Playlist Sound Protest d’août – La Saint Barth’.

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Il y a 448 ans fleurissait opportunément une aubépine sur la tombe des Innocents, entraînant dans son giron la vengeance aveugle, la violence mimétique d’une société sur une poignée de ses compatriotes. De la peur des transformations sociétales, d’un renouvellement ou de l’avènement d’un paradigme alternatif naquit une haine. D’ostracisation, de persécution en manipulations politiques, une mère omnipotente et son roitelet déconnecté, préférant courre le gibier dans les couloirs de son palais que gouverner, ont plus ou moins sonné l’hallali d’une partie de leur peuple.
Des monceaux de parents et d’enfants, des rivières de frères et des soeurs, des morceaux de cousins et de cousines, surpris dans leur dernier sommeil, se retrouvèrent alors figés, piégés pour l’éternité dans des positions aussi incongrues qu’incestueuses, soulageant la vindicte populaire et nourrissant de leur entrailles, viscères, sang et merde, les minces rigoles asséchées au mitan des étroites venelles. 
Qu’en garde-t-on ?
Un massacre s’est transformé en souvenir pénible, puis en prénom maudit, démodé, faisant presque sourire, et enfin en date banale que l’on apprend ( difficilement, bêtement , avec détachement ) parmi tant d’autres, toutes aussi atroces et douloureuses les unes que les autres. D’aucuns diront que l’époque était à la barbarie, que la religion s’est depuis un tant soit peu effacée ( quoique ) mais le pouvoir a juste changé, le temps aussi et avec eux, la barbarie et les boucs émissaires. Les acteurs, les humains sont les mêmes, aussi ignorants, cruels et sournois que leurs aïeuls. Ils continuent de cristalliser les différences, d’exalter les folklores. Ils se supportent ( à peine ) plutôt qu’ils ne vivent ensemble. Il n’y a pas d’union ou de concorde, il n’y a qu’un amas d’antagonismes et de ruptures, d’individualités qui se heurtent…
Notre cher Voltaire disait ne pas vouloir travailler ce jour-ci, disait vouloir s’en souvenir, le garder intact, se le remémorer… À quoi bon ressasser ?
À notre époque de sur-information, tempérée par un remugle de traditions désuètes, où l’instant est roi, où une polémique chasse un drame, un scandale masque un meurtre ; chaque jour a son massacre, chaque minute, son visage, chaque seconde, sa voix, son souvenir, tant est si bien qu’on ne les compte plus, on patauge éternellement sur les rivages putrides d’une mer de douleur et de contrition.
Alors à quoi bon, François-Marie, ressasser encore et encore ?
Optons plutôt pour la méditation, utilisons ces jours maudits, non pas pour se souvenir, non pas pour ne pas oublier mais pour mieux se rebiffer, méditer et engranger de la connaissance, se cultiver pour essayer de contrer cet implacable ressac…

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