[ Chronique ] BLOODBATH – Survival Of The Sickest ( Napalm Records )

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L’avantage avec un album de BLOODBATH c’est qu’on sait où on va ! Droit dans le death, le vrai, l’unique, le pur, le précieux, et ce depuis vingt ans maintenant. De simple super-groupe aux allures de récréation pour ses membres fondateurs ( Jonas Renkse et Anders Nyström de KATATONIA, Mikael Åkerfeldt d’OPETH et Dan Swanö de EDGE OF SANITY sans oublier Peter Tägtgren d’HYPOCRISY ), le groupe est au fur et à mesure de ses sorties passé à valeur sûre, puis élevé au rang de gardien du temple avec l’arrivée de Nick Holmes ( PARADISE LOST ) au chant. Pourtant, le but est le même : renouer avec l’esprit originel du death sous toutes ses formes, rendre hommage à ce style tout en continuant de « s’amuser » et de se/nous faire plaisir. Et le talent des musiciens fait que la formule si elle se répète ne lasse jamais tant ils arrivent à y apporter des nuances infimes et des évolutions relatives :  si « The Arrow Of Satan Is Drawn » ( 2018 ) portait franchement sur les aspects les plus noirs du death, ce nouvel opus réhabilite le death old-school des 90’s… Pour notre plus grand bonheur !

Dans un style très direct, voire bas-du-front, le groupe envoie donc la sauce sans discontinuer, avec une énergie incroyable, n’offrant aucun répit à l’auditeur durant les onze titres de ce « Survival Of The Sickest ». Du fracassant « Zombie Inferno » au plus sombre et vicieux « No God Before Me », il n’y a guère de faute de goût, la musique du groupe suinte le death metal, ce fruit à la pulpe purulente et nauséeuse découvert sous le soleil de Floride à la fin des années 80. Les échos à MORBID ANGEL, DEICIDE ou OBITUARY sont légion mais mis en lumière par une production très moderne, colossale, mordante ( ce qui, je trouve, faisait défaut sur « The Arrow Of Satan Is Drawn » ). 

Chaque titre devient alors une nouvelle forme d’agression : « Putrefying Corpse » lacère, « Dead Parade » rampe, lent et lourd, « Tales Of Melting Flesh » ou « No God Before Me » dégoulinent de mystère et de crasse. Plus loin, sur le front, « Malignant Maggot Therapy » ou « Born Infernal » mitraillent tout ce qui bouge, alors que « Affliction Of Extinction » ou « To Die » viennent nous briser le plexus, nous écraser la cage thoracique jusqu’à nous faire cracher des petits bouts d’os mêlés à une bile jaunâtre.

BLOODBATH propose ici du pur death metal floridien exporté de Suède. Car si le groupe s’inspire des pontes d’outre-atlantique, il en appose néanmoins sa patte, ne pouvant définitivement pas renier ses origines… Loin de copier simplement les riffs infâmes ou les schèmes torturés, les guitares y jouent un rôle essentiel, venant saupoudrer de-ci de-là quelques mélodies et d’excellents solos ramenant un peu de classe et d’émotion dans la crasse et la fureur ( « Carved », « To Die », « Environcide » ). 

De son côté Nick Holmes s’offre un tour en Delorean, se refait une jeunesse en nous proposant un chant guttural incisif et acerbe, qu’on est à chaque fois surpris d’entendre tant ces dernières sorties avec PARADISE LOST sont à l’opposé. De plus, BLOODBATH a cette fois-ci convoqué une poignée d’anciens élèves ( encore frais ) dont Mark « Barney » Greenway de NAPALM DEATH, Luc Lemay de GORGUTS et Marc Grewe de MORGOTH, sur quelques titres, pour épauler notre cher Nick.

Vous l’aurez compris, rien de bien nouveau donc chez BLOODBATH. Je note tout de même que le groupe n’a pas perdu de son humour puisque le titre de l’album se révèle être un jeu de mots sur le célèbre « Survival Of The Fittest » de Darwin, « la survie du plus apte », transformée en « la survie du plus malade ». Comme souvent avec le gore ou l’horreur, certains chercheront à en faire une « fine » analyse ou à sur-expliquer, à voir une transposition ou une corrélation entre notre monde vicié, notre réalité rongée par les catastrophes ( sociales, économiques, humaines, environnementales ) et les horreurs décrites dans les textes et la musique ( par exemple, les Zombies sont une figure agissant comme révélateur des grandes peurs et des craintes de la société occidentale, « un vivant absent de lui même », etc. ). Personnellement, je trouve l’analogie un brin poussive. Je pense qu’ici le groupe se fait juste plaisir, fait ce qu’il aime et ce qu’il a toujours aimé en utilisant simplement des clichés de films d’horreur, de culture pop’ pour s’évader, fuir la réalité et au contraire poser une limite très nette entre l’horreur de la vraie vie et l’horreur imaginée. 

Derrière tous ces poncifs, derrière le faux-sang et la pustule au pus goût citron, BLOODBATH rend avant tout hommage à ses pairs, et fait appel à l’imaginaire, il est et reste donc un fantastique terrain de jeu pour les ados attardés ou les cinquantenaires en pleine crise que nous sommes ( et certainement pour beaucoup d’autres ).

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