[ Chronique ] HYRGAL – Fin De Règne ( Les Acteurs De L’Ombre )

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Trois ans après « Serpentine », c’est les bras grands ouverts et le coeur creux que nous accueillons le nouvel opus d’HYRGAL, groupe formé et mené par un ex-SVART CROWN, le chanteur et guitariste Clément Flandroit. Si le premier opus d’un black metal brut et instinctif, empreint d’urgence, avait plu, à quoi doit-on s’attendre avec « Fin De Règne » ?

La période que nous vivons étant comme plongée dans le noir et l’obscurantisme, dans la colère et la haine, il apparait alors logique que l’instinct et l’essence même d’HYRGAL soient plus que jamais d’actualité et en sortent grandi, affermi et affirmé. Dans cette nouvelle oeuvre, le trio fait donc ce qu’il sait faire de mieux : nous proposer un black metal froid, frontal et sans concession, agressif et dissonant, avec des mélodies aux contours classiques et aux aspérités nordiques. Quelques ambiances poignent de-ci de-là mais l’ensemble reste homogène, puissant et concis avec un son organique mais moderne, cru mais, rassurez-vous, guère cruel pour nos fragiles oreilles.

Dès les premières notes, l’assaut est donné, intense et cadré, droit au corps. Et il ne faiblira point avant le final. Les tempos rapides et épurés des premiers titres donnent le ton, on est alors comme jeté et maintenu à terre par une puissance obscure et destructrice qui se meut, implacable. Les cris sinistres, emplis de colère et de cynisme, résonnent forts et vrais, dans un français plutôt soutenu et ésotérique, rappelant le phrasé d’un poète maudit, aigri, sombre et toxique.

Parfois, on pense re-voir, respirer à nouveau, comme sur ce que j’appellerai l’interlude « Sépulcre » mais il n’en est rien car bien vite la noirceur, la distorsion et le tumulte nous rattrapent, nous asphyxient, nous perdent dans cette nuit épaisse, mélasse de sentiments amers mélangeant les références diverses et les allégories : du biblique aux légendes nordiques et médiévales, du mythe grec ou celtique ou à l’Empire Romain, jusqu’à la littérature, la poésie moderne et les doctrines politico-économiques du XIXème. 

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Si les voix sont bien mixées et la diction ressort claire et largement compréhensible, je trouve que l’on peine parfois à prendre tout le sens des textes et des références tant cela est richement élaboré. On peut donc creuser ou s’y perdre, mais on peut aussi décrocher de cette licence poétique et juste se laisser porter par l’agression et la subversion des sonorités. L’auteur crache son venin, sa colère, sa fureur, et vient parfaitement s’agripper aux instruments et au côté très brut du style pratiqué, créant ainsi un tout cohérent, une unicité limpide qui force le respect et qui fait immédiatement adhérer à l’album, que l’on écoute d’ailleurs sans broncher, d’une traite. J’ai tout de suite compris et ressenti cet instinct, ce besoin de catharsis qui me semble avoir animé et traversé la composition et l’écriture de « Fin de Règne ».

La fin de l’oeuvre ( « Héritier Mort-né » et « Triste Sire » ), même si elle est toujours noyée dans un tourbillon d’ire et de dégoût, semble adopter une texture plus épique voire plus mélodique avec les seules voix claires de l’album ; délivrance soudaine et brève éclaircie au milieu du marasme, du marécage nauséabond dans lequel on patauge depuis le début.

Pour conclure, je dirai que HYRGAL tient sa place d’honneur sur la scène française, bien loin de ses comparses tels que THE GREAT OLD ONES ou REGARDE LES HOMMES TOMBER qui se baignent dans toute la frange post-aseptisée, le trio propose ici un brûlot noir et rouille,  sorte de lecture moderne du black metal classique, avec un son digne de ce nom et des idées qui lui sont propres. À découvrir sans tarder.

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