crois que le public non plus vu qu’il est présent en masse pour accueillir les Parisiens. Je ne vais trop m’attarder sur la prestation, le groupe donne à peu près le même concert que d’habitude mais avec le soleil en plus et cela change un peu la perception de leurs titres, l’humeur qui s’en dégage, quelque chose de plus lumineux, de plus vindicatif, et d’un peu moins désespéré ( un peu à l’image de « A Loner », leur dernier méfait ). En un mot comme en cent : top !

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La suite de la soirée est une succession de groupes vus et revus, de redites. Mais c’est tout de même marrant de voir deux anciens SLAYER partager la même affiche mais avec deux groupes différents. L’un, Gary Holt, étant revenu dans EXODUS. L’autre, Dave Lombardo, faisant le bonheur de TESTAMENT. Entre les légendes du thrash ‘ricain, une autre légende : CATTLE DECAPITATION et leur death-grind si unique et prémonitoire. Plus je les entends, plus je comprends les paroles ( pas forcément facile en live par ailleurs ), plus je me rends compte que ce groupe est une sorte de Madame Irma environnemental, un mauvais miracle ( c’est quoi un mauvais miracle ? ) avec des titres aussi puissants qu’évocateurs comme par exemple «  Bring Back The Plague » ou encore « One Day Closer To The End Of The World »

Derrière ça, difficile une fois de plus de continuer mais DARK FUNERAL relève le défi avec brio. Son black plus traditionnel fonctionne extrêmement bien, un peu à l’image d’un BELPHEGOR toujours dans le côté kitsch et grandiloquent mais en beaucoup plus noir encore, on ne peut pas être déçu des Norvégiens menés par Heljarmadr et Lord Ahriman qui manient aussi bien le feu que la glace, j’oserai même dire l’azote ! 

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Enfin, BEHEMOTH s’empare de la Dave Mustage pour clôturer le festival comme il se doit. Et on peut dire que le show est réussi mais selon moi trop lisse et polissé. J’ai l’impression d’un son très conforme à ce que l’on attend du groupe, très/trop propre et visuellement époustouflant. J’ai devant moi un clip vidéo tellement c’est bien fait et que tout est calculé, millimétré. Ce n’est pas que je n’aime pas ce que je vois mais je trouve qu’à tout vouloir contrôler dans une impossible quête de perfection, le groupe perd de sa « fraîcheur », de sa fureur, de son côté sulfureux et effrayant. Ce n’est que mon avis évidemment car de son côté le public semble conquis.

Voilà, les portes du Motocultor XIII se referment déjà. Une édition sous le signe de la qualité une fois de plus mais avec également de nombreux couacs ( des annulations notamment, ce qui n’est pas à mettre sur le compte de l’organisation bien sûr ), et tout un tas de petites choses dans l’organisation qui restent inchangées malgré l’expérience des années et qui ajoutées les uns aux autres finissent par lasser festivaliers comme bénévoles.  J’ai tout de même passé un excellent week-end et je tiens à remercier toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans la bonne tenue du festival. On se dit à l’année prochaine alors ?!

 

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