[ Chronique ] WIEGEDOOD – There’s Always Blood At The End Of The Road ( Century Media Records )

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2022 à peine entamé, dans le même marasme que 2021, sorte d’abîme sombre et sans fond qui n’a de cesse de tourbillonner, toujours plus vite, toujours plus ignorant, toujours plus écoeurant, toujours plus vicieux, qui nous laisse avec l’envie de fermer les yeux et que tout disparaisse dans un grand fracas apocalyptique. Une chance pour nous, WIEGEDOOD semble être dans le même état d’esprit et déboule en ce mois de janvier avec la bande son idéale pour cette fin de monde tant désirée.

Formé en 2014, le trio belge comprenant des membres de OATHBREAKER et des ex-AMENRA a bâti sa réputation sur un black metal viscéral, pur, destructeur et sans concession. Bien loin des longueurs larmoyantes de ses comparses du collectif CHURCH OF RA, le groupe crache sa haine à la vitesse de la lumière et en s’adonnant à la politique de la terre brûlée, ne laissant que des ruines derrière lui. Ce quatrième album, le premier à sortir en dehors de la trilogie, du corset « Het Goed » que le groupe s’était imposé jusqu’à maintenant, semble avoir libéré une nouvelle rage en WIEGEDOOD. Une rage qui confère une libération artistique donnant une oeuvre plus cohérente, plus réfléchie, mais d’une violence extrême, peut-être même la plus violente du groupe à ce jour. 

Sans introduction, « FN SCAR 16 » explose en plein visage avec des riffs crasseux enchaînés à toute vitesse, soutenus par des cris inhumains, et une batterie véloce. Il n’y a pas de place pour la respiration ici, les titres et les riffs s’amoncellent en spirale, éclatent dans tous les sens, tranchent et éclaboussent avec une perversité que l’on ne connaissait pas au groupe ( « And In Old Salamano’s Room… », « Noblesse Oblige Richesse Oblige », « Until It Is Not » ). La première moitié de l’album se veut à proprement parlé nerveuse et étouffante, WIEGEDOOD nous plonge dans les eaux pestilentielles de sa pensée, tirant un des portraits les plus immondes de la nature humaine. Il y a un côté très primitif et cru dans le rendu et pourtant la technique est hors-norme avec une vitesse d’exécution impressionnante et un riffing aussi dérangeant et alambiqué que précis et impitoyable.

Avec « Now Will Always Be » souffle un premier blizzard épique dont la mélodie lancinante vient court-circuiter ce qui reste de volonté et de raison, l’esprit essayant de se raccrocher à cette ligne de basse qui pourrait nous extirper de cette vision eschatologique, mais il n’en sera rien. S’ensuit une petite ballade dissonante et « dégénérée » avec « Wade » avant que « Nuages » et « Theft And Begging » viennent tout sulfater dans une dysharmonie assourdissante presque insoutenable, sauvage mais maîtrisée en tout point. Enfin « Carousel » piétine les cendres encore chaudes des complexes humains et finit de réduire en poussière les dernières structures, déjà calcinées, avec un ultime assaut de metal noir et un riff hypnotique qui semble toupier inexorablement.

Né d’une somme de frustration et de l’éternelle haine que WIEGEDOOD semble vouer au monde moderne, « There’s Always Blood At The End Of The Road » marque donc un nouveau départ pour le groupe, un tour de force aussi féroce que naturel et logique tant il se veut le reflet de la folie et la détresse d’un monde à l’agonie. Levy, Demolder et Coppers n’ont jamais été aussi puissants et cruels, ayant enfin réussi à expectorer les sentiments de perte et d’apitoiement qui traversaient la trilogie « De Doden Hebben Het Goed », ode à un ami décédé. Le trio plus indomptable et destructeur que jamais vient embrasser ses blessures et embraser son esprit de revanche, de vengeance et d’acrimonie offrant ainsi une oeuvre hautement malveillante, vénéneuse, brûlante comme une flûte de Javel avalée aux douze coups de minuit, mais aussi succulente et jouissive que de voir les autres en crever… 

 

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