Interview avec MESSA – « L’idée de « Close » est d’emmener l’auditeur dans un périple… »

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En ce vendredi 17 juin, en plein Hellfest et sous une chaleur écrasante rendant l’atmosphère moite,  à quelques heures de leur concert sous la Valley, nous avons eu la chance de rencontrer Alberto ( guitare ), Rocco ( batterie ), Marco ( basse ) et Sara ( chant ), autrement dit le groupe de doom qui monte, qui monte : MESSA.
Malgré la fatigue, l’étouffante chaleur, et l’irrépressible envie de plonger dans une piscine d’eau glacée, les Italiens ont pris le temps de répondre à nos questions et de nous faire passer un moment pour le moins agréable en leur compagnie…

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C’est votre deuxième fois au Hellfest, vous êtes maintenant attendus, vous vous sentez stressés ou excités avant le show ?

Sara : Ouais ! On est très heureux et excités d’être ici et forcément un peu stressés.  C’est une énorme scène en plus mais ça ne nous fait pas plus peur que ça. On essaye justement de se servir cette énergie pour donner le meilleur de nous même.

C’était également sous la Valley que vous aviez joué la première fois il me semble ?

Sara : Oui, on la connaît c’est la même qu’en 2019.

Votre dernier album « Close » est sorti il y a quelques mois, quels ont été les retours ? Vous vous attendiez à autant d’enthousiasme ?

Sara : Oh ! Super ! On a fait l’album forcément pour nous mais on ne savait pas comment les gens allaient le recevoir. Les retours sont incroyables et on est vraiment très content.  Tu sais c’est vraiment cool quand le public comprend ton travail et comprend les sentiments que tu essayes de transmettre, c’est très gratifiant. 

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Cet album a touché plus de monde que votre précédent j’ai l’impression ?

Marco : On a aussi changé de label ce qui a sûrement touché une autre partie du public.

Sara : C’est vrai qu’il y a aussi pas mal de gens qui n’écoutent pas de metal qui nous écoutent maintenant. Il y a comme un passage qui a été crée avec cet album pour les gens qui ne sont pas forcément fan de metal à la base. Et on trouve ça plutôt cool aussi.

Votre album est plein de vibrations orientales/méditerranéennes, et vous plongez dans pas mal de styles, du jazz, au rock classique, en passant par les riffs mélodiques lourds. Comment avez-vous travaillé ces différents éléments pour composer ? Qui apporte ces idées ? D’où viennent ces vibrations ?

Alberto : En gros, l’idée de « Close » est d’emmener l’auditeur dans un périple, dans un voyage, avec nous. On avait envie de chercher dans notre héritage méditerranéen vu que nous sommes Italiens. Pour ma part, je joue aussi pas mal de flamenco, je me suis même rendu en Espagne pour l’étudier il y a quelques temps. J’ai pris pas mal d’influences de toutes ces expériences. Je les ai développées et amenées sur l’album. J’ai donc appris à jouer du oud qui est un instrument plus ou moins proche de la guitare et qui est très répandu dans les pays arabes. En tout bon Italien je joue aussi de la mandoline et aussi du duduk qui est une flûte arménienne. En fait sur notre précédent album on n’avait pas mal tourné autour du piano et on n’avait pas envie de se répéter donc on a choisi d’utiliser tous ces instruments acoustiques pour donner une couleur différente à notre son. 

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Et vous allez continuer à apporter ce genre d’éléments ?

Alberto : Je pense que oui parce que déjà on adore ça. Cela crée un vrai contraste avec notre aspect plus rock et ça nous a immédiatement ouvert des perspectives et de nouvelles visions pour notre son.

Et pour la scène ?

Alberto : Sur scène, nous ne jouons rien de tout ça ! ( rires )

Sara : Pour des occasions spéciales nous le faisons… 

Marco : Oui de temps en temps mais on ne peut pas tout le temps car il nous faut des musiciens supplémentaires sur scène.

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Oui, je crois que vous avez déjà joué avec un saxophoniste sur scène au Roadburn, il me semble ?

Sara : Oui, la première fois que nous avons joué au Roadburn c’était pour l’album « Feast For Water » ( 2018 ) et sur cet album on avait travaillé avec un premier saxophoniste.  Pour « Close », nous avons travaillé avec un autre parce que… Ils sont tous les deux très bons mais ils ont tous les deux une vision et une approche très différente de la musique. Le premier avait une approche très jazz, très carrée que ce soit dans les structures comme dans tout le reste.  Celui avec lequel nous avons collaboré cette fois ci, Giorgio Trombino, est plus dans le free-jazz, il est un peu plus « fou » dans son approche et c’est exactement ce dont nous avions envie pour l’album. Du coup au Roadburn, vu qu’Alberto devait jouer ses parties de guitares, c’est aussi Giorgio qui s’est chargé du oud et du saxophone.

