MOSHFEST 2022 Report – Overdose de grind au festival montpelliérain, le Mosh, c’est la vie !

Le MOSHFEST fêtait ses 7 ans d’existence ce samedi 7 mai, avec une affiche proposant pas moins que quelques poids lourds de la scène grind-core française. Faire le récit d’une telle soirée de festival est une gageure. Tout va vite dans ce sous-genre du metal extrême, les groupes enchaînent les titres d’une minute plus vite que l’on peut boire une pinte dans le patio agréablement aménagé de la Secret Place, lieu emblématique de la scène metal depuis 26 ans à Montpellier.

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Le veille, six groupes avaient déjà chauffé la scène – avec en tête d’affiche LENG’TCHE – l’emblématique groupe belge qui- exceptionnellement retrouvait la légende SVEN d’ABORTED, membre historique et leur premier chanteur pour un soir. La présence de Julien de BENIGHTED s’ajoutant à la liste des invités prestigieux, le public a été comblé et les fans aux tympans en titane ont pu laissé exploser leur joie après cette période de vache maigre en terme de metal extrême.
URGULL, l’impact du crust basque
La reprise des hostilités s’est fait dès 19h le samedi dans une chaleur printanière. URGULL a eu le privilège d’attaquer le premier set et faire souffler le napalm sur les premiers virevolteurs du pit. Ils font partie des deux groupes basque-espagnol invités sur l’affiche, avec HORROR Y MUERTE– qui enchaîne derrière eux.
URGULL est une petite montagne de San Sebastian en Espagne, mais dont le nom aux sonorités digne du Mordor, correspond parfaitement à l’ambiance que le groupe veut instiller sur scène. L’histoire des fortifications de ce promontoire inspire d’ailleurs leur musique, et ces gaillards lui donnent corps avec une musique entre crust et déflagration punk metal.
AXDXT, le boysband grindcore is born 
Première surprise, le seul groupe grindcore de la soirée annoncé officiellement comme un boysband ( et la gente féminine présente pourra certainement le confirmer) a tenu ses promesses. Masque bondage, veste à paillettes, samedi soir oblige, leur formule live sert le grindcore en lui permettant d’ouvrir de nouvelles perspectives, musicalement, avec un batteur surhumain certes, mais surtout en pervertissant encore un peu plus le concept du pornogrind cartoonesque popularisé par GRONIBARD. Mais ne cherchons pas à réouvrir la guerre des clans, le grind c’est avant tout une famille où l’éclectisme est beaucoup plus présent que ne le pensent les néophytes.  Et en bonus, le groupe illustre lui-même la meilleure description de sa musique à travers ses pochettes d’album…
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CHIENS, le meilleur ami du grind
Compatriote de la tête d’affiche, les nancéens affichent manifestement l’ambition de réveiller les âmes endormies. Le public s’amasse en plus grand nombre devant la scène à peine surélevée de la Secret Place. Les pogoteurs fous se jettent entre les musciens, se suspendent en masse au plafond. Soyons honnête, si nous ne sommes pas très au fait de leur carrière, on partage le même goût marqué pour le crust punk qui nous est servi à grandes rassades de liqueur de gentiane, cru et boursouflé et volontairement disgracieux. Tout ça pour dire, que CHIENS s’ajoute à la longue liste de groupes de plus ou moins grande renommée qui font la fierté de la scène grind française.
TEETHINGS, madrid’s grindcore by night 
Une fois montés sur scène, les madrilènes découvrent le Moshfest avec ses mots « ça y est, je crois comprendre pourquoi on appelle ça le festival du mosh! » Et du mosh à tous les étages, il y en a eu, avec ce chanteur à la coiffe d’indien à la Sitting Bull. Et ne nous jetez pas la pierre si on se trompe, mais TEETHING avec son grindcore mâtiné d’hardcore des rues, a fait monter la tension d’un large cran dans le pit ! Les vieilles peaux ont transpiré dans le pit aux côtés des plus jeunes en reconnaissant les effluves du passé, car plus souvent que veulent le faire croire certains nostalgiques, le grindeux se souvient que ce genre aujourd’hui vieux de 35 ans a pris ses racines dans le punk et le hardcore politisé.  TEETHING a aussi ce côté direct et débile qui force le sourire, à tout nostalgique ou non du genre, avec des titres comme il nous gratifie ce soir, « Mic Check », en hommage au déjanté Beastie boys, extrait de leur dernier opus, « We Will Regret This Someday ».  Avec un son aussi granuleux et gourmand qu’un pain aux maïs, les espagnols nous régalent d’un set dynamique et fixe un sourire indélébile sur les visages. Ecoutez-moi « Filipino Violence » balancez comme une mandale au détour d’un couloir, on est pris par surprise par l’efficacité du riffing lorsque le chanteur survolté lance son « From this moment on, I am pure fucking evil ! ». Ces titres rappellent une belle bande de suspects qu’on adore ici, les lyonnais de WARFUCK,  les gars de Singapour de WORMROT ou les suédois de THE ARSON PROJECT.
SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION 
Projet death/grind old school mené par l’indéboulonnable Seb, qui reste un étendard dans le milieu en terme d’intégrité. Déjà tête d’affiche en 2017 du MOSHFEST, leur « RAPING ANGELS IN HELL » sorti en 2017 renouait enfin avec le gore des débuts qui avaient marqué ceux de la génération BONES BRIGADE. Et comme le disait mamie Line Renaud (on spécule un peu, on l’avoue, mais elle aurait pu le dire), « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure confiture », et en utilisant cette vieille expression, c’est pour bien signifier que le gimmick de SDC est ancien et ancré dans une certaine tradition old school tout à fait sanguinolente qui ce soir aurait mérité un bien meilleur son. Les gros mi-tempo écrasant et les variations de rythmes sont l’essence de ce genre- et les morceaux qui sortent du lot sont assez finalement assez peu nombreux. Reste l’impressionnante performance de Seb qui dégurgite plus vite ses borborygmes qu’un stakhanoviste condamné au goulag. On a quand même eu un pincement au coeur nostalgique en repensant à toute cette scène pleine de poésie, auquel SDC nous a fait songer : PUNGENT STENCH et MACABRE en tête, avec toute cette fascination viscérale pour ce que l’humanité a à offrir entre terme de saleté et méchanceté.
BLOCKHEADS, un final de feu
Soyons clair, BLOCKHEADS est une légende vivante du Grindcore français. Après deux ans et demi d’inaction, notre fierté nationale revient aux affaires avec un album à défendre , l’excellent « Trip To The Void ». Les lorrains restent et seront toujours la radicalité incarnée, et encore plus sur scène que sur album. Entre ce son massif comme le barrissement d’un mammouth laineux ressuscité pour lutter contre le réchauffement climatique , et ce chanteur charismatique qui brandit le poing pour délivré quelques messages politiques bien senti, BLOCKHEADS reste le plus combatif des groupes de la planète grind.
Il entame le set avec « Walls », extrait du nouvel opus, 1min28 d’une avalanche de blasts, démontrant leur amour éternel pour les débuts de NAPALM DEATH.
  « On est maintenant des vieux cons ! » argue-t-il, mais tous, nous avons encore en tête l’album « The World is Dead » sorti chez le prestigieux label américain Relapse, comme parangon d’une reconnaisse internationale bien mérité après tant d’années d’activisme. Il nous en livre alors un morceau avec « Awaken », 36 secondes tous crocs dehors, puis « Already Slaves » prêt à nous refiler la rage.

Avec ces textes ultra-engagés et un volume de décibels danteque, la danse entamé dans le pit s’en trouve renouvelée, et le fosse se lâche complétement. Planche de surf et aileron de requin géant pour le fun, que le quatuor de vétérans salue avec un grand sourire.  La démesure est alors de rigueur, le grind est par essence, le genre où l’on peut se lâcher le plus dans une salle de concert, un véritable exutoire aussi indispensable que nécessaire. Les nancéens balancent quelques titres plus old-school, « Silent », extrait de Shape of Misery.  Puis enchaine avec le dernier album qui contient aussi des titres guère plus longs qu’à l’accoutumé, il va sans dire que leur répertoire est essentiellement composé de brûlots expédiés en moins de 2 minutes, tel « Black Heaps Of Cinders« , « False » et « Alienated ».

Dans le pit, en embuscade, on aperçoit Julien, le chanteur de BENIGHTED, qui se réjouit comme nous tous de l’instant. Finalement invité à les rejoindre sur scène, Julien conclut en beauté aux côtés de BLOCKHEADS sur « Bastards » issu de « This World is Dead », un dernier titre ravageur pour ce weekend qui a tenu ses promesses, remerciant les organisateurs de la qualité de leur accueil, avec, nous l’espérons, une prochaine édition l’année prochaine de cette qualité.

 

SAMEDI 7 MAI :
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