Un vendredi, fin du mois de mai, 17h30. J’enfile une petite veste mi-saison neuve, lacets noués à la va-vite, écouteurs vissés sur les oreilles, sonorités métalliques, quelques billets bleu-arche-gothique en poche.
Je sors enfin sous le courroux des êtres aviens qui pendant de longs mois ont cru prendre le contrôle des allées goudronnées mais sont depuis quelques jours relégués à leurs rôles d’observateurs trouillards. Eux s’enfuyant à l’approche pour mieux se reposer plus loin, moi regagnant mon territoire, de mètre en mètre.
Sous un Ciel Pantone 652c, presque Klein, je longe ce château vide, quasi-millénaire, aux pierres friables couleur crème. Les graminées rasées de frais sont de nouveau peuplées d’humains aux images chatoyantes et aux rires communicatifs…
Les tables de six se tiennent encore sages, lovées comme des boîtes d’oeufs qui ne demandent qu’à éclore et aller convoler, butiner sur celles d’à côté, et ainsi regagner, centimètre par centimètre, leur liberté.
Une jeune femme en chemise à fruits, exotiques, vient me poser la fameuse question : « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? ». Quelques minutes plus tard un homme, cheveu de feu et polo pastel, vient déposer des verres sur la table.
Le soleil rasant point encore à travers les créneaux et meurtrières, transperçant les fines bulles alors que l’air doux peine à faire vibrer l’écume des breuvages chéris, si longtemps interdits.
Je retrouve enfin Les Gens, avec leurs discussions futiles, leurs couleurs vives, odeurs âcres, effluves nicotines et sensations oubliées :