L’aurore a vomi sa bile laiteuse, voile éclatant et aveuglant qui écrase toutes perspectives et qui cache les éléments bocagers comme ces draps blancs que l’on étale sur les meubles, vestiges d’une vie à l’abandon, rendue à la poussière.
La lente pulvérulence de ces micro-gouttelettes d’eau en surfusion s’étale sous les regards perplexes, rendant la marche incertaine et piégeant en son sein toute trace de vie, coquilles du passé ou bourgeons du futur.
Le paysage devenu opaque et granuleux semble ainsi figé. Le givre toujours plus vorace se dépose alors sur les flocons, dans les nuages, les plumages, les fibres, finissant d’emprisonner et d’enrober tout être ou tout objet, augmentant minutieusement la densité crayeuse.
L’agrégat de cristaux de glace et de flocons, gemmes précieuses, uniques et fragiles d’une joailler prénommée Chioné, apparaissent dans de multiples variétés, aussi complexes que divines, et s’agglomèrent pour créer un plafond de verre que seul les bottes crissantes et la poliorcétique solaire pourront libérer, pour mieux les rendre à la vie, au présent.