[ Chronique ] HANGMAN’S CHAIR – A Loner ( Nuclear Blast )

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HANGMAN’S CHAIR est l’affirmation d’une personnalité unique. Depuis sa formation, il y a plus de dix ans, le groupe n’a cessé d’affirmer qui il était, et de faire coïncider son style avec cette personnalité : au départ très doom et très sombre, il en est devenu nettement plus poétique, grunge et cold-wave, tout en n’oubliant jamais d’appuyer sur la gâchette lorsque le besoin se fait pressant. Bref, le quatuor banlieusard reste une entité atypique, écorchée, venue des bouts d’une ligne RER et du « hardcore » pour la plupart de ses membres, le groupe semble vouloir évoluer et nous montrer à chaque nouvelle sortie sa passion pour le son rock des 80’s/90’s. À ce titre, ce sixième album « A Loner » vient claquer la porte de la caravane crasseuse et neurasthénique de « Banlieue Triste » pour nous projeter sur les pavés humides d’un Paname anthracite, et ainsi faire sortir HANGMAN’S CHAIR de sa lointaine banlieue pour continuer de développer son esthétique si singulière.

Dès « An Ode To Breakdown », le décor est posé. Après une longue introduction faite d’arpèges noyés d’effet nébuleux, le groupe envoie les premiers riffs trapus et mastoc, la batterie puissante, organique et le chant toujours aussi mélo-spleenétique. C’est le même groupe qui joue, sans aucun doute et pourtant c’est différent, la couleur et le ton ne sont pas les mêmes. La tristesse prend une autre forme, s’éloigne désormais nettement du doom pour se tourner vers des émotions plus pop’, grunge et plus gothiques. Une chose que j’avais déjà ressenti sur le dernier album mais qui est encore plus prononcée ici : « Who Wants To Die Old » me rappelle les élucubrations de TYPE O NEGATIVE, les arrangements de « Cold & Distant » et « Pariah And The Plague » évoquent THE CURE, « Storm Resounds », « A Loner », tout semble baigné de cette vibration cold wave qui ne demande qu’à être allumée pour briller et venir rafraîchir, ou plutôt consoler, soulager, l’oeuvre.

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L’univers d’HANGMAN’S CHAIR se fait donc de plus en plus précis et reconnaissable, les titres sont homogènes et s’assimilent facilement, grâce au côté pop’ notamment que l’on retrouve dans les mélodies entêtantes qui se diluent, sorte de naufragés dans une mer d’effets toujours plus prégnants. Le groupe en quête de latitude semble s’éloigner vers des eaux froides mais sensibles, jusqu’à perdre de vue les falaises de distorsion qu’il a tant chéri par le passé.

Sur « A Loner »,HANGMAN’S CHAIR se réinvente pour mieux s’exprimer, pour mieux faire ressentir, avec humilité et sobriété,  sans jamais se soucier de ce qu’il est. Les morceaux sont comme un poème évoquant une longue marche insomniaque, où l’on passe entre les vitrines closes et les abris bus, se remémorant les souvenirs parcellaires de la nuit, de la vie, questionnant la solitude et la dépression du bout des lèvres, rejetant un énième lendemain à la lumière des néons blafards. On trouve dans toute cette triste routine, une lueur de nostalgie, une vibration onirique, un refus d’une réalité vulgaire, qui donne l’impression de chute vertigineuse, infinie et ouatée, sans jamais cependant toucher le fond. On marche, on erre sans but, on touche le béton, le goudron et le trottoir mais on garde la tête en l’air, cherchant à s’évader, cherchant en vain les étoiles, éblouis par les lampadaires jaunâtre qui rendent le teint cireux. Puis on voit lentement le jour se lever, et on recommence à vivre, à faire semblant, une journée de plus…

 

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