Marco : Le Roadburn a l’habitude de demander à ses artistes quelque chose de spécial pour eux et pour le public. Ce qui est cool. C’est comme ça que nous avons réfléchi à ce show où nous avons joué « Close » en entier soit 1h/1h15 où nous avions trois musiciens supplémentaires, un pour le saxo’, un qui jouait une guitare supplémentaire et un autre qui jouait du synthétiseur…

Ok, je sais que l’improvisation est importante dans votre musique. Quelle est la part de l’improvisation dans le processus d’écriture et cela change-t-il la manière de construire votre performance live ?

Marco : En fait, sur cette tournée les titres sont les mêmes donc la structure en tant que telle ne varie pas. L’improvisation vient plus du feeling sur les parties plus bluesy. Alberto joue toujours les solos d’une manière différente. Il peut par moment partir pendant genre deux minutes sur son solo mais en tant que tel nous n’improvisons pas les thèmes ou les structures, c’est une improvisation disons « cadrée ».

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Sara, je sais que tu n’as jamais pris de cours de chant, ni suivi de formation et pourtant ta voix est fantastique…

Sara : Oui, je devrais pourtant !

Comment travailles-tu ? N’est-il pas parfois difficile d’évoluer sans aucune formation ?

Sara : J’ai un type d’approche plutôt basé sur le direct, sur le feeling. J’apprends en quelque sorte sur le tas, par l’expérience je dirais, au fur et à mesure. Au début, je ne savais même pas chanter correctement dans un micro. Le premier show comme nous avons fait en tant que MESSA, j’ai chanté dos au public parce que j’étais si timide. Et aujourd’hui je joue au Hellfest. Qu’est ce qu’il m’est arrivé ? ( rires ).

Ça m’a bien sûr pris plus de temps d’arriver là où je suis que si j’avais pris des cours ou suivi une formation mais d’un certain sens le fait de ne pas être formaté me donne une approche totalement ouverte. Je ne me dis jamais je dois poser ces voix là à ce moment là parce que c’est comme ça que ce doit être. Je suis beaucoup plus spontanée, on est tous plus spontané quand on n’est disons « pas éduqué », pas formaté. J’apprends vraiment tout sur le tas. Pour moi, le plus important c’est de comprendre comment mon corps fonctionne pour éviter de souffrir, je veux dire apprendre à respirer correctement, se servir de son diaphragme. Je travaille là-dessus, j’essaie d’apprendre tout le temps sur mes inspirations, mes prises d’air, combien d’air je peux expulser, quel est le bon volume, jusqu’où je peux aller avant que ma voix ne craque…

En fait, je crois que j’ai vraiment appris à chanter dans ma voiture. ( rires )

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J’avoue que nous c’est plutôt sous la douche…

Sara : Avant je faisais 45 minutes de trajet tous les matins et tous les soirs, et je chantais tout le long. 1h30 de chant par jour c’est peut-être ce qui m’a aidé… ( Rires )

C’est quoi la suite pour vous ? Vous avez déjà des idées pour du nouveau matériel ?

Rocco : Pour le moment, on est en pleine promo’ de cet album. Pour cet été, on a pas mal de dates en France et en Espagne notamment. Puis on travaille pour une autre tournée en novembre. C’est plus simple pour nous de jouer cet album en live, d’en profiter pour arriver à attraper quelques idées. Nous n’avons pas envie de céder à la pression, de se presser.

Sara : Je pense que jusqu’à présent, la plus grosse pression vient avant tout de nous-mêmes… Je pense qu’on va collecter toutes ces expériences, toutes les pièces, les textes, tous les morceaux qui viendront à nous et qu’on en tirera quelque chose au final, de nouvelles idées. Et quand on aura quelque chose à dire, à proposer de neuf, on le fera.

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Vous allez voir des groupes aujourd’hui ?

Sara : On n’a pas mal de choses à faire après le show parce qu’on repart demain mais j’aimerais beaucoup voir GHOST.

Rocco : J’aimerais voir WATAIN.

Marco : On aimerait bien. Après avoir joué, on doit tout remballer etc. donc on verra si on a le temps.

Un dernier mot ?

Sara : Juste dire bonjour à tous nos fans français, on joue tout à l’heure sous la Valley, venez faire un coucou !!

Grazie Mille ! Merci beaucoup d’avoir pris de votre temps pour répondre à nos questions. À bientôt.

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