[ Chronique ] WOLVENNEST livre avec « Temple » ( Ván Records ) un album enivrant de doom psychédélique.

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Si il est vrai que le « plat pays » nous est connu pour moult choses, il est souvent raillé de ce côté de la frontière pour son accent, ses blagues potaches, ses bières et ses frites, sa bonhommie voire son excentricité et son insouciance, cependant au-delà de tous ces ridicules stéréotypes, la Belgique mérite un plus grand respect quant à sa production musicale pointue, riche et variée.

Du black metal au brutal death en passant par le sludge, presque tous les styles sont représentés et par des groupes considérés comme des chefs de file sur la scène mondiale ( je pense notamment à ABORTED, AMENRA ou encore BRUTUS ). Aujourd’hui, c’est le pendant doom et psychédélique de la scène belge qui nous intéresse avec WOLVENNEST, un groupe certes un peu moins connu que les autres mais qui pourtant mérite lui aussi qu’on se plonge dans son oeuvre et ses sombres histoires.

Mais avant tout, je pense qu’un petit récapitulatif s’impose. Le groupe est donc né en 2013 sous l’impulsion de Michel Kirby ( ARKANGEL ), Corvus Von Burtle ( CULT OF ERINYES ) et Marc De Backer ( ex-MUCKY PUP ), rapidement rejoint par le producteur Déhà ainsi que l’enivrante chanteuse et théréministe Shazzula pour la sortie d’un album baptisé « Void ». Un album sombre, mystérieux et ambiant, aux longues boucles répétitives et hypnotiques, qui oscille entre noirceur nordique et sons psychédéliques des années 70. WOLVENNEST a ainsi trouvé son style et par la suite joué dans les plus grands festivals, séduisant toujours plus grâce à son imagerie occulte mais sobre et ses performances scéniques à la diégèse immersive, cinématographique diraient certains.   

 

« Alors que nous avons passé les derniers mois dans l’abîme, nous avons suivi le chemin sombre sans crainte et avec confiance dans la lumière … »

Avec ces bases solides, le groupe a travaillé dur, pendant plus de deux ans, pour sortir son nouvel album : « Temple ». Cette oeuvre apparaît donc comme spéciale, chaque membre semble y avoir injecté une partie de son âme, de son cœur, et de sa sueur. Un travail collectif qui doit donc marquer un pas, et permettre au groupe de confirmer tout le bien qu’on pense de lui et de s’imposer un peu plus. Et puis il faut le dire : c’est un album qu’on attend, comme des zélotes accrocs nous aussi à l’abîme, aux flammes dansantes, à la puissance évocatrice et vibrante, au tourbillon émotionnel que nous a laissé entrapercevoir WOLVENNEST depuis sa création.

Dès l’ouverture des lourdes portes de « Temple », on est plongé dans le noir avec « Mantra » et ses guitares saturées, ses sonorités mystiques, son rythme implacable, ses vocaux étranges et parfois difficiles à cerner. Tout se fond et se confond, résonne parfaitement, « Swear to Fire », « Disappear » ou « Succubus » avec TJ Cowgill de KING DUDE qui nous amène sur des rivages folk et gothique à la fois. Les guitares, parfois dures, apportent juste ce qu’il faut pour ne pas perdre en dynamique et interagissent idéalement avec les atmosphères proposées par les claviers et les voix que se partagent Shazzula et Déhà. Les structures s’étirent presque à l’infini, les ambiances ésotériques s’y noient, et distordent notre réalité par la même occasion, suspendant le temps, le baignant de songes. On regarde alors les flammes s’entrelacer, la cire courir lentement le long des chandeliers, goutter sur le marbre jusqu’à former de petites tâches, puis une mare solide et cruelle, piégeant sphinx et phalènes…  On retrouve ici tout ce qui fait la force de WOLVENNEST, l’humeur lente, dramatique et transcendante.

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Les ultimes minutes sont consacrées à une cérémonie, un rituel du « Souffle de Mort » mené par la pythie Shazzula. Une litanie au sang noir de laquelle on ne peut s’échapper, tel le sphinx piégé à la lueur des bougies, répétant sans cesse : « Silence, les sorcières dansent ».

« Temple » se veut un album dense et luxuriant mais lisible. Il prend son temps et nous en demande du nôtre. Le volume peut d’ailleurs paraître répulsif et exigeant mais il est, selon moi, nécessaire à l’immersion et sert d’échappatoire à notre monde où tout doit se jouer en quelques minutes voire en quelques secondes, de peur de laisser échapper l’attention. Ni complètement rock, gothique, black ou doom, WOLVENNEST continue ici d’affirmer son style : nocturne et vendu au diable, comme l’âme de Tommy Johnson, au carrefour des genres…

 

 

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