Nous avons (sur)vécu (à) tant de choses depuis l’an 2000 : le réchauffement climatique qui devient de plus en plus réel, un nombre incalculable de guerres, des malversations politico-financières à grande échelle, le printemps arabe, des attentats, l’avènement des GAFAM et des NATU, l’ubérisation de nos sociétés, une pandémie, des réfugiés amassés aux quatre coins du globe, toujours plus de complotisme, des platistes, des anti-vax et des pro-vax, la libération de la parole à travers le mouvement MeToo, le wokisme, la tournée du gros 4 etc. Et pourtant, même si nos nerfs ont été mis à rude épreuve ces dernières années, nous n’avions pas imaginé que le pire arriverait : le retour de GRONIBARD.
14 ans après leur dernière production, le quintet de porno-grind est en effet bien là avec un nouvel album baptisé « Regarde Les Hommes Sucer » qui renoue avec les racines du groupe : c’est à dire un grind potache, stupide et limité à ce qui se passe sous la ceinture.
Arborant avec une fierté non dissimulée les titres les plus ridicules, misogynes et homophobes qui soient tout en conservant une énorme dose d’auto-dérision, ce nouvel opus se décline en 16 morceaux pour 34 minutes qui respectent à la virgule près les codes établis il y a plus de vingt ans… Parmi les nombreuses pièces d’excellence, citons le conceptuel et « mélodique » « Mon Siamois Maléfique », le bouillant « L’Enfer Des Zombites », l’équestre et turfiste « Unholy Horses Of Evil », ou le fantastique « Sperm Smoker » . Musicalement toujours aussi pauvre, le groupe n’a semble-t-il pas eu les moyens et/ou l’envie de prendre des cours de musique, ni d’obtenir un quelconque diplôme et/ou une vie plus intéressante durant ces 14 ans de hiatus. Hormis le son qui est presque « hollywoodien » pour un groupe de ce genre, GRONIBARD nous replonge donc dans l’ambiance Bidochons, porno-campagnard, PMU de province de ses débuts.
Précisons que nous avions adoré leur premier album, pour le coup de pied donné dans la fourmilière endormie qu’était le grindcore de l’époque. L’odeur âcre et ambiante du sperme se mêlant à celle de l’urée et des excréments, ainsi qu’aux rires gras, aux bruits de succion et aux grognements porcins qui ont défini son style… Et en gros, rien a changé : c’est nul mais sans prétentions autres que d’être nul, et c’est peut-être pas plus mal quand on voit l’évolution populo-putassière de groupes comme ULTRAVOMIT qui, à l’époque jouaient la même daube que GRONIBARD et qui aujourd’hui en jouent une autre, avec cette fois-ci arrogance et suffisance, mais en remplissant des Zéniths. Cherchez l’intrus.
Bref, une chose est sûre c’est qu’avec « Regarde Les Hommes Sucer », GRONIBARD fait la seule chose qu’il sait faire : un grindcore coincé au stade anal depuis sa création et qui, grâce à cette version 2.0, se retrouve en parfaite harmonie avec notre époque merdique. Évidemment, le groupe va s’attirer les foudres du dictat des réseaux sociaux qui ne laissent plus aucune place au second degré, ces lieux d’aisance sociale où l’outrance et l’indignation sont devenus la normalité et où la nuance n’est plus d’actualité. Mais je suppose qu’il n’en a cure puisqu’il semble revenir comme Herbert Léonard : « Pour le plaisir » ( le leur comme le nôtre ).