[ Report ] Le Liberté complet pour le néo-folk des norvégiens WARDRUNA et KALANDRA @ Rennes, le 26/03/22

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Avec les confinements et autres restrictions sanitaires, cela faisait un moment que je n’avais pas posé mes guêtres dans la capitale bretonne. Reprenant tout doucement mes activités culturelles, me voici donc fraîchement débarqué par un magnifique samedi printanier pour assister au concert plusieurs fois reporté des Norvégiens de WARDRUNA et de KALANDRA.

Ce soir, la salle est pleine, le concert étant complet depuis quelques jours, et cela fait plaisir de (re)voir autant de monde réuni par la même envie et par la même passion. Je tiens à rappeler qu’habituellement c’est l’Étage ( plus petite salle ) qui est privilégiée pour ce type de spectacle et qu’une salle comme le Liberté accueille des artistes plutôt conséquents. Y voir un groupe de néo-folk, une musique qui on ne va pas se la cacher reste « de niche » et n’est donc pas sur le papier très séduisante pour le grand public, remplir une salle comme celle-là fait plaisir et montre à quel point la célébrité et l’universalité de la musique de WARDRUNA se veut grandissante.

Mes souvenirs me ramènent au même endroit ( à l’Étage ) en 2013, où le groupe avait joué pour les 15 ans de Garmonbozia entre ROTTING CHRIST et BENIGHTED. Gaahl ( ex-GORGOROTH ) faisait encore partie du line-up. Quel chemin le groupe a parcouru depuis ! Devenu une véritable institution dans son pays natal, étant invité aux cérémonies nationales comme représentant d’une identité, d’une culture passée mais pas passéiste, que l’on cherche au contraire à inscrire dans la modernité, dans le présent. On peut aussi penser que la participation du groupe à la bande originale d’une série à succès comme « Vikings » n’y est pas pour rien, mais tout de même je ne cesse de m’étonner de la notoriété, relativement fulgurante, acquise par un tel groupe. 

Bref, je ne vous ferais malheureusement pas de grand discours sur la première partie, KALANDRA, car je suis arrivé sur leur dernier titre… J’ai donc pu me désaltérer avant de plonger dans le grand bain… Il est 21h30 lorsque WARDRUNA investit la scène, la salle se tait, l’ambiance est calme, presque studieuse.

Loin des peaux de bêtes, des casques à corne et des armes blanches en carton-pâte brandies pour repousser une invasion fictive ou inspirée de faits arrangés pour que « ça rentre dans le concept guerrier », le jeu de scène des Norvégiens est sobre, beau, simple. Pas d’effets de manche ou de flammes, seules de grandes bandes de filet type militaire sur lesquelles sont projetées des lumières, le symbole runique du groupe, ou une sorte de jeu d’ombres chinoises mettant en valeur les musiciens. 

Pour cette tournée, Katrine Stenbekk, la chanteuse de KALANDRA, accompagne Lindy Fay-Hella et Einar Selvik au chant. Les deux chanteuses donnent le choeur, l’une statique, l’autre plus expressive et mouvante. Le reste du line-up est inchangé et les sept musiciens déroulent un set parfaitement rodé, piochant dans la discographie du groupe pour nous en offrir un condensé qui confère à la perfection. Les titres sont baignés de lumière, les couleurs s’étalent sur la scène et changent au gré des morceaux pour mieux nous plonger dans les différentes ambiances et humeurs du groupe, pour nous amener lentement aux confins de ces légendes et de ces terres nordiques qui leurs sont si chères. 

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L’impressionnante set-list ( pas moins de dix huit titres ont été joués ) ne m’a pourtant pas semblé interminable, le groupe n’hésitant pas à couper ou raccourcir certains morceaux afin de conserver une dynamique digeste. Au rayon des petits plaisirs, on retrouve « Kvitravn », « Skugge » ou « Grà » issus du dernier opus du groupe, un « Voluspá » ( de la bande originale Vikings ) vibrant, mené par un Selvik seul avec sa nyckelharpa. Puis « Tyr » qui met en vedette les célèbres et très graphiques lures de bronze, ainsi qu’une flopée d’anciens tubes comme « Heimta Thurs », « UruR », « Odal » ou l’excellent « Helvegen », tous plus envoûtants les uns que les autres. Après un joli discours de clôture évoquant la place de la musique de WARDRUNA, le passé, le présent, le futur, l’Histoire, Selvik restera seul pour interpréter « Snake Pit Poetry ».

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Je suis ressorti du Liberté aussi ravi que mon entourage, heureux d’avoir pu célébrer ensemble et en douceur le retour des concerts avec un des meilleurs si ce n’est le meilleur groupe de néo-folk. Autour de moi, je ne vois qu’une épidémie de sourire, j’observe les esprits embrumés, les yeux hagards, les cheveux encore parsemés de paroles floconneuses, de chants divins, les sens encore engourdis par un transport émotionnel refoulé depuis bien ( trop ) longtemps maintenant… Merci et à bientôt.

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