BENIGHTED en tête d’affiche à Montpellier, l’un des meilleurs groupes de metal extrême français, voici une date qu’il ne fallait pas rater si le metal vous intéresse de près ou de loin. Notre dernier report live remonte à mars 2020, autant dire que la foule qui a rempli le Rockstore était aussi avide que nous de gros son, d’hectolitres de sueurs et presque à se demander si elle ne devait pas commencer ces retrouvailles par un gigantesque circle pit.
SVART CROWN ouvre les hostilités dans un jeu de lumière aux lueurs crépusculaires comme pour nous signifier que le monde musical se réveillait d’un coma artificiel à peine alimenter par des live stream ayant porté à bout de bras une industrie du spectacle mais n’ayant que peu finalement réussi à offrir cette chaleur humaine que l’on reçoit ce soir quand les premiers doigts cornus se lèvent. SVART CROWN bénéficie depuis longtemps d’une aura majestueuse construite grâce à une discographie exigeante et une volonté acharnée à défendre un metal à l’esthétique léchée. Entre furie intérieure et sincérité, il délivre un set presque en retenue, d’un death pointu où perce des éclats d’ambre et d’ébène.
La transition est toute trouvée pour Mère Dragon, la performeuse Léa Montravers qui, loin d’apaiser l’assistance, vient, au contraire, offrir une illusion sensorielle en glissant sur une pole dance dans une tenue blanche parcimonieuse. Couverte de seringues qu’elle s’enfonce à même le corps, elle explore sans doute en une allégorie enrobée d’érotisme nos angoisses face à la récente pandémie. Baroque et élégante, elle sème un vent d’enthousiasme dans la foule rapidement conquise par son charme vénéneux.
SHAÂRGHOT propose un vaudou électrique – et bariolé. Le pendant de notre PUNISH YOURSELF en version noir morbide offre ce soir un live dynamique tout en énergie punk et décalé digne d’une fête foraine des Enfers. Avec des moutures et des sonorités oscillants entre NINE INCH NAILS, WHITE ZOMBIE et RAMMSTEIN, il va définitivement réveiller les instincts des pogoteurs endormis depuis un an et demi. Le « grand guignol » SHAÂRGHOT coche ce soir toute les cases quand on parle de musique spectacle : jeu de lumière, chanteur gesticulant comme un beau diable, guitariste en grand prêtre du rock’n’roll – la messe est trop rapidement délivrée pour les fans assoiffés de décibels – un set qui aura connu que peu de répit.
Arrive alors le gros morceau de la soirée : BENIGHTED. Démarrant sur le titre éponyme de leur dernier album ‘Obscene Repressed’, le brutal death mâtiné de hardcore déclenche le point de départ d’une course effrénée dans le pit de 45 minutes. Si vous étiez là, vous avez senti ce délicieux chatouillis dans le bas-ventre, en oscillant la tête mécaniquement de haut en bas sur « The Starving Beast » – l’ancien couvent qu’est le Rockstore résonne alors des cris inhumain sortant de la gorge de Julien Truchan. L’introduction à la basse de « Cum with Disgust » nous emmène sur l’album précédent Necrobreed, autant dire une belle claque sur nos fesses déjà endolories. D’humeur belliqueuse, on continue dans une pression crescendo notre remontée chronologique dans les albums du groupe avec « Experience your Flesh » et son introduction tout en explosion. En 4 titres sur les 14 joués ce soir, BENIGHTED a déjà mis à genou la moitié de la salle. Headbanging furieux, chevelures lâchées, la foule se presse au-devant des Stephanois – avec une présence notable de la gente féminine qui s’impose dans les premiers rangs et les tiennent comme d’autres avant elles ont tenu, en d’autres temps, les murs de boucliers sur les champs de batailles. Comme quoi, le metal se démocratise enfin pour tous.
Enivrant, roboratif, et toujours aussi lisible en live comme sur album, BENIGHTED a acquis son statut bien mérité de référence du genre, en 23 ans de carrière et de luttes. Hommage à ce passé, il enchaîne avec « Collapse » extrait d’« Identisick », un classique datant de 2006, époque où Liem N’Guyen tenait le lead à la guitare. Les plus anciens s’en souviendront. Pour clôturer en fanfare ce concert d’anthologie, BENIGHTED nous sert son célèbre titre au refrain imparable « Let the Blood Spill between My Broken Teeth » ! Ce fut un concert vécu comme une délivrance chargée d’émotion pour ceux qui ont vécu ces temps de pandémie comme un temps d’isolement et de confusion. Le live reste et restera un moment de communion comme nous le confiait quelques heures plus tôt le chanteur Julien Truchan en interview. Le retour aux affaires d’un colosse comme BENIGHTED avait de quoi réjouir. Ce soir le Rockstore a vibré à l’unisson, et ne reste plus qu’à espérer que le public continuera à soutenir une scène extrême qui le mérite amplement.
Setlist BENIGHTED
Obscene Repressed
The Starving Beast
Cum With Disgust
Experience your Flesh
Collapse
Necrobreed
Grind Wit
Slut
Martyr
Nails
Hostile
Brutus
Asylum Cave
Let the Blood Spill between My Broken Teeth
Prochain concert What The Fest
– DVNE, DELUGE, Black Sheep, Montpellier, le 26/09/2